Voyons-nous clairement la situation ? Ces derniers jours, les États-Unis, l’Union européenne et la Chine ont signé une série d’accords et imposé de nouveaux droits de douane. Alors que les analystes s’efforcent de déterminer qui sont les gagnants et les perdants, nous risquons de passer à côté de l’essentiel.
Tout d’abord, reconnaissons un fait crucial : ces accords ont été conclus sans recours à la force. À une époque où les conflits sont souvent utilisés comme moyen de pression, le fait que ces puissances mondiales soient parvenues à des accords par la négociation, et non par la guerre, est significatif. Ensemble, les États-Unis, l’Union européenne et la Chine représentent environ la moitié de l’économie mondiale. Tous les autres pays dépendent, directement ou indirectement, de leur coopération pour faire tourner la machine mondiale.
Deuxièmement, bien que ces blocs diffèrent profondément sur le plan historique, culturel et politique, ils fonctionnent au sein d’un système économique unique. Les États-Unis, avec leur infrastructure financière et commerciale dominante, ont longtemps façonné les récits économiques mondiaux. L’Union européenne est issue de la Communauté économique européenne de 1957, qui cherchait à créer un marché commun en éliminant les barrières commerciales internes. L’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce en 2001 a marqué une étape importante vers l’intégration mondiale.
Au cours des 20 dernières années, les transformations ont été considérables. L’essor économique de la Chine a été en grande partie alimenté par les investissements des entreprises étasuniennes : à elle seule, Apple aurait investi plus de 600 milliards de dollars entre 2005 et 2025. Multipliez ce chiffre par des milliers d’entreprises, et vous commencez à saisir l’ampleur de l’interdépendance. Aujourd’hui, la Chine reproduit un modèle similaire axé sur l’investissement en Afrique et en Amérique du Sud, tandis que l’Europe semble perdre de son influence dans les pays du Sud.
Nous ne pouvons pas juger ces événements comme un instantané, nous devons voir le film dans son intégralité. Il ne s’agit pas d’événements isolés, mais d’un processus de transformation monumental, qui prépare le terrain pour une nouvelle ère mondiale. Le monde est plus interconnecté que jamais.
L’ancien modèle consistant à bombarder ou à intimider pour imposer sa domination a clairement atteint une impasse. Notre survie ne dépend pas de la domination ou de la nostalgie, mais de notre capacité à négocier, à nous adapter et à évoluer.
Personnellement, je me moque de savoir si l’Europe a fait plus de concessions que les États-Unis ou si la Chine a joué ses cartes avec plus d’habileté. Ce qui importe, c’est de savoir si le système lui-même fonctionne, s’il nous permet d’aller de l’avant au lieu de nous figer dans la peur ou de nous accrocher à une rigidité idéologique. Le rythme du changement s’accélère et l’adaptation n’est pas facultative. Ce qui importe maintenant, c’est la fonctionnalité : cela fonctionne-t-il ? Et si ce n’est pas le cas, que pouvons-nous faire pour que cela fonctionne ?
Cette question dépasse le cadre de la géopolitique. Elle s’applique à notre vie quotidienne : vos relations sont-elles saines ? Votre lieu de travail est-il en pleine croissance ou en stagnation ? Vos communautés sont-elles résilientes ? Tout est énergie, et l’énergie doit circuler. Lorsqu’elle est bloquée, les systèmes se dégradent. Les gens s’isolent, les sociétés deviennent instables et des conflits éclatent. Pourtant, une énergie trop importante et non régulée, sans cohérence ni objectif, entraîne des inondations, des courts-circuits et le chaos.
En fin de compte, notre défi n’est pas de choisir notre camp, mais d’apprendre à suivre le courant sans être emportés. Il s’agit de trouver une cohérence dans le flux. Si nous y parvenons, alors peut-être que les véritables gagnants de ce jeu seront nous tous.









