Avec le voilier Humanity 2, l’organisation de sauvetage en mer SOS Humanity, active depuis dix ans, déploie un deuxième navire de sauvetage en Méditerranée centrale. Ce voilier d’environ 24 mètres de long est actuellement en cours d’acquisition par SOS Humanity et sera ensuite transformé. À partir de mi-2026, le Humanity 2 comblera un vide vital au large des côtes tunisiennes en tant que navire de sauvetage et d’observation.

« Les routes migratoires en Méditerranée deviennent de plus en plus dangereuses car l’Union Européenne finance des pays tiers pour intercepter des réfugiés. Au lieu de sauver des vies, l’Europe s’isole à tout prix, rendant la Méditerranée encore plus meurtrière », déclare Till Rummenhohl, directeur général de SOS Humanité. « La zone maritime au large de la Tunisie souffre d’une pénurie de secours potentiellement mortelle et est marquée par des violations systématiques des droits humains par les garde-côtes tunisiens.

Des bateaux disparaissent sans laisser de traces, faute de reconnaissance aérienne et faute d’une coordination adéquate des secours par le centre de contrôle tunisien. Des personnes fuient à bord d’embarcations métalliques extrêmement dangereuses qui coulent rapidement. Cette réalité dramatique nous oblige à agir. Avec le voilier Humanity 2, nous sauverons des vies et documenterons les violations des droits humains au large de la Tunisie, où l’Europe est défaillante. Notre navire complète Humanity 1, qui opère au large de la Libye. Cela nous permet d’aider davantage de personnes en détresse en mer et, grâce à la sensibilisation, d’accroître la pression sur les responsables. »

Le voilier est actuellement amarré dans un port de la côte française. Il sera transféré en Sicile en novembre et sa transformation au chantier naval est prévue pour décembre. SOS Humanité lance un appel aux dons pour financer le projet.

« Surtout après que le nouveau gouvernement allemand a supprimé tous les financements publics, nous avons plus que jamais besoin du soutien de la société civile », souligne Till Rummenhohl. « Nous sommes convaincus que la majorité des Européens ne veulent pas laisser les personnes en détresse se noyer en Méditerranée. La société civile a rendu possible le sauvetage de plus de 39 000 personnes en dix ans et continuera de soutenir notre travail de sauvetage. Cette solidarité et cette humanité bien réelles devraient servir d’exemple aux responsables politiques.

Depuis 2015, l’UE et ses États membres n’ont pas réussi à mettre en place un programme européen de sauvetage en mer pour mettre fin aux décès en Méditerranée. Au contraire, ils se rendent complices de violations des droits humains et entravent délibérément le travail des organisations de sauvetage en mer. Mais nous ne nous laisserons pas intimider ; nous continuerons, avec un deuxième navire ! »

Contexte maritime au large de la Tunisie

L’escalade des attaques racistes en 2023 déclenche une vague de réfugiés

En 2023, plus de personnes que jamais ont fui la Tunisie en traversant la Méditerranée pour rejoindre l’Italie. L’un des déclencheurs a été un discours de haine du président tunisien Kaïs Saïed, dans lequel il a imputé la crise économique aux Noirs d’Afrique subsaharienne. Cela a conduit à une persécution brutale des Noirs et à une escalade des violations des droits humains. De nombreux rapports font état de traques, de violences et de vols depuis lors, et de réfugiés abandonnés sans défense par des officiers en uniforme dans le désert, où nombre d’entre eux meurent de soif.

Zone maritime meurtrière en Tunisie

Le corridor tunisien est une voie de fuite de plus en plus dangereuse. De nombreuses personnes fuient à bord d’embarcations métalliques impropres à la navigation, surchargées et grossièrement soudées. Ces embarcations sont connues pour se briser en quelques secondes ou se remplir d’eau et couler. En raison d’une vaste zone d’exclusion aérienne et de l’interdiction des téléphones satellites, les urgences passent souvent inaperçues. Outre les nombreux décès signalés, les organisations de défense des droits humains estiment qu’il existe un nombre élevé d’accidents maritimes non signalés : les bateaux et leurs passagers disparaissent en mer sans laisser de traces et sans témoins. Cela fait du corridor tunisien l’une des voies de fuite vers l’Europe les plus dangereuses et les moins bien documentées.

Externalisation de la gestion des frontières, isolement à tout prix

Depuis l’accord UE-Tunisie et la création, avec le soutien de l’Europe, d’une zone de recherche et de sauvetage et d’un centre de coordination des secours en Tunisie en juin 2024, les rapatriements violents et parfois mortels de réfugiés par les garde-côtes tunisiens se sont multipliés. Ces mesures, visant à dissuader les personnes de fuir vers l’Europe, ont permis de réduire le nombre de réfugiés arrivés en Italie depuis la Tunisie à 3 210 au cours des huit premiers mois de l’année 2025. Approuvés par l’Organisation maritime internationale (OIM), le centre de coordination des secours et les garde-côtes tunisiens sont depuis officiellement responsables des opérations de recherche et de sauvetage en cas d’urgence maritime dans cette zone. Au nom de l’UE, les réfugiés sont interceptés et renvoyés en Tunisie par la force. La Tunisie n’étant pas un lieu sûr pour les personnes secourues en mer, ces rapatriements violent le droit maritime international. Malgré cela, le gouvernement fédéral allemand continue de soutenir financièrement et en personnel les garde-côtes et le centre de coordination des secours tunisiens.

Poursuite des violences en Tunisie en 2025

Expulsions massives et brutales de réfugiés dans des camps, déportations forcées vers les frontières hostiles du désert tunisien, emprisonnement de travailleurs d’ONG et de dissidents, et violences racistes perpétrées par des acteurs étatiques et des civils caractérisent la situation en Tunisie. Malgré les critiques internationales concernant ces violations des droits humains, le gouvernement tunisien poursuit ses mesures répressives sur terre et ses retours forcés en mer, avec le soutien de l’UE et du gouvernement fédéral allemand.

Les revendications de SOS Humanité envers la Tunisie

  • SOS Humanité appelle le gouvernement allemand à mettre fin à sa coopération avec la Tunisie dans le domaine du sauvetage en mer.
  • L’UE et ses États membres ne doivent pas encourager activement les personnes secourues en détresse en mer à être renvoyées de force en Tunisie par les garde-côtes tunisiens, participant ainsi à des retours illégaux.
  • L’UE et ses États membres doivent retirer la reconnaissance officielle de la zone de recherche et de sauvetage tunisienne car la Tunisie n’est pas un lieu sûr pour les personnes secourues en mer et le Centre de coordination de sauvetage tunisien ne coordonne pas correctement les urgences maritimes.