À Berlin, des milliers d’étudiants ont participé vendredi 5 décembre à la grève scolaire nationale contre le service militaire obligatoire.

À partir de midi, selon les groupes participants, jusqu’à 10 000 grévistes se sont rassemblés au plus fort du mouvement. De Hallesches Tor, ils se sont dirigés vers Oranienplatz. Là, à partir de 16 h, un nombre croissant d’adultes, dont de nombreux syndicalistes, les ont rejoints en signe de solidarité.

Partis d’Oranienplatz après un rassemblement intermédiaire assez long, les manifestants ont repris la marche vers Neukölln. Le noyau dur des étudiants, apparemment insensible au froid, menait la manifestation. Scandant des slogans de lutte des classes, ils ont franchi la Kottbusser Tor. La manifestation a été accueillie par le déploiement d’une banderole depuis le toit du « Zentrum Kreuzberg ». Ceux qui levaient les yeux vers le ciel nocturne pouvaient lire en grandes lettres « Non au service militaire obligatoire » de l’autre côté de la rue, tandis que des slogans similaires commençaient en contrebas. Certains passants ont manifesté leur accord, tandis que d’autres observaient les affiches avec curiosité. À Hermannplatz, un nouveau retard est survenu, et la manifestation s’est finalement réduite au seul noyau dur, qui a finalement atteint l’hôtel de ville de Neukölln au terme d’une longue journée de grève.

Un bloc syndical s’est formé lors de la manifestation de l’après-midi. Des membres du Syndicat des travailleurs de l’éducation et des sciences – GEW Jeune de la GEW, et du Groupe de travail sur l’internationalisme ont défilé ensemble et ont manifesté leur solidarité avec les étudiants.

Les étudiants s’expriment clairement

Selon le Consortium des organismes de radiodiffusion de droit public de la République fédérale d’Allemagne ARD, le ministre SPD Pistorius « n’a pas trouvé à redire aux grèves dans son discours au Bundestag » et les a qualifiées de « formidables », car elles montrent, outre « l’intérêt et l’engagement des élèves », qu’ils savent « ce qui est en jeu ». On peut en effet leur donner raison, dans la mesure où les élèves ont fait preuve, dans diverses interviews, de grandes capacités d’analyse. Ils ont clairement exprimé, à plusieurs reprises, qu’ils percevaient la situation de menace comme fabriquée. Cela témoigne chez eux d’une clairvoyance plus grande que chez de nombreux commentateurs sous les publications des grands médias. Leurs auditeurs semblent parfois adhérer pleinement aux récits du gouvernement.

Les élèves grévistes ont en outre souligné qu’ils ne se sentaient absolument pas tenus par une quelconque « obligation morale » de « défendre » un pays qui ne leur réserve rien d’autre que des déceptions et des injustices sociales. Interrogé de manière tendancieuse, Carl, 12 ans, a clairement indiqué dans une interview avec la RBB que des personnes comme Friedrich Merz devraient volontiers assumer eux-mêmes la tâche de la défense nationale.

La Confédération allemande des syndicats (DGB) doit prendre position.

Le conflit ne fait que commencer. Les sociaux-démocrates au pouvoir continuent de clamer leur ouverture aux manifestations démocratiques. Mais la rhétorique conciliante de Pistorius et du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne) a peu de chances d’avoir un impact significatif, compte tenu de la position intransigeante du parti sur la guerre. De même, la reconversion à la production d’armements ne garantira ni l’emploi ni le niveau de vie, mais finira par constituer une menace pour nous tous. Le climat politique va probablement se durcir très prochainement. Tout dépendra alors de la base syndicale. Les syndicalistes doivent exiger des comptes de leurs dirigeants dès maintenant. La Confédération allemande des syndicats (DGB) doit enfin prendre une position claire et inflexible en faveur des salariés et se confronter à la réalité. Il n’y a pas de place pour le dialogue avec ce gouvernement et ce SPD. Seules les grèves permettront d’obtenir des résultats. Des actions massives des travailleurs peuvent faire changer d’avis les capitalistes, qui poussent de plus en plus ouvertement l’AfD (parti extrême droite) à participer au gouvernement. Si les syndicats allemands ne se préparent pas enfin et résolument à des grèves générales, ils risquent, une fois de plus, d’être trop tard.