Nous sommes des migrants de Grèce. Nous avons été forcés de quitter notre pays et nous ne pouvons pas y retourner, en raison des impacts de la crise financière et des accords conclus. Les développements politiques et l’intensification de l’autoritarisme, de la brutalité et de l’oppression par l’Etat grec et la police nous emplissent de rage.

La gestion de la pandémie de la Covid-19 par l’Union Européenne a démontré la faillite des politiques néolibérales appliquées en Europe. Les bénéfices des sociétés pharmaceutiques sont prioritaires sur les besoins des gens pendant cette pandémie. Cela inclut une augmentation des attaques contre tous les biens publics qui ont été acquis lors de mouvements sociaux. L’Union Européenne a choisi de financer, sans aucune condition et en utilisant l’argent public, des entreprises privées et leurs programmes de recherche sur les vaccins. Cela démontre que la crise est utilisée comme une opportunité de faire des bénéfices. Utilisant la pandémie comme excuse, les pays européens ont intensifié l’autoritarisme, ont réduit au silence et opprimé toute voix progressiste s’opposant à ces arguments et pratiques gouvernementales.

En Grèce, la pandémie se heurte à un système national de santé (ESY) privé et discrédité, conséquence des mesures d’austérité imposées. Le gouvernement ne veut ni augmenter la capacité du système de santé, ni embaucher davantage de professionnels de santé, ni fournir des fonds supplémentaires. Malgré les décès de nombreux patients en raison du nombre insuffisant d’unités de soins intensifs, le gouvernement n’a toujours pas fait appel aux cliniques privées.

Une série de confinements a été décrétée, mais les travailleurs se sont regroupés sur leurs lieux de travail et ont pris les transports publics sans les mesures de protection adéquates, mettant en évidence une politique claire de lutte des classes.

Une autre réponse à la pandémie a été d’augmenter la capacité de la police en embauchant plus de policiers et en modernisant (remplaçant) les équipements utilisés pour réprimer les manifestations. Les forces de police ont distribué un grande nombre d’amendes de manière discriminatoire et abusive. Le montant de l’amende est équivalent à 60% du salaire minimum. La police est désormais présente dans chaque quartier, opprimant et frappant les familles et leurs enfants lors de leurs promenades quotidiennes dans les parcs locaux. On signale de plus en plus de cas de brutalité policière : enlèvements de citoyens et tortures ciblant des individus défendant certaines idéologies politiques, publication de données personnelles dans le cadre de la propagande politique, invention d’actes d’accusation non fondés par l’unité du contre-terrorisme, etc. Tout cela se déroule sous la direction des organes politiques en place. En parallèle, de nouvelles unités de police sont créées, non seulement pour contrôler les manifestations mais aussi pour réprimer le mouvement étudiant. Le gouvernement s’est retrouvé à deux doigts d’assassiner par vengeance le prisonnier et gréviste de la faim Dimitris Koufontinas, refusant de reconnaître ses demandes légitimes.

En pleine pandémie, alors que le droit de manifestation des citoyens est déjà bien limité, une loi a été votée pour restreindre encore davantage le droit de manifester. Dans le domaine de l’éducation a également été votée une loi qui va mener à la création et la mise en place d’une police à l’Université. D’autres lois sont en préparation, elles écraseront les droits des travailleurs.

Dès le début, le gouvernement a investi dans son image, en allouant des sommes énormes aux médias systémiques spécifiques mais aussi à ses alliés stratégiques comme l’Église Grecque. En plus de la propagande constante en faveur de la politique gouvernementale, les médias ont exclu les voix dissidentes et ont ouvertement couvert tout incident de violence policière et diffamé les victimes. Toute critique du gouvernement est uniquement exprimée sur les médias sociaux. Même là, la censure et les efforts du gouvernement pour passer les événements sous silence ont été observés. Le gouvernement choisit d’ignorer les foules dans les rues commerçantes et les églises, mais il interdit rassemblements et protestations sous couvert de la propagation du coronavirus. Toute forme de mobilisation est réprimée par une violence ouverte, la persécution des militants et le licenciement des syndicalistes. Dans ce contexte, le droit à la libre expression est de fait aboli.

En tant qu’immigrés, nous ne pouvons tolérer la politique du gouvernement et de l’U.E. envers les migrants en Grèce. Les personnes entassées dans des tentes n’ayant accès ni aux soins ni aux produits de première nécessité sont exposées à un certain nombre de maladies, dont le coronavirus. Même si elles parviennent à survivre à la traversée vers la Grèce, les risques demeurent : les autorités portuaires crèvent leurs bateaux, des fascistes tentent de les brûler vifs. Enfin l’état psychologique dans lequel elles se trouvent, associé à la paupérisation, les conduit dans certains cas au suicide. Nous refusons de nous habituer à la barbarie.

Nous savons que toute cette violence et cette répression sont le seul moyen pour le gouvernement de poursuivre les politiques du grand capital et son plan néolibéral. Nous condamnons toute forme de violence d’état. Nous condamnons toute politique qui conduit les gens à la pauvreté alors même que les élites s’enrichissent profitant de la pandémie. Nous exprimons notre solidarité avec les personnes qui luttent et tentent de survivre et de résister aux politiques gouvernementales.

Affiche par Jo Di

Les manifestations grandioses contre la « loi sécurité » en France, « kill the bill » au Royaume-Uni, les manifestations massives contre l’autoritarisme et la résistance dans les universités grecques contre la création d’une police universitaire, montrent la voie. La peur change de camp.

Nous déclarons notre présence, notre soutien et notre solidarité à ceux qui continuent à lutter durement, en Grèce et en Europe. Notre objectif est de coordonner et de participer à un champ d’actions paneuropéennes et mondiales plus large, allant dans le même sens.

Nous avons appelé à deux jours d’actions paneuropéennes et mondiales les 17 et 18 avril, à 14 heures, heure d’Europe Centrale.

 

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Signé par les collectifs:

Pays-Bas – REINFORM
Bruxelles – Grec.que.s solidaires de Belgique
Barcelone – GR Solidarity Initiative Barcelona
Birmingham – Birmingham résidents Mouvement contre l’Etat policier
Paris – Initiative des travailleurs.euses et étudiant.es grec.que.s à Paris
Édimbourg – Initiative de solidarité pour les migrants grecs Écosse
Édimbourg – Real Democracy Now Édimbourg GR
Édimbourg – «Solidarity @ Edinburgh, Solidary Edinburgh»
Oslo – IRANT
Irlande-Dublin – Greek Solidarity Ireland / Solidarity Without Borders
Greek Bristolirming Edin, Londres B, Newcastle, Brighton, Loughborough
Initiative Résidents de Munich contre la répression étatique en Grèce
Sydney – Initiative grecque contre l’impunité de la police
Résidents de l’Initiative Uppsala contre l’État policier
Leg, Mouvement Grecs en Allemagne
Initiative Résidents Danemark contre l’autoritarisme et l’État policier en Grèce
Initiative Résidents de Göteborg contre l’autoritarisme et l’État policier en Grèce
Berlin – Reakt-Aktion contre la répression

Événement Facebook:

 

Traduction de l’anglais, Frédérique Drouet