La musique traditionnelle québécoise n’est pas toute jeune. Riche d’une histoire marquée par diverses influences musicales, elle est en perpétuelle évolution et continue, de génération en génération, à séduire le cœur des Mauriciens et des Mauriciennes. La région compte en effet deux groupes de musique traditionnelle acclamés à l’international. 

Un peu d’histoire

Lorsque les colons français accostent sur les rives du Saint-Laurent, ils apportent avec eux leurs coutumes, leur manière de vivre et leur musique. Si certaines chansons folkloriques nous viennent directement de la tradition médiévale, celles-ci n’ont cessé d’être transformées et renouvelées au fil des générations, chacune se les appropriant avant de les transmettre. Les paroles se voient adaptées à la réalité québécoise et sont plus violentes et mouvementées que dans leurs versions françaises en plus de mettre en scène des voyageurs et des ouvriers.

Si les paroles sont influencées par nos origines françaises, il en va tout autrement pour la musique. Exempte des contraintes linguistiques inhérentes à la chanson, la musique traditionnelle québécoise a grandement été influencée par la musique celte qu’ont apportée les immigrants irlandais et écossais sous le Régime britannique (1760-1840). L’influence celtique s’est particulièrement fait sentir en Gaspésie, en Outaouais et aux Îles-de-la-Madeleine. Il faut dire que la musique traditionnelle québécoise, contrairement à d’autres, n’a pas de cadre fixe, ce qui offre aux musiciens et aux musiciennes une grande liberté de création. C’est également ce qui fait en sorte que la musique folklorique du Québec n’est pas identique d’une région à l’autre, ce qui lui procure un dynamisme et une vivacité incontestables. 

Quelques caractéristiques non restrictives

L’absence de code ou de contraintes formelles rend toutes tentatives de définition de la musique traditionnelle québécoise caduques. Celle-ci est impossible à circonscrire et tant mieux! Notre tradition musicale se protège ainsi de la sclérose et demeure vivante en se renouvelant continuellement. Trois choses la caractérisent tout de même : ses mesures irrégulières, ses paroles et ses instruments. 

Depuis le début, les chansons traditionnelles du Québec tendent à être des complaintes ou des satires qui reflètent les dures conditions de vie de la classe paysanne et ouvrière. De La Bolduc aux Cowboys Fringants, c’est le même refrain. Le vocabulaire est simple, accrocheur, mordant et surtout, il interpelle l’auditoire qui peut s’identifier à ce qu’il entend. 

Sans surprise, le violon est l’instrument le plus courant dans la musique folklorique québécoise et ce, depuis son apparition dans la province au début du XVIIIe siècle. Introduit en 1892, l’accordéon diatonique, originaire d’Allemagne, offrira une forte compétition au violon à titre d’instrument national en prenant rapidement une place importante dans le répertoire québécois. Ces deux instruments sont souvent accompagnés par un harmonica, introduit en 1866 par l’intermédiaire des États-Uniens, ainsi que par d’autres instruments de percussion rudimentaires tels que les cuillères en bois, les osselets et les tapements de pied. Il faudra attendre le XXe siècle pour que le piano, la guitare et le banjo se répandent comme instruments d’accompagnement et l’après Seconde Guerre mondiale pour que la basse et la batterie fassent leur apparition. 

Pour n’en nommer que quelques-uns

Des États-Unis à la Chine, de la France à l’Allemagne, Les Tireux d’Roches, créé en 1998, et Les Grands Hurleurs, fondé en 2009, sont deux groupes originaires de la Mauricie qui ont su gagner le cœur du public d’ici et d’ailleurs. Nominés et récipiendaires de nombreux prix, tels que celui de l’album traditionnel de l’année remis par l’ADISQ, ces deux groupes se sont taillé une place de choix dans le paysage musical de la province. Fusionnant habilement musique traditionnelle québécoise et musique du monde, ces artistes donnent un nouveau souffle à notre folklore et nous rappellent que « tradition » et « nouveauté » ne sont pas incompatibles. 

Parcourant le Québec depuis plus de vingt ans, Les Cuillères à Carreaux, un autre groupe de la région, réussit, malgré l’absence de reconnaissance institutionnelle, à remplir les salles partout où il passe, éveillant un esprit festif qui donne immanquablement envie de danser et de taper du pied.

Marilyne Brick

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