Ce 13 janvier 2023 marque le dixième anniversaire du départ physique d’Aaron Swartz. Une journée qui a été instituée en son honneur comme « Journée du cyberactivisme ».

Wikipédia – autre magnifique entreprise de libre accès à la connaissance collective – nous informe qu’Aaron, surnommé « le prince de l’internet », était un programmeur et hacktiviste américain prolifique (entre autres vertus), qui a contribué à développer le format RSS pour les flux web, l’architecture technique de Creative Commons, le framework web.py et Markdown, un format de langage de balisage léger.

Dans une note de Jacobo Nájera publiée par le collectif SurSiendo, il est défini comme un « promoteur, diffuseur et développeur de ce qu’on appelle le Web sémantique, celui que Tim-Berners Lee a défini comme une extension du Web actuel dans lequel l’information reçoit une signification bien définie, permettant aux ordinateurs et aux personnes de travailler en coopération ».

« Il est un communicateur scientifique, un artisan ; Aaron est une personne clé pour approcher et observer les générations dans le processus de manifestation des idées et de la science comme axe directeur. Non seulement pour son travail impeccable en tant que scientifique, mais aussi pour avoir utilisé le travail scientifique comme un processus de socialisation en elle-même », ajoute Nájera, également chercheur et développeur de logiciels libres.

Au-delà de ses apports technologiques pratiques, la grande contribution de Swartz a été de sensibiliser les citoyens à la nécessité d’ouvrir l’accès à la connaissance à toute l’humanité sans restriction et de permettre sa libre circulation dans les espaces numériques. Il a été l’un des principaux moteurs de la campagne visant à affaiblir la loi sur le piratage en ligne (Arrêtez le piratage en ligne) (SOPA).

Un document intéressant qui rend compte de son idéologie et du fondement de ses actions est le Manifeste de la guérilla pour le libre accès.

On peut y lire : « Vous, qui avez accès à ces ressources – étudiants, bibliothécaires, scientifiques – avez bénéficié d’un privilège. Vous pouvez vous nourrir à ce banquet de la connaissance pendant que le reste du monde est laissé de côté. Mais il n’est pas nécessaire – en fait, moralement, ce n’est pas possible – que vous gardiez ce privilège pour vous. Vous avez le devoir de le partager avec le monde. »

Sa constance l’a amené à se connecter au réseau du MIT en utilisant un compte d’utilisateur invité qui lui avait été fourni par l’institut, et à partager systématiquement des articles de revues universitaires provenant de JSTOR, ce qui lui a valu d’être arrêté le 6 janvier 2011.

Les charges que le bureau du procureur de l’État a exagérément retenues contre lui étaient passibles d’une peine de prison maximale de 50 ans et d’une amende d’un million de dollars. Ces poursuites visaient sans doute à prendre une revanche sur l’activisme libre et à punir de manière exemplaire quiconque oserait transgresser les sacro-saintes règles de la propriété intellectuelle.

Réticent à accepter une peine moindre qu’il ne jugeait pas du tout juste pour ses actes, il a mis fin à son existence physique à l’âge de vingt-six ans, le 13 janvier 2011.

Dans un tweet commémoratif, Tim Berners-Lee, considéré comme le père du World Wide Web, a déclaré : « Aaron est mort. Vagabonds du monde, nous avons perdu un vieil homme sage. Des pirates informatiques de plein droit, nous en avons perdu un. Vous, tous les parents, nous avons perdu un fils. Laissez-nous faire notre deuil. »

À l’instar des grands humanistes qui ont courageusement ouvert de nouvelles voies, malgré les préjugés et les normes anachroniques, son action se perpétue dans la mémoire, le présent et l’avenir de tous ceux qui travaillent dans et pour la bonne connaissance, pour le bien commun de l’humanité.

 

Voir aussi :

[Livre] Flore Vasseur – Ce qu’il reste de nos rêves

Aaron Swartz – family statement

 

 

Traduction de l’espagnol, Evelyn Tischer