Avec l’arrivée de nouveaux acheteurs du bois venant de la Chine y compris Hong Kong, Taïwan, le Vietnam et l’Italie, l’exportation du bois en grume connaît un grand bond ces dernières années.

Dans un contexte marqué par la lutte contre le Covid19, les ministres des forêts, de l’industrie et de l’environnement de la sous région Afrique centrale se sont réunis par vidéo conférence le 18 septembre 2020 pour parler de l’avenir de la forêt en Afrique centrale. La principale décision de cette rencontre est l’engagement pris par ces pays d’Afrique centrale de mettre fin à l’exportation du bois en grume d’ici 2022. Avec près de 24,3 millions d’hectares de forêt, le Cameroun regorge le quatrième massif forestier d’Afrique Centrale. Cette ressource entraîne l’exploitation illégale du bois qui est un phénomène largement répandu dans les pays africains, qui est à l’origine de la mauvaise conservation des forêts et du commerce illégal du bois. Depuis 1993 le législateur camerounais a adopté une loi obligeant les exploitants forestiers à transformer 70% des grumes sur place.

Selon l’Organisation Internationale des Bois Tropicaux, en 1993 environ 60% du bois produit par le Cameroun, soit environ 2,5 millions de m³ de grumes était transformé sur place. Avec l’arrivée des acheteurs venus des pays asiatiques en dehors d’acheteurs européens, cette tendance a été inversée en 1997 avec une exportation de 2 millions de m³ des 3,4 millions de m³ produit. Ce qui correspond à près de 60% de grumes exportées. Cette situation a conduit à une exploitation abusive de certaines essences essentielles des forêts du Cameroun. D’où la signature par le premier Ministre du Cameroun du décret N° 99/781/PM du 31 octobre 1999 sur la modalité d’application de l’article 71 (1) (nouveau) de la loi N° 94/01 du 20 janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche. Ce décret définit la liste d’espèces interdites d’exportation sous forme de grumes sur le territoire national. Cette décision venait ainsi stopper la coupe inquiétante de l’Ayous et du Sapelli, essences constituant 50% d’exportations de grumes du pays dont la rareté commençait à se faire sentir. Selon un rapport de l’ONG TRAFFIC, « Entre 2004 et 2012, les exportations de grumes ont augmenté de 173% constituées principalement du Tali, de l’Okan, de l’Ayous, de l’Azobe et d’Ekop» .

Prenant l’engagement d’interdire l’exportation du bois en grume en 2022, les gouvernements des pays producteurs de bois de la sous région Afrique centrale ont ainsi bien compris que la vente du bois brut prive les pays concernés de la valeur ajoutée que devrait apporter l’industrie en cas de transformation sur place. Il est certain que l’interdiction de l’exportation du bois en grume développe l’industrie nationale de transformation du bois. Vue sous l’angle de développement durable, une telle décision sera très bien appréciée par les organisations de protection de la nature, qui trouveront en cela un moyen de plus pour réduire la pression humaine et commerciale sur les forêts d’Afrique.

Toutefois, les filières de transformation et d’exportation du bois au Cameroun sont encore confrontées à un certain nombre d’obstacles à l’instar des procédures qui sont souvent lourdes et prolongées dans la procédure d’enregistrement en tant que transformateur de bois. D’autres faiblesses et failles résident dans le cadre juridique et législatif sans oublier le difficile partage d’informations entre les entités ministérielles qui interviennent dans le domaine. Le réseau de surveillance du commerce des animaux et plantes sauvages, principale organisation non-gouvernementale qui s’occupe au plan mondial des espèces animales et végétales sauvages dans un contexte marqué à la fois par les nécessités de conservation de la biodiversité et du développement durable, dénommé TRAFFIC, révèle que « Le manque de communication se traduit souvent par l’absence d’enregistrement des entreprises exportatrices de bois dans le système de contrôle et de surveillance du Ministère des Forêts et de la faune». À propos de la fiscalité forestière, le système actuel de taxation n’est pas totalement applicable aux petits exploitants forestiers ou artisanaux qui exercent dans le secteur informel, ce qui entraîne une perte importante de revenus pour l’État.