Nous remercions Anthony Donovan d’avoir fourni à Pressenza à New York la transcription de la déclaration prononcée ce 22 juin 2025, par l’ambassadeur d’Iran auprès de l’ONU lors de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité.

Je vous remercie, Madame la Présidente, pour les précieux efforts que vous avez déployés pour convoquer rapidement cette réunion d’urgence en votre qualité de Présidente du Conseil de sécurité. Nous saluons la présence du Secrétaire général à cette réunion .

Nous avons également écouté la déclaration de M. Miroslav Jenca, Secrétaire général adjoint . Nous remercions tous les membres qui ont choisi de se tenir du bon côté de l’histoire et ont ainsi fermement condamné les actes d’agression des États -Unis et du régime israélien contre mon pays .

Madame la Présidente,

Je vous remercie, Madame la Présidente, pour les précieux efforts que vous avez déployés pour convoquer rapidement cette réunion d’urgence en votre qualité de Présidente du Conseil de sécurité. Nous saluons la présence du Secrétaire général à cette réunion .

Nous avons également écouté la déclaration de M. Miroslav Jenca, Secrétaire général adjoint . Nous remercions tous les membres qui ont choisi de se tenir du bon côté de l’histoire et ont ainsi fermement condamné les actes d’agression des États -Unis et du régime israélien contre mon pays .

Madame la Présidente,

Je m’adresse aujourd’hui à ce Conseil pour la troisième fois depuis les brutales agressions perpétrées contre mon pays, d’abord par le régime israélien le 13 juin, puis par les États-Unis. Je m’exprime avec la plus grande urgence et la plus profonde préoccupation au nom de notre peuple, une nation éprise de paix de près de cent millions d’habitants .

Madame la Présidente,

Aujourd’hui, une nouvelle tache s’est inscrite dans l’histoire politique des États-Unis. Après que le régime israélien illégitime eut échoué à accomplir le « sale boulot » de l’Occident, Trump fut contraint, aux premières heures du dimanche 22 juin 2025, de mettre personnellement en œuvre la partie la plus sordide de ce programme ignoble.

Une fois de plus, Netanyahou, criminel de guerre recherché internationalement, a réussi à détourner la politique étrangère américaine, entraînant les États-Unis dans une nouvelle guerre coûteuse et injustifiée. L’Amérique a, une fois de plus, choisi de manière imprudente de sacrifier sa propre sécurité simplement pour protéger Netanyahou. Une fois de plus, le monde a été témoin de la corruption flagrante du système politique américain et de ses dirigeants.

En tant que nation indépendante et en quête de paix, la République islamique d’Iran a averti à plusieurs reprises le régime belliciste américain de ne pas s’engager dans ce bourbier.

Dès à présent, l’Iran se réserve pleinement et légitimement le droit, en vertu du droit international, de se défendre contre cette agression flagrante des États-Unis et de son mandataire israélien. Le moment, la nature et l’ampleur de la riposte iranienne, proportionnée à ses actions, seront déterminés par ses forces armées.

Tout au long de l’histoire, la nation iranienne, résiliente et unie, a résisté à des blessures plus profondes et affronté des ennemis plus féroces – et cette fois encore, elle montrera sa dignité, sa force et sa grandeur au monde.

Au cours des dix derniers jours d’agression barbare d’Israël, les organismes internationaux – dont le Conseil de sécurité de l’ONU et l’AIEA – ont reçu toutes les informations et tous les avertissements nécessaires. Pourtant, ils ont prouvé une fois de plus que la prétendue quête, vieille de huit décennies, visant à prévenir la guerre et l’agression est vaine et inefficace en pratique .

Madame la Présidente, chers collègues,

L’histoire n’oubliera pas ces jours tragiques. Il est profondément déchirant qu’un pays épris de paix, l’un des fondateurs des Nations Unies, fort de plus de 5 000 ans de culture et de civilisation, partie responsable à la Charte des Nations Unies et au TNP, et État non doté d’armes nucléaires, ait été attaqué par un régime illégitime, désormais dirigé par son principal soutien, les États-Unis. Tous deux possèdent des milliers d’ogives nucléaires.

