Ce lundi 22 mars 2021, l’humanité a célébré la journée mondiale de l’eau. En République de Guinée, la célébration de cette journée n’a pas connu d’engouement mais le ministère de L’hydraulique et de l’assainissement a mis l’occasion à profit pour faire une déclaration. Une déclaration dans laquelle, le Ministre Papa Koly Kourouma n’a pas manqué de crier au déficit enregistré aux cours des deux dernières décennies.

Selon le ministre de L’hydraulique et l’assainissement, « la capacité nominale de production existante étant de 150 000 m3/jour, il se dégage un déficit de 250 000 m3/jour (environ 62,50 %) ».

Presenza vous propose ci-dessous l’intégralité du discours du ministre Papa Koly Kourouma à l’occasion de cette journée mondiale de l’eau.

Mes chers compatriotes,

En 1992, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement (CNUED) a recommandé qu’une journée internationale soit consacrée aux ressources en eau douce. Le 22 décembre 1992, l’Assemblée générale des Nations Unies adoptait la résolution A/RES/47/193 déclarait le 22 mars 1993 première Journée mondiale de l’eau.

Pour renforcer l’action mondiale, l’Assemblée générale a proclamé la Décennie internationale d’action « L’eau, source de vie » (2005-2015) et l’actuelle Décennie internationale d’action « L’eau et le développement durable » (2018-2028). Cette dernière met l’accent sur le développement durable et la gestion intégrée des ressources en eau à des fins sociales, économiques et environnementales, et sur la mise en œuvre et la promotion des programmes et projets connexes

Mes chers compatriotes,

Depuis 1993, le 22 mars de chaque année, l’humanité célèbre la journée mondiale de l’eau. Cet évènement est l’occasion pour mettre un accent particulier sur l’importance de l’eau pour l’humanité et pour sensibiliser à la situation des 2,2 milliards de personnes qui vivent dans le monde sans accès à l’eau salubre.

L’un des principaux objectifs de la journée mondiale de l’eau est de soutenir l’atteinte de l’objectif de développement durable n°6 : « Eau propre et assainissement pour tous d’ici à 2030. »

Le thème de cette année porte sur « la place de l’eau dans nos sociétés et comment la protéger ».

Chers compatriotes,

Pour ma part, je tire l’importance de l’eau dans nos sociétés, des enseignements coraniques et bibliques.

L’eau couvre environ 70% de la planète, c’est-à-dire environ 1,4 milliards de km³. C’est pour cela qu’on donne souvent à la Terre le nom de planète bleue. Dans toute cette eau, 97,2% est de l’eau salée et seulement 2,8% est de l’eau douce.

L’eau pourrait manquer dans un proche avenir pour deux raisons : le changement climatique et la croissance démographique. Elle ne manquera pas pour l’usage domestique, qui représente de petits volumes. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement, dont sont privés 2,2 milliards d’êtres humains, est une question de financement et de gestion des équipements, pas de manque d’eau.

Le changement climatique augmentera sans doute les précipitations, mais en altérera la distribution : la ceinture désertique (latitude du Sahara) se déplacera vers les hautes latitudes, et il pleuvra plus aux latitudes septentrionales et sous les tropiques. L’Afrique du Nord, le Sud de l’Europe, l’Afrique du Sud, l’Australie et l’Amérique du Sud seront moins arrosés. Des problèmes se poseront donc sous les latitudes méditerranéennes.

En 2050, la population mondiale passera à 9 milliards (entre 8 et 12). La nourriture de cette population représentera l’essentiel des besoins en eau.

De ce qui précède, l’impérieuse nécessité de préserver les ressources en eau s’impose, nous devons protéger la ressource eau. « L’utilisation de l’eau au niveau mondial a été multipliée par six au cours des 100 dernières années et continue d’augmenter progressivement d’environ 1% par an », rapporte le Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau 2018.

Mes chers compatriotes,

Au moment où l’humanité célèbre la journée mondiale de l’eau, le secteur urbain de l’eau dans notre pays traverse une zone de forte turbulence marquée par un manque d’investissement depuis deux décennies.

En effet, la Guinée a connu une croissance rapide de sa population, le nombre de personnes vivant dans les zones urbaines est passé de 16,6% en 1971 à 36,9% en 2020. On estime que dans les dix prochaines années, plus de la moitié de la population guinéenne vivra en milieu urbain.

A date, le taux d’accès global des populations urbaines à l’eau potable à travers les réseaux de la SEG est d’environ 31% (dont 40 % à Conakry et 26% dans les villes de l’intérieur) avec une desserte par intermittence ou par délestage. Ce constat nous éloigne de l’objectif de 75,6% fixé pour le sous-secteur de l’eau urbaine dans le PNDES (2016-2020).

A la fin de l’année 2020, l’étude du Schéma Directeur d’Alimentation en Eau Potable du Grand Conakry vu l’horizon 2040, réalisée sur financement de la Banque Mondiale, estime les besoins de production d’eau potable pour la ville de Conakry à environ 400 000 m3/jour pour une population de 2,7 millions d’habitants. La capacité nominale de production existante étant de 150 000 m3/jour, il se dégage un déficit de 250 000 m3/jour (environ 62,50 %).

Ce plan Directeur prévoit respectivement en 2030 et 2040 des besoins de production d’eau potable pour le Grand Conakry de 550 000 m3/jour et 810 000 m3/jour pour des populations respectives de 3,64 millions et 5,02 millions d’habitants, soit des déficits de l’ordre de 400 000 m3/jour en 2030 et 660 000 m3/jour en 2040 si aucun investissement n’est réalisé pour inverser cette tendance.

A ce rythme, la pénurie d’eau risque de devenir un obstacle au développement économique et social si des dispositions urgentes ne sont pas prises dès maintenant.

Chers compatriotes,

Sous le leadership de Son Excellence le Professeur Alpha Conde, le Gouvernement guinéen fait de l’accès à l’eau une priorité.

Cette vision est en train d’être exprimée à ce jour par une volonté politique du Président de la République, pour engager un certain nombre de réformes d’une part à travers la création depuis 2019 d’un département ministériel spécifique qui s’occupe de l’hydraulique et de l’Assainissement, d’autre part par la définition d’une Politique de l’eau dont l’objectif global est de « faire de l’eau à l’horizon 2040, un facteur déterminant du bien-être social, un vecteur de croissance économique inclusive et un levier de l’intégration sous régionale et de la coopération transfrontalière en matière d’eau ».

Ainsi, la mise en œuvre des projets comme le 4ème projet eau de Conakry, le Projet Urbain d’Eau de Guinée, le projet d’adduction d’eau des villes de Gaoual, Lélouma, Lola, Tougué, et Yomou qui sont en cours d’exécution mais aussi le projet d’adduction d’eau de Fria, Koubia et Beyla pour lequel des efforts sont déployés en vue de mobiliser des fonds de financement permettront de réduire ce déficit actuel.

Mes chers compatriotes,

Je profite de cette journée pour lancer une invite à tous les acteurs impliqués dans la gestion de l’eau d’accroître leur contribution chacun en ce qui le concerne au développement et à la protection de cette ressource vitale qui est l’eau.

Aux Partenaires Techniques et Financiers merci pour les contributions et bienvenue aux nouveaux accompagnements.

A tous les usagers, qu’ils soient publics, privés ou personnes physiques, payez vos consommations d’eau pour garantir et bénéficier des services d’eau.

Vive la Journée Mondiale de l’Eau.