Ce mercredi 3 septembre a été une journée intense, car nous avons continué à travailler à l’aménagement des bateaux et à la préparation du matériel essentiel, les lignes de sécurité pour pouvoir s’assurer et ne pas tomber à la mer pendant les quarts de nuit. Il fallait également nettoyer les réservoirs d’eau et préparer la cambuse, c’est-à-dire la nourriture que nous emporterons à bord pour au moins dix jours de navigation. Toutes ces tâches sont réalisées en quelques jours, mais elles nécessitent généralement beaucoup plus de temps.
Ce mercredi de grandes manifestations ont eu lieu à Catane et à Raguse – à Catane, il y avait 15 000 personnes. Les militants et militantes les plus expérimentés à qui j’ai parlé m’ont dit qu’une manifestation d’une telle ampleur n’avait pas été vue depuis longtemps, et surtout pas une manifestation aussi suivie sur la Palestine. De nombreux groupes ont chanté et il y a eu des connexions en ligne. Parmi eux, Moni Ovadia [NdT: acteur italien d’origine juive] nous a dit qu’il aurait été heureux de monter à bord, mais qu’en raison de son âge, il avait dû renoncer. Quoi qu’il en soit, il pensera à nous dès son réveil et jusqu’à ce qu’il se couche. Lors d’une liaison avec Gênes, nous avons pu ressentir la solidarité des dockers. Il a également été annoncé que les députées européennes Benedetta Scuderi de l’Alliance Verts Gauche et Annalisa Corrado du parti démocratique PD, le député Arturo Scotto du PD et le sénateur du Mouvement Cinq Étoiles Marco Croatti se rendront avec nous à Gaza.
Giuseppe Conte [NdT: président du mouvement Cinq Étoiles] et Elly Schlein [NdT: secrétaire du parti démocratique] ont demandé à la présidente Meloni de garantir la protection diplomatique aux hommes et aux femmes de la flottille, comme l’a fait le gouvernement espagnol avec les membres de nationalité espagnole.
En participant à la manifestation, en discutant avec les gens et en lisant les journaux grand public, qui ont consacré une large place à cette initiative, j’ai eu le sentiment que cette dépression et ce désintérêt, ce reflux mortel qui nous accompagnait depuis la fin du mouvement altermondialiste jusqu’à la victoire du gouvernement de droite il y a trois ans, étaient en train de s’effriter. C’est comme si cette initiative, peut-être un peu spontanée et utopique, avait brisé l’immobilité de ces dernières années de guerre et rouvert la possibilité d’un imaginaire, celui que nous appelions en 2001 « Un autre monde est possible ».
Traduction, Evelyn Tischer