Les États-Unis, membre permanent de ce Conseil, dépositaire du TNP et seul État à avoir jamais utilisé l’arme nucléaire, tuant des millions de personnes dans deux villes, ont une fois de plus recours à la force illégale et déclaré la guerre à mon pays, sous un prétexte inventé et absurde : empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Quelle ironie amère et tragique.

Madame la Présidente,

Cette agression des États-Unis et du régime israélien constitue une violation flagrante du droit international. Elle viole la norme impérative d’ interdiction de l’agression et les principes fondamentaux consacrés par la Charte des Nations Unies, notamment l’article 2(4), qui interdit catégoriquement la menace ou l’emploi de la force contre la souveraineté et l’intégrité territoriale de tout État membre. Cet acte illégal viole également la Charte, le Statut de l’AIEA, les résolutions pertinentes de la Conférence générale de l’Agence, les résolutions 487 (1981) et 2231 (2015) du Conseil de sécurité, ainsi que le TNP lui-même.

Collègues,

Alors que le représentant des États-Unis continue de lancer des accusations sans fondement contre l’Iran, la communauté internationale est bien consciente du sombre bilan bien documenté des interventions militaires, de l’usage illégal de la force contre d’autres États souverains et du parrainage du terrorisme par les États-Unis au Moyen- Orient et dans le monde entier .  

Les faits parlent d’eux-mêmes : toutes les allégations américaines contre l’Iran sont infondées, sans base juridique et motivées par des raisons politiques.

Un exemple clair est l’assassinat horrible et lâche du général martyr Qasem Soleimani (commandant de la Force Qods du Corps des gardiens de la révolution islamique, une branche officielle des forces armées de la République islamique d’Iran) et de ses compagnons.

Il a été lâchement et délibérément assassiné lors de sa visite en Irak, à la demande officielle du gouvernement irakien. Ce crime a été perpétré par les forces américaines sur ordre direct du président américain de l’époque, qui a de nouveau revendiqué hier la responsabilité d’un crime aussi odieux. Le général de division Soleimani demeure un héros pour notre peuple et les nations de la région dans la lutte contre les groupes terroristes, en particulier Daech.

Madame la Présidente,

De leurs invasions illégales de l’Irak et de l’Afghanistan à leur intervention catastrophique en Libye, les États-Unis ont ignoré la Charte des Nations Unies, brisé des sociétés entières et déstabilisé la région pendant des décennies. Les populations de ces pays continuent de payer le prix de ces politiques irresponsables.

Madame la Présidente,

L’attaque israélienne du 13 juin et les frappes aériennes américaines du 21 juin ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont la conséquence directe des actions illégales et politiquement motivées des États-Unis et de leurs partenaires européens, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne, ainsi que de la conduite partiale du directeur général de l’AIEA.

Il ne fait aucun doute que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France, trois membres permanents de ce Conseil, ainsi que le régime israélien et le directeur général de l’AIEA, porteront l’entière responsabilité de la mort de civils innocents en Iran, en particulier de femmes et d’enfants, et de la destruction d’infrastructures civiles vitales.

Madame la Présidente,

L’Iran se préparait à une nouvelle série de négociations diplomatiques avec les États-Unis le 15 juin, mais Israël a frappé l’Iran deux jours avant le début de ces négociations. En réalité, Israël a décidé de détruire la diplomatie. Cette prétendue offre diplomatique n’était rien d’autre qu’une manœuvre trompeuse visant à tromper la communauté internationale.

Cette semaine, alors que notre ministre des Affaires étrangères s’entretenait avec la troïka européenne E3 et l’Union européenne, les États-Unis ont décidé de détruire cette diplomatie. Quelle conclusion peut-on tirer de cette situation ? Du point de vue des pays occidentaux, l’Iran doit « retourner à la table des négociations ». Mais, comme l’a mentionné le ministre iranien des Affaires étrangères, « comment l’Iran peut-il revenir à un endroit qu’il n’a jamais quitté,  et encore moins ? »

Madame la Présidente,

Le schéma est évident. Le TNP, pierre angulaire du régime de non-prolifération, a été instrumentalisé pour en faire une arme politique. Au lieu de garantir le droit légitime des parties à l’énergie nucléaire pacifique, il a été exploité comme prétexte à des agressions et à des actions illégales qui mettent en péril les intérêts suprêmes de mon pays.

