Plus de 900 participants présents à Barcelone et plus de 1.700 en ligne démontrent l’énorme intérêt international de ce Congrès pour la paix dans le monde. C’était le congrès qu’il fallait au bon moment, dans la ville qu’il fallait.

Barcelone s’est avérée un excellent choix pour le congrès (15, 16, 17 octobre), avec son université et son centre de congrès, mais surtout avec le discours d’ouverture du maire de Barcelone et le président de Catalogne, intéressés par les politiques de paix. Des mots clairs pour un engagement municipal et gouvernemental plus actif envers la paix. Un appel urgent à la coopération, seule voie de sortie de la crise planétaire.

La situation politique actuelle, en particulier le réarmement démentiel, la confrontation mais aussi la catastrophe environnementale et la dramatique injustice sociale dans le monde, nécessitent de claires réactions dans une politique de coopération et de désarmement. L’abolition de toutes les armes nucléaires est aussi essentielle que les défis du changement climatique et la justice sociale dans sa diversité. Le programme et les orateurs ont reflété cette diversité, cette différence d’approches de la question de la paix. La situation actuelle de pandémie a rendu difficiles les préparatifs et la mise en œuvre du congrès et ont empêché les déplacements depuis plusieurs parties du monde. La participation en ligne a aidé, mais ne peut pas remplacer des rencontres en face à face.

Cette atmosphère de solidarité dans la lutte commune pour la paix dans toute sa diversité a caractérisé ce congrès émouvant, mais aussi politique et inspirant. Le congrès se nimbait d’énergie : il avait de l’énergie et en donnait !

C’était la discussion, c’était la sensation de faire route ensemble, le sens du commun et la recherche de plus d’actions que reflétaient les discours en séance plénière ainsi que la cinquantaine de groupes de travail.

La politique de paix est aussi une politique environnementale et de justice climatique – qui pouvait présenter ceci de manière plus convaincante que Vandana Shiva ? Les défis de la justice climatique, qui vont bien plus loin que « maîtriser le réchauffement global » ont pénétré le congrès, en séance plénière et dans les groupes de travail. Mettre un terme à la faim et à la pauvreté est une nécessité centrale si la justice est notre objectif. Il n’existe pas de justice sans paix, ni de paix sans justice. Ces pensées de Sharan Burrow, Secrétaire Général de la Fédération Mondiale des Syndicats, de Lula de Silva, ancien et, espérons-le, futur président du Brésil, étaient éclairantes, impressionnantes et illustrent les dangers qui pèsent sur les hommes et sur la nature. Tout cela plaide pour l’abolition de toutes les armes nucléaires. Qui pourrait mieux l’exprimer que Beatrice Finn de ICAN et Wada Masako, survivante de Hiroshima. Les risques de la confrontation dans ce monde ont été mis en exergue par Zhao Tong de Chine et Alexey Gromyko, entre autres, et particulièrement soulignés par Noam Chomsky dans sa vidéo.

Le congrès était jeune et féminin, il était dominé par la jeune génération, 40% des intervenants ayant moins de 40 ans. L’on a remarqué les contributions impressionnantes de Amani Aruri de Palestine, de A-Young Moon de Corée du Sud, de Vanda Proskova de République Tchèque, de Shristy Aware d’Inde, et bien d’autres. Le réseau IPB jeunesse s’est révélé un élément indispensable de ce congrès.

D’autres participations indispensables au congrès, pour son charisme, furent certainement les contributions de Bina Nepram d’Inde, sur la répression des peuples indigènes, de Shirine Jurdi du Liban sur la situation dans son pays, et de Lisa Linda Natividad de Guam sur les bases militaires états-uniennes.

Les personnes citées sont une sélection de la multitude d’excellentes et intéressantes contributions à ce congrès de solidarité et d’orientation commune. Peut-être les personnes non mentionnées ont-elles le plus contribué !

Les groupes de travail, plus de 50, la plupart organisés sur une base hybride, ne se sont pas bornés à rassembler une quantité impressionnante d’arguments et de faits en faveur de la paix. Ils ont analysé et, par-dessus tout, ont élaboré des stratégies pour un développement plus pacifique du monde. Un exemple en est une nouvelle formulation de la politique de sécurité commune. La formidable force d’argumentation de ces divers groupes de travail a formé l’esprit et le fond de ce congrès.

Les groupes de travail ont aussi représenté un défi particulier d’un point de vue technique. Plus de 50 groupes hybrides, dont au moins 15 fonctionnaient toujours en parallèle, quand cela s’est-il déjà produit dans un congrès pour la paix ? D’un point de vue technologique – avec ses nombreuses vidéos et insertions zoom, le congrès était au top – nous espérons que les grands congrès internationaux hybrides pourront reprendre où l’on s’était arrêté. Et avec une participation en personne plus importante (qui n’était pas possible cette fois à cause du Covid), le congrès sera encore plus vivant dans le futur.

