Par Jean-Marc Dunet

Le film « AFECTADOS » (en français : Rester debout) est sorti en France en novembre  Ce film se fait l’écho des victimes de la crise de 2008 en Espagne, des personnes expulsées de leur logement qui se regroupent pour faire face ensemble à cette situation.

Voici la vidéo d’un débat qui a suivi la projection d’AFECTADOS dans une salle parisienne. Le débat est animé par Bernard Friot, économiste et sociologue, connu pour sa participation à l’association ‘Réseau Salariat’.

Crédits vidéo : Nuit débout

Comme dans le film, Bernard Friot ne met pas l’accent sur les causes de la crise, sur les rouages de notre système économique et financier, mais sur la réaction des victimes de cette crise. Qu’est-ce qui a changé dans leur vie ? Pas seulement leur condition matérielle qui s’est dégradée. Non, quelque chose de bien plus profond s’est transformé, au point d’arriver à préférer la vie actuelle à celle d’avant la crise, même s’ils pensaient alors avoir une vie « normale ».

Qu’est-ce qu’une vie « normale » ? Pour être dans la norme, faut-il être propriétaire de son appartement, quand on voit comment en Espagne cette norme du propriétaire a été créée par le système bancaire et immobilier ?

La réponse donnée à la crise est la solidarité. Mais attention, Bernard Friot nous met en garde sur ce terme : ce que vivent les acteurs du film, ce n’est pas une solidarité à sens unique, comme celle que les états peuvent mettre en place, et que nous appelons assistanat. Ce n’est pas non plus la solidarité de celui qui a, envers celui qui n’a pas. Non, on parle ici de solidarité de co-responsabilité. Une solidarité que nous voyons dans le film quand les acteurs investissent les locaux d’une banque, quand ils échangent sur comment occuper des appartements vides.

Que ressentons-nous face à ceci, cette injustice et cette réaction de solidarité transformatrice vécue par les acteurs du film ? Quelle est notre perception, depuis notre pays ? Ne serions-nous pas tombés (encore) assez bas pour réagir ? Faut-il attendre d’être « au fond du trou » pour sortir de son égoïsme et faire appel au meilleur de l’être humain enfoui au plus profond de chacun ? Non, aujourd’hui, en Espagne comme ailleurs, il suffit d’ouvrir les yeux pour prendre conscience de l’urgence de la situation et de la nécessité d’une réaction.