Le comportement sélectif et à deux poids, deux mesures du Conseil de l’AIEA et du Conseil de sécurité, fermant les yeux sur l’attaque passée d’Israël contre le réacteur irakien d’Osirak, son assaut contre les sites nucléaires iraniens sous garanties de l’AIEA et son agression continue, constitue une honte morale, politique et juridique. Cette honte ternira à jamais la crédibilité de ces organismes internationaux. Avec un parti pris aussi flagrant, rien ne garantit que d’autres membres du TNP ne seront pas confrontés à une agression similaire.

Madame la Présidente,

Depuis plus de deux décennies, Israël, régime nucléaire hors-la-loi qui refuse d’adhérer au TNP malgré la résolution 487 du Conseil de sécurité, propage le récit trompeur et mensonger selon lequel l’Iran serait sur le point de se doter de l’arme nucléaire. Bien qu’aucune preuve ne soit venue étayer ces allégations infondées, l’engagement diplomatique constant et de bonne foi de l’Iran, qui a conduit au JCPOA et à son plein respect des engagements qui y sont énoncés ainsi que de la résolution 2231 du Conseil de sécurité de l’ONU, démontre le caractère fondamentalement pacifique de son programme nucléaire.

Madame la Présidente,

L’Iran agit dans le cadre de son droit naturel et légitime de légitime défense, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations Unies. Nous prendrons toutes les mesures jugées nécessaires à notre disposition pour protéger notre peuple, notre souveraineté, notre intégrité territoriale, nos intérêts nationaux et vitaux, ainsi que notre programme nucléaire pacifique, conformément au droit international.

Je voudrais une fois de plus rappeler à cette éminente institution ses obligations légales et morales.

Si ce Conseil et les Nations Unies, créés pour maintenir la paix et la sécurité internationales, ne parviennent pas à agir à ce moment décisif, ils perdront à jamais leur crédibilité et leur pertinence.

Israël et les États-Unis sont les principaux responsables de l’érosion de l’État de droit, de la mise en cause du droit international, du Statut de l’AIEA et du régime de non-prolifération.

Cependant, le silence, le deux poids deux mesures et la complicité des organisations internationales et de certains pays occidentaux, dont la France et le Royaume-Uni, sont tout aussi répréhensibles.

Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait agir immédiatement en vertu du chapitre 7 de la Charte des Nations Unies et réparer ces injustices et violations flagrantes en :

Condamnant fermement les agressions flagrantes, les violations et les crimes odieux commis contre la République islamique d’ Iran ;

Adopter des mesures coercitives efficaces contre les agresseurs et tenir les États-Unis et le régime israélien pleinement responsables ;

Placer les installations nucléaires israéliennes sous les garanties de l’Agence,

Il s’agit d’un test historique pour ce Conseil, pour l’ensemble des Nations Unies. Chaque État et chaque acteur responsable doivent se montrer à la hauteur de cette situation et condamner sans ambiguïté ces crimes flagrants. Ne pas le faire entraînera le déclin progressif de l’aspiration même au régime de non-prolifération et normalisera un dangereux précédent où la force prime sur le droit et où les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies sont bafoués sans conséquence.

Madame la Présidente, distingués collègues,

Nous sommes à la croisée des chemins. Que ce soit le moment de mettre fin à l’impunité et de défendre les principes sur lesquels ce Conseil a été fondé.

Ce Conseil doit agir avec détermination. Le silence équivaudrait à une complicité dans ces crimes.

Si ce Conseil ne parvient pas à agir et à condamner cette agression flagrante, la tache de la complicité restera à jamais sur sa conscience, comme c’est le cas pour Gaza.

Merci.