La pire erreur que l’on puisse commettre en lisant les informations est de supposer qu’il y a une bonne raison pour que les médias traitent d’un sujet de la manière dont ils le font. Qu’il y a une bonne raison pour qu’Israël-Palestine soit présenté comme une question complexe et moralement ambiguë, sans issue claire, même si tout cela vous semble évident. Qu’il doit y avoir une raison valable et légitime pour qu’un sujet soit plus couvert qu’un autre apparemment beaucoup plus important, comme la libération d’un otage israélo-étasunien qui est actuellement beaucoup plus couverte par les médias que la famine délibérée d’une enclave entière remplie de civils.
En réalité, il n’y a aucune raison valable et légitime pour que de telles choses soient couvertes comme elles le sont. La couverture médiatique est telle qu’elle est parce qu’elle sert les intérêts d’information d’Israël et de l’empire occidental, et pour aucune autre raison.
Une grande partie de l’ignorance occidentale est facilitée par la manière manipulatrice dont les médias impériaux rendent compte de ce qui se passe dans le monde. Les gens supposent que parce qu’ils n’entendent pas parler d’un sujet donné tout le temps ou sur un ton particulièrement urgent, il ne doit pas s’agir d’un sujet particulièrement important qui nécessite leur attention. Ils supposent que si l’une des parties d’un conflit n’est pas présentée comme étant clairement dans l’erreur, alors elle ne doit pas l’être.
Les Occidentaux supposent que si le monde vivait un nouvel Holocauste, une nouvelle traite transatlantique des esclaves ou une nouvelle crise des missiles de Cuba, ils en entendraient parler dans les journaux avec un degré d’urgence approprié. Mais ce n’est tout simplement pas ainsi que les choses fonctionnent. La seule raison pour laquelle le public occidental est informé de tout ce qui se passe de grave à un niveau élevé de fréquence et d’urgence, c’est lorsque cela convient à l’empire occidental, comme lorsque la Russie a envahi l’Ukraine. Lorsque cela s’est produit, tous les médias occidentaux en ont fait leurs choux gras pendant des lustres, et la Russie a été clairement présentée comme l’agresseur maléfique, toutes les agressions de l’OTAN qui ont provoqué l’invasion n’étant absolument pas mentionnées.
Lorsque les gens entendent le mot « propagande », ils ont tendance à penser qu’il signifie la même chose que « mensonges », mais ce n’est pas exact. La propagande domestique dont les Occidentaux sont abreuvés par les puissants ne consiste généralement pas en des fabrications pures et simples, mais plutôt en des distorsions, des demi-vérités, des accentuations manipulées et des mensonges par omission.
La plupart des pires choses que les États-Unis et leurs alliés font dans le monde sont rapportées avec précision par la presse occidentale à certains moments et dans certaines publications, mais elles ne sont tout simplement pas mises en valeur et amplifiées après ces brèves mentions. Si vous regardez les liens hypertextes que je cite dans mes articles pour décrire la criminalité de l’empire, vous verrez qu’ils proviennent généralement de la presse grand public ou d’un autre auteur indépendant qui cite des informations grand public. La différence est que je mets régulièrement en lumière ces aveux, alors que les médias impériaux les mentionnent une fois au milieu d’un article, quelque part, et laissent ensuite l’actualité quotidienne les emporter dans le trou de la mémoire.
La propagande occidentale ne consiste pas tant à manipuler ce qui est rapporté qu’à manipuler la manière dont cela est rapporté. La fréquence à laquelle une chose est mentionnée. La fréquence à laquelle l’auteur d’un abus est explicitement nommé. Le type de langage utilisé pour décrire un délit donné. Ces ajustements peuvent sembler insignifiants lorsqu’ils sont décrits, mais lorsqu’ils sont mis en pratique de manière généralisée, ils sont extrêmement efficaces pour façonner la perception publique des affaires mondiales.
La seule façon de contourner ce problème est de maintenir une conscience aiguë de ce qui est rapporté tout en ignorant les facteurs de distorsion tels que la fréquence, l’emphase et le ton. Vous devez vous concentrer sur les données brutes de ce qui est rapporté sur ce que fait l’empire au jour le jour, sans laisser votre perception être colorée par la manière dont ces données sont rapportées. Si vous tombez sur une information clé concernant la criminalité de l’empire, vous devez la retenir et vous souvenir de son importance, car la presse impériale ne vous le rappellera certainement pas. La semaine prochaine, elle fera comme si rien ne s’était passé.
Il est étrange de constater à quel point la réalité est déconnectée de la manière dont les médias relatent les événements mondiaux. Ils mentionnent parfois des choses importantes, mais il n’y a aucun sens de proportionnalité dans tout cela. C’est comme si vous étiez au restaurant avec un ami et que l’uniforme d’un serveur prenait feu, et que votre ami mentionnait simplement « Oh, ce type est en feu » avant de reparler du repas pour le reste de la conversation pendant que le type brûle à mort à l’autre bout de la pièce. C’est tout à fait surréaliste.
L’une des choses les plus importantes à faire pour conserver une vision du monde fondée sur la vérité est donc de prendre le contrôle total de votre propre compréhension de l’importance des éléments d’information qui entrent dans votre champ de vision. Vous ne pouvez pas compter sur les autres pour vous dire à quel point ils sont importants, car toutes les voix les plus amplifiées et les plus influentes de notre société s’efforcent de manipuler votre compréhension de leur importance, et la plupart des gens ordinaires avec lesquels vous interagirez sont manipulés par ces voix dans une certaine mesure. Le discours politique public est largement dominé par ces distorsions.
Vous devez interpréter vous-même l’urgence et l’importance des informations. En vous tenant debout et en regardant les données brutes d’un œil neuf avant qu’elles ne soient mélangées par la machine à manipuler impériale, vous rendez votre esprit beaucoup plus difficile à plier à la volonté de l’empire.
