Le 14 février dernier, Portage, centre de réadaptation en toxicomanie, célébrait ses 50 ans d’existence puisqu’en 1973, son premier Centre de réadaptation résidentiel ouvrait ses portes au lac Écho, à Prévost. Depuis, treize centres, répartis à travers le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, ont vu le jour.

Pour ce survol des 50 années de vie de Portage, le Journal a rencontré Sylvain Harvey, qui fut directeur des programmes de Portage, lac Écho, pendant nombre d’années et qui occupe, maintenant, le poste de directeur des propriétés, immobilisation et ressources matérielles. 

Pour Portage, cette date du 14 février est importante. À chaque année, ancrée dans les us et coutumes de l’organisme, tous les centres de Portage, quelle que soit la province, soulignent cet évènement désigné Journée de la métamorphose. 

La Journée de la métamorphose

Lors de cette journée, les papillons en sont le signe de l’espoir pour les usagers qui sont en démarche thérapeutique. La philosophie qui étaye cette symbolique, se décrit ainsi :

« D’un cocon qui se développe, un papillon en sort pour prendre un nouveau départ ».

Peter A. Howlett, président de Portage, a précisé dans son communiqué de presse qu’il voulait aussi, lors de la célébration du 50e, honorer la mémoire de sa mère Alphonsine Howlett, travailleuse communautaire ayant contribué à la création de ce projet.

À l’occasion des festivités du 50e anniversaire, Portage a déployé une campagne nationale de sensibilisation intitulée ToxicoMalpris. Cette campagne de sensibilisation cible l’isolement dont peut être captif le toxicomane.

Qu’est donc Portage ?

Depuis sa création, Portage a aidé plus de 40 000 personnes grâce à une approche unique, appelée démarche thérapeutique communautaire. Par ailleurs, le nom Portage a été choisi pour symboliser le processus de réadaptation : trouver une façon de contourner un obstacle pour continuer son parcours.

Le tout a débuté lorsqu’un groupe de citoyens a constaté une progression accrue de la consommation de diverses drogues. Préoccupé par le manque de ressources, ce groupe s’est lancé à la recherche d’un concept. 

La solution fut d’ouvrir un centre de réadaptation résidentiel pour adultes en toxicomanie au lac Écho. Dès lors, Portage fut le précurseur de treize programmes uniques qui sont appliqués dans les centres de trois provinces : le Québec, l’Ontario et le Nouveau-Brunswick. 

Pour avoir accès aux divers programmes de Portage, il y a différentes portes d’entrée : la protection de la jeunesse (DPJ) dans le cas des adolescents, les services sociaux, les professionnels de la santé, les parents ou son entourage, et finalement, le toxicomane lui-même.

Cet organisme offre des services adaptés aux adolescents anglophones et francophones, aux adultes souffrant de problèmes de santé mentale, aux mères ayant de jeunes enfants, aux femmes enceintes, aux adultes ainsi qu’aux membres des Premières Nations et des communautés Inuit.

Au Québec et ailleurs 

Portage conscient que le besoin est immense, fier de la réussite de son programme au lac Écho, ne s’est pas limité, uniquement, à la région des Laurentides.

« Intervenir où sont les besoins », une maxime que Portage a appliquée au cours de ces 50 années d’existence. Québec, Saint-Damien-de-Buckland, Saint-Malachie, dans Chaudière-Appalaches sont des endroits où des centres ou des programmes ont été implantés.

Hors des frontières du Québec, des centres ont été construits en Ontario et au Nouveau-Brunswick. De plus, en 2011, une entente a été signée à l’intention des Premières Nations au Québec. 

Finalement, fort d’une expertise indéniable, Portage exporte son expertise dans de nombreux pays en qualité de consultant.

L’apport de ressources financières importantes

Centre privé conventionné, Portage, par contrats avec les différents ministères de la Santé et des Services sociaux, peut offrir des services gratuits à tous les gens qui habitent au Québec. 

« Comme les contrats des ministères qui sont des ententes spécifiques ne couvrent pas nécessairement tous nos frais, des campagnes de financement, différentes autres collectes de fonds organisées par la Fondation viennent bonifier et supporter nos programmes, nous donnant ainsi la possibilité de continuer à offrir des services gratuits et de qualité. Il en est de même pour les autres provinces », précise Sylvain Harvey.

L’approche de la communauté thérapeutique

Spécifique à Portage, ce type de thérapie progressive de six mois implique que l’usager (nom donné aux toxicomanes qui participent à ces programmes résidentiels) s’engage dans cette démarche autant avec les autres usagers qu’avec les membres de sa famille qui ont, eux aussi, accès à un intervenant selon leurs besoins.

La vie quotidienne se déroule en groupe du coucher au réveil. Les usagers s’entraident. Tous ont des responsabilités en commençant par prendre soin de leur espace individuel alloué dans chacun des dortoirs. 

La notion de communauté s’applique aussi aux membres du personnel. L’équipe multidisciplinaire travaille main dans la main. Seuls quelques professionnels comme ceux des soins de santé et les chefs de service ont un bureau réservé aux rencontres individuelles. Tous les autres intervenants psychosociaux travaillent dans des salles communes, ce qui permet un échange d’informations.

Au lendemain de la démarche de réadaptation

Tout usager qui termine la phase résidentielle de sa réadaptation a accès au programme de réinsertion sociale pendant un an. Pour les soutenir dans cette seconde démarche, Portage a construit, à Montréal, deux projets totalisant 40 unités de logements sociaux dans le cadre du programme AccèsLogis Québec. De plus, il travaille sur un troisième projet de 30 unités.

Le programme MIRE (Mouvement pour l’intégration et la rétention en emploi), implanté autant à Montréal qu’à Québec, est un programme d’employabilité de préparation à l’emploi étalé sur six semaines. Une banque d’employeurs et un service de conseillers en orientation sont disponibles en tout temps.  

Pionnier un jour, à l’avant-garde toujours

Portage n’a jamais cessé de se renouveler. D’ailleurs, la création de ses treize programmes en matière de dépendance le prouve. Toujours en effervescence, un autre projet a vu le jour au cours de cette dernière année : une application mobile de soutien aux personnes qui terminent leur programme de réadaptation.

Jacinthe Laliberté

L’article original est accessible ici