Les mots sont structurants. Intangibles, ils nous aident pourtant à matérialiser nos vies et nos relations. Ils nous aident à nous incarner et à nous organiser. A l’heure de fortes turbulences et de mutation anthropologique majeure, les mots offrent des clés de lecture globales, fines et denses. Ils éclairent notre présent et ce que nous choisissons d’en faire.

L’ouvrage « l’Esprit des mots », ce sont vingt-deux mots, vingt-deux portes d’entrée différentes et complémentaires sur l’évolution et l’état de notre civilisation. Ce sont vingt-deux manières pour se positionner, agir et quitter la voie anesthésiée et amnésique toute tracée de notre société actuelle.

La situation contemporaine n’était pas inévitable. Elle s’est sournoisement installée au fil des siècles. La normalité actuelle n’est en définitive qu’incohérences. Ce que nos prédécesseurs ont acceptés, pour de bonnes et de mauvaises raisons n’est pourtant pas figé. Que choisissons-nous d’en faire aujourd’hui ? Un patrimoine se construit, il se module et s’oriente. C’est l’une des ouvertures de l’ouvrage.

« L’Esprit des mots » : c’est ma proposition d’explorations anthropologique pour retrouver sens et cohérence à notre époque. L’édition initiale publiée en 2019 était déjà très critique, parfois radicale, peut-être encore trop avant-gardiste, pas assez d’actualité, pas suffisamment entendable.

Depuis quatre ans, impossible de rester de marbre entre les « effets covid », les prises de consciences successives sur l’état de notre civilisation et les désillusions cumulées par rapport à nos institutions. L’expérience quasi mondiale vécue active des remises en question profondes, elle donne de la voix à des critiques lucides récemment encore inenvisageables dans des proportions suffisantes.

Les mentalités frétillent, les réactions sont encore trop timides, les actions à mener pourtant inévitables effraient, les issues sont sans appel.

L’avantage est que dorénavant, les repères historiques s’écroulent, l’impensable devient possible, et même réel, d’abord par l’expérience récente collectivement vécue. L’émancipation est déjà à portée, même si une partie de la population continue de se satisfaire d’un confort devenu indécent.

Peu importe la cadence et les proportions, tous les champs de notre quotidien sont à questionner, à relativiser, à remettre à jour et à redéfinir selon les contextes actuels que nous identifions acceptables. Il est question de renouer avec une cohérence ancestrale et contemporaine à la fois, celle de raviver les fondements profonds de notre condition humaine.

Sans être exhaustif, « L’Esprit des mots » propose d’explorer vingt-deux champs incontournables de notre quotidien : Anthropologie, Croyance, Culture(s), Don, Éducation, Geste, Habitat, Hygiène, Jeu, Loisir, Métier, Mouvement et changement de situation, Nature, Nomade, Outils, Patrimoine,
Grand récit des activités humaines, Réseau, Sacré, Vide. Un prochain volume en préparation complètera ce panorama structurant des sociétés humaines.

L’Esprit des mots est l’histoire d’un défi : celui de dévoiler ce que les mots montrent de notre civilisation, malgré nous. Il s’agit d’abord de dévoiler comment l’utilisation de mots anodins et galvaudés nous impose une pensée uniformisée, trompeuse et manipulatoire ; il s’agit d’identifier ensuite les dysfonctionnements de notre société ; il s’agit aussi de parier qu’une mise à jour de notre système de pensée est possible pour résorber le vide de sens constaté dans nos sociétés. Il s’agit enfin de présenter une lecture singulière du monde contemporain avec une perspective sur l’histoire longue de notre espèce et de nos sociétés.

L’ouvrage porte ainsi un regard inédit, engagé et critique sur notre civilisation.

L’Esprit des mots est une invitation à décoloniser la pensée dominante actuelle. Il s’agit de bousculer le prêt-à-penser, de réinvestir les mots pour se réinvestir soi-même.