Le Guatemala traverse un des épisodes les plus sombres de son histoire récente. La population est  désemparée et impuissante face au pouvoir des mafias, elle est paralysée face à la réalité d’un Etat séquestré par les organisations criminelles qui agissent en connivence avec les plus hautes autorités  la condamnant ainsi à la peur et à la soumission.  Les efforts de ces groupes pour s’approprier le dernier bastion de la justice – La Cour Constitutionnelle – portent un sinistre message : la démocratie, qui a coûté tant de sang et de souffrance depuis l’époque des dictatures, est sur le point d’être écrasée par un pacte entre des politiciens, des élites économique et des militaires ignorants, cupides, obtus et avides de pouvoir.

Le scénario actuel semble avoir été planifié en détail afin d’effacer toute tentative d’opposition citoyenne et commence à se dessiner une tentative d’en finir avec une quelconque lueur de respect de la Constitution et de ses mandats. La citoyenneté, ce conglomérat où est supposé  résider le pouvoir, se trouve assiégé et  les enfants, les adolescents et les femmes semblent avoir été soigneusement choisis comme victimes expiatoires de cette scandaleuse manœuvre, destinée à faire taire la rébellion, à maintenir les masses au silence et les obliger à accepter l’inacceptable.

Les enlèvements, les disparitions, les viols et les assassinats d’enfants et d’adolescents ont atteint des niveaux terrifiants. Les messages d’alerte sont devenus quotidiens et, par la même occasion, ont cessé de provoquer des réactions, créant une atmosphère d’accoutumance aux pires actes de violence contre les secteurs les plus inoffensifs et vulnérables de la société. Le Guatemala face à la communauté internationale apparaît comme le pays de l’impunité, comme une nation où le crime organisé règne et décide du destin du pays, comme un territoire dépourvu de justice où seul opère la loi de l’importance du pot-de-vin.

Cette honte de niveau planétaire n’affecte pas les affaires des mafias, mais constitue un immense fardeau et une menace permanente pour l’avenir du pays, dont la population observe impuissante comment ses rares opportunités de réaliser un développement sont jetées à la poubelle car jusqu’à présent elles ont été systématiquement sabotées par ses élites économiques et les cadres politiques les plus arriérés et les plus corrompus. Chaque tentative pour changer cet état de fait, parfaitement consolidé afin de maintenir les privilèges de ces secteurs, a besoin de l’intervention directe des citoyens. Mais les gens ont peur et cette peur laisse librement l’accès au pouvoir à ces criminels.

Des fillettes, des garçonnets et des adolescents sont kidnappés, violés et assassinés par le système. Pour ces vies innocentes il n’existe pas de justice, leur sort dépend des institutions capturées par des individus néfastes en collusion avec les auteurs, et où l’indifférence et l’inaction de ces institutions semblent faire partie du pacte criminel. On ne frappe pas, on ne viole pas, on ne tue pas les filles. Ceux qui commettent ces atrocités sous la protection d’un système judiciaire apathique et corrompu méritent des punitions exemplaires et définitives. De la même façon ceux qui prétendent, dans une attitude paternaliste et condescendante, soumettre les filles, les garçons, les adolescents et les  femmes à l’enfermement afin de ne pas être les victimes de ces actes vils, se convertissent en complices des criminels. Prétendre les rendre responsables des terribles attaques qu’ils subissent dans tous les espaces est une aberration absolue. Les rues, les écoles, les temples et les foyers doivent être des sanctuaires de protection pour les membres les plus précieux de la société et non des recoins propices à tous les abus.

 

Traduction de l’espagnol, François Giorgi