La Russie et la Chine s’abstiennent tandis que les nations arabes et musulmanes approuvent la mission de stabilisation internationale
17 novembre 2025 — Dans un rare moment de consensus sur le Moyen-Orient, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté lundi, par 13 voix contre 0, une résolution présentée par les États-Unis. Cette résolution approuvait le plan de paix en 20 points de l’ancien président Donald Trump pour Gaza et autorisait la création d’une Force internationale de stabilisation chargée de superviser la sécurité et la reconstruction de l’enclave ravagée par la guerre. La Russie et la Chine se sont abstenues , évitant ainsi un veto et permettant l’adoption de la résolution.
Ce vote confère une valeur juridique internationale à la proposition de Washington visant à dépasser le cessez-le-feu et à reconstruire Gaza après deux années de conflit dévastateur. La résolution appelle à la démilitarisation des groupes armés, au déploiement d’une force internationale de maintien de la paix et à la création d’un « Conseil de la paix » chargé de coordonner l’aide humanitaire, la réparation des infrastructures et la gouvernance locale.
Une percée diplomatique fondée sur le soutien régional
Le soutien de pays arabes et musulmans clés — dont l’Égypte, la Jordanie, le Qatar, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Indonésie, la Turquie et le Pakistan — s’est avéré déterminant pour convaincre Moscou et Pékin de s’abstenir. Plusieurs de ces nations devraient contribuer en personnel ou en ressources à la force de stabilisation.
Washington a salué ce résultat comme « une étape historique vers la paix et la responsabilisation », arguant que la participation régionale garantirait la légitimité et réduirait le risque de reprise des hostilités. L’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré que cette mission « ouvrirait un nouveau chapitre dans l’engagement de la communauté internationale à reconstruire Gaza et à prévenir de futurs cycles de guerre ».
Le débat sur la justice et l’appartenance à un État
Malgré une large majorité, la résolution a suscité des critiques de la part de plusieurs membres du Conseil – notamment la France, le Guyana, le Pakistan, la Slovénie et la Somalie – qui ont déploré son absence de reconnaissance explicite de l’État palestinien .
L’ambassadeur d’Algérie, Amar Bendjama , représentant le Groupe arabe, a déclaré : « Une paix véritable au Moyen-Orient ne saurait être atteinte sans justice – justice pour le peuple palestinien, qui attend depuis des décennies la création de son État indépendant. »
Avant le vote, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé la position de son gouvernement : « Notre opposition à un État palestinien, quel que soit le territoire, reste inchangée. » Les responsables israéliens ont exprimé une approbation prudente des mécanismes de cessez-le-feu, mais ont rejeté toute interprétation selon laquelle la résolution ouvrirait la voie à la souveraineté des Palestiniens.
Le Hamas et les réponses régionales
La direction du Hamas à Gaza a dénoncé ce plan, le qualifiant de « tutelle étrangère » visant à remplacer, et non à renforcer, les institutions palestiniennes. « Aucune force étrangère n’a le droit de gouverner Gaza », a déclaré un porte-parole, avertissant que toute troupe entrant dans la bande de Gaza « sera traitée comme une force d’occupation ».
Les capitales régionales ont réagi de manière mitigée, mais généralement pragmatique.
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L’Égypte et la Jordanie ont salué ce vote comme une « étape nécessaire » pour stabiliser leurs frontières.
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Le Qatar et la Turquie ont souligné que la reconstruction et l’aide humanitaire devaient précéder toute restructuration politique.
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L’Indonésie et les Émirats arabes unis , tous deux susceptibles de fournir des troupes, ont exprimé leur inquiétude quant à d’éventuels affrontements entre soldats arabes et militants palestiniens, ce qui pourrait enflammer l’opinion publique dans leurs pays respectifs.
Les gouvernements européens, sous l’impulsion de la France et de l’Allemagne , ont soutenu la résolution tout en insistant sur la nécessité d’un horizon politique crédible pour une solution à deux États. L’ Union européenne s’est engagée à fournir une aide financière à la reconstruction de Gaza sous supervision internationale.
D’énormes défis à venir
La Force internationale de stabilisation, nouvellement mandatée , est confrontée à une tâche ardue : désarmer les factions militantes, rétablir l’ordre et faciliter le retour en toute sécurité des civils déplacés. Même ses partisans reconnaissent que sa mise en œuvre pourrait prendre des mois et dépend d’une coordination délicate entre les acteurs locaux, régionaux et internationaux.
Des questions subsistent quant à la structure de commandement , aux règles d’engagement et au calendrier du retrait militaire israélien . Le succès de la mission dépendra peut-être de sa capacité à se dérouler sans raviver le conflit ni s’aliéner la population même qu’elle cherche à protéger.
Selon des diplomates impliqués dans les négociations, le Conseil de la paix fera office d’autorité de transition et sera composé de représentants de l’ONU, d’envoyés régionaux et de technocrates palestiniens. Son mandat comprend l’organisation d’élections dans un délai de 18 mois et la garantie de la transparence dans le financement de la reconstruction, estimé par la Banque mondiale à plus de 30 milliards de dollars .
Un consensus fragile mais symbolique
Pour l’instant, cette résolution représente un tournant symbolique : c’est la première fois depuis le début de la crise à Gaza en 2023 que les grandes puissances mondiales, les États arabes et les alliés d’Israël se rassemblent autour d’un cadre unique pour la paix. Toutefois, la crédibilité de ce plan dépendra de sa capacité à engendrer des changements concrets sur le terrain.
Comme l’a déclaré un diplomate européen : « Le Conseil de sécurité s’est exprimé à l’unanimité, mais la paix ne s’installera que lorsque les Gazaouis bénéficieront de la justice, et non de simples promesses. Le monde a donné à Gaza un mandat pour le renouveau ; le plus dur reste à faire : le concrétiser. »









