« De bien des manières, le monde dans lequel nous vivons est injuste et inhumain, en particulier pour les jeunes. Notre modèle social est fondé sur une croissance économique illimitée, l’utilisation extensive des ressources naturelles, la prédominance du capital, de structures de domination, du patriarcat, de la concurrence, de la violence, de la confrontation, du conflit et de la guerre. Le capitalisme et le militarisme se renforcent, en détruisant les moyens d’existence de tous. » C’est ainsi que débute l’ébauche de la Déclaration de la jeunesse pour la démilitarisation, qui a été développée en préparation des réunions du rassemblement des jeunes au congrès pour le désarmement, qui commencera à Berlin fin septembre 2016.

Finançons la paix et non la guerre

Au milieu du surarmement mondial, des exercices de l’Otan en Europe de l’est, des guerres au moyen orient et en Ukraine –  pour ne mentionner que quelques zones de conflits – le Congrès International, à l’initiative du Bureau International pour la Paix (BIP), veut adresser un puissant signal, rationnel, soutenu par la science et évolutif, en faveur du désarmement et d’un climat pacifique. Le consensus est que nous ne pourrons résoudre les problèmes avec la violence militaire. Les fonds immenses engloutis par les guerres et l’équipement militaire (1.700 milliards de dollars en 2015) ne sont pas du tout justifiés par les résultats obtenus. Au lieu de cela, la paix devrait être financée à un niveau au moins comparable : programmes économiques, projets viables de médiation, de dépassement de la violence et de réconciliation, ainsi que d’autres concepts de résolution des conflits déjà développés et éprouvés.

« Ce qui est particulier dans ce Congrès » selon Lucas Wirl, organisateur du rassemblement des jeunes, « est qu’il ne se limite pas aux analyses et critiques, mais qu’il indique une voie possible, dont nous pouvons discuter dans tous les contextes sociaux. » A cette fin, des organisations internationales de syndicats, des associations d’économiques et environnementales ainsi que des représentants de différentes religions soutiennent le congrès et y participent. De plus, des scientifiques œuvrant pour la paix et la résolution de conflits, des experts en désarmement et des militants pacifistes se joindront aux discussions.

Les jeunes sont une cible privilégiée pour les militaires

« Les jeunes sont particulièrement affectés par le développement militaire dans le monde. » déclare Lucas Wirl. Ils constituent une cible de recrutement pour les groupes terroristes, mais aussi pour les armées nationales. La Bundeswehr (l’armée allemande) se rend de plus en plus dans les écoles et les lieux où se trouvent les jeunes, leur présentant des offres séduisantes et suggérant aux jeunes un futur sans risques, en contradiction avec le fait qu’ils seront probablement envoyés à la guerre. « Nous devons nous opposer à cela » indique Lucas Wirl.

Mais la première chose dont nous devons discuter lors du congrès, selon Lucas Wirl, est une critique contre le système capitaliste, que l’équipe préparatoire considère comme étroitement lié au militarisme. Le consumérisme, l’inégalité des chances, la concurrence : beaucoup de jeunes estiment que « quelque chose ne va pas ici. » Un participant a déclaré que les décideurs mondiaux seraient obligés d’offrir aux jeunes les moyens de transformer le monde : « Les jeunes doivent prendre ce dont ils ont besoin. Ils ne doivent pas se contenter de le demander poliment. » Lucas Wirl ajoute que « La déclaration concerne une transformation en une culture de coopération et de non-violence. »

Communication et écoute

Aux yeux de Lucas Wirl le programme concret du rassemblement des jeunes n’est pas le plus important. L’important c’est de commencer à se parler, que 50 à 80 jeunes provenant de 15 cultures différentes échangent à propos de leurs histoires, de leurs difficultés et expériences et préparent une déclaration commune. Il s’y tiendra des débats et discussions, ainsi qu’un programme de détente. « La communication et l’écoute », espère Lucas Wirl, « et la création d’un sentiment de cause commune. » Le prochain grand objectif sera l’organisation d’un congrès mondial des jeunes pour la paix.

Les jeunes peuvent encore s’inscrire au rassemblement des jeunes. Lucas Wirl souligne qu’il n’y a pas d’âge limite : « Même les gens qui se sentent jeunes ou qui travaillent avec des jeunes seront les bienvenus. » Au cas où des participants n’auraient pas de logement, l’ASIA (association des étudiants) propose un séjour dans ses locaux avec sacs de couchage. Lucas Wirl insiste encore sur l’importance de ce rassemblement. « Nous ne pourrons continuer si des jeunes ne commencent pas à s’organiser et à prendre des responsabilités. »

Inscription pour le rassemblement des jeunes

Lucas Wirl

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« La valeur la plus importante pour moi est la solidarité. J’entends par cela en premier lieu la solidarité entre les forts et les faibles. Une autre valeur essentielle est la compréhension mutuelle. Actuellement, certains groupes ne veulent pas se comprendre mutuellement et font leur propres campagnes. Et troisièmement, il importe de pouvoir décider indépendamment et librement de son temps. » (Note de l’auteure : lors de mes interviews, je demande toujours quelles valeurs comptent le plus pour mon interlocuteur.)

Traduction de l’anglais de Serge Delonville