La contribution principale du congrès était certainement : nous avons besoin – comme le titre du congrès (ré)imaginons notre monde le suggère –  des actions pour la paix et la justice.

Plus d’actions, un renforcement, un renouvellement, une reprise du mouvement de la paix sont le défi majeur. A défaut de plus d’actions, de plus d’engagement pour la paix et le désarmement, nous n’aurons aucune réduction du terrible danger de la guerre. Nous avons besoin de plus d’éducation à la paix partout dans les écoles et les universités. Sans droits complets pour les peuples indigènes, sans solution de plus de 300 conflits armés via l’action citoyenne, nous n’arriverons pas à une paix complète. Il n’y aura pas de paix sans émancipation, sans un rôle actif et indispensable pour les femmes. Cette idée était présente dans tout le congrès, notamment grâce à la participation active de nombreuses femmes engagées.

Le congrès a rencontré ces défis de bien des manières, durant les séances plénières, en particulier les tables rondes et durant les discussions d’ouverture et de clôture. Mais aussi dans les 18 vidéos illustrant le vaste soutien international pour ce congrès mondial pour la paix.

Son grand écho se trouve dans le besoin d’engagement pour la paix, exposé dans les documents présentés au congrès :

  • L’appel IPB de Barcelone au monde, à tous les mouvements de paix et bâtisseurs du futur.
  • La déclaration des peuples indigènes au deuxième congrès mondial pour la paix.
  • Le document à propos de la région méditerranéenne : plan du forum méditerranéen
  • Et l’impressionnante présentation du réseau IPB jeunesse.

(Tous peuvent être consultés en détail sur le site web IPB, www.ipb.org).

Toutes ces actions ont été résumées dans le plan d’action IPB pour les années prochaines, détaillé pour les diverses sections, du désarmement aux armes nucléaires, en passant par les exportations d’armes et l’établissement intensif de coalitions. Le plan d’action met l’accent en particulier sur l’interconnexion de la question de la paix avec les défis du changement climatique et de la justice mondiale. Il était clair pour tous – présents et en ligne – qu’il y aurait un troisième congrès mondial IPB !

Beaucoup d’actions sont prévues, du congrès sur la paix et la justice dans la région méditerranéenne et alentour, à la participation aux protestations menées à l’occasion du 50ème anniversaire du premier sommet environnemental des Nations Unies et du 30ème anniversaire de la conférence de Rio de Janeiro sur l’environnement et le développement, ainsi que le forum social mondial du mois de mai au Mexique et le sommet de l’OTAN en juin en Espagne.

IPB, tout le mouvement international pour la paix, présent et en ligne, dans une impressionnante diversité et envergure – malgré toutes les restrictions de la pandémie – s’est fixé un ambitieux programme.

Nous percevons le besoin de revenir à une politique de sécurité commune 40 ans après la première d’Olof Palme, nécessite une grande collaboration, le dialogue et la négociation, ainsi qu’une compréhension mutuelle. IPB, avec le centre Olof Palme et ITUC, va œuvrer en faveur de cette idée de survie après ce congrès réussi. Des concepts tels que les propositions du Secrétaire Général des Nations Unies, du GIEC, le nouveau contrat social de l’ITUC, les SDG des Nations Unies malgré leurs faiblesses, indiquent la direction générale. La volonté politique de la plupart des dirigeants politiques du monde fait défaut. Nous avons besoin de plus d’éducation, plus d’information, plus de mouvement, plus d’actions pour le désarmement et d’une grande transformation socio-économique, qui peut être décrite comme la révolution participative du 21ème siècle. Le prétexte selon lequel il n’y a pas d’argent est ridicule, dès lors que nous gaspillons 2.000 milliards de dollars par an pour l’armement et que 1% de l’humanité est plus riche que 2/3 de celle-ci.

Ce congrès n’a été rendu possible que grâce au soutien financier de fondations politiques (en particulier RLS et Transform), de la ville de Barcelone et du gouvernement de Catalogne, ainsi que des associations internationales de syndicats – nous les remercions sincèrement.

Ce congrès est devenu une réalité grâce à l’engagement inébranlable des deux bureaux de préparation IPB à Berlin et Barcelone et les nombreux volontaires dont les efforts ont été essentiels dans l’organisation du congrès, qui ont aussi contribué à l’atmosphère follement positive de ce congrès.

C’était un congrès d’éveil, de formation du futur, de notre responsabilité pour sauver la planète, pour une culture de la paix. Les espoirs de plus d’engagement pour la paix dans le monde et plus d’actions, plus grandes, sont nécessaires, parce que nous voyons peut-être mieux que jamais auparavant quelle est l’alternative : la ruine et la barbarie ou l’humanité et la paix.

Par Reiner Braun, Directeur Exécutif de IPB

 

Traduction de l’anglais, Serge Delonville

L’article original est accessible ici