Pressenza Colombie et Pressenza Francophone ont décidé d’ouvrir leurs salles de rédaction à toutes les personnes qui souhaitent partager leurs histoires et leurs réflexions inspirées de cette période de confinement.

Nous poursuivons cette série avec ce récit plein de poésie, partagé par Constance Latourte, une Française vivant à Paris qui partage son temps entre deux passions : l’écriture et l’enseignement de l’espagnol.

Constance Latourte. Paris, France

Roucoulement de tourterelles sur le balcon. Raclements de gorge et de volet du petit vieux, à l’étage du dessous. Faible ronflement à côté de moi, dans le lit. La sonnerie du réveil mettra bientôt fin à l’insomnie.

Lumière éblouissante de la salle de bain. La radio égrène en boucle virus, récession, crise, confinement, Trump, interdiction, masques. Odeur de pain grillé. Visage fatigué de mon compagnon. Douce chaleur du thé dans mon estomac. Caresse sur ma joue. À ce soir. La porte se referme.

Photo : John-Towner-Unsplash

Air entraînant de samba. Mouvements de gym. Craquements d’articulations. Accélération de mes battements de cœur. Jet chaud et réconfortant de la douche.

Timbre du démarrage de l’ordinateur. Souffle de la ventilation. Échos de musiques et de chaines d’information dans le voisinage. Cliquetis des touches sous mes doigts. Gorgées de thé tiède. Tic-tac de ma montre. À mesure que les mots noircissent l’écran, mon esprit s’évade toujours plus loin de ma cage de confinement, hermétique aux sirènes d’ambulance à l’horizon et aux angoisses de l’après.

Violente dispute à l’étage du dessus. Je perds le fil de mes pensées. Grincement de la porte du frigo. Bruit mat du couteau sur la planche à découper. Tintement des couverts dans mon assiette. La radio diffuse un sempiternel message d’alerte.

Ordinateur. La page refuse de se noircir. Mes doigts restent figés. Soupir. Clapotis de l’eau dans l’arrosoir. Musique. Aspirateur. Frottement de la serpillère. Grondement de fin de cycle de la machine à laver. Sonnerie de téléphone. Bavardages de ma sœur. Silence. Froissements de pages réguliers. Bâillement. Témoignages de confinés à la radio.

Cliquetis des clefs. Sourire sur le visage fatigué de mon compagnon. Son étouffé de la douche. Générique du journal télévisé. Applaudissements dans le quartier.

Mon compagnon commence à tousser.

Paris, le 11 avril 2020

___________________________________________________________________

Vous souhaitez partager votre histoire de confinement ?

  • Comment votre vie a-t-elle changé depuis le début du confinement ?
  • Quelles ont été vos principales activités ?
  • Avez-vous identifié de nouvelles opportunités ?
  • Comment imaginez-vous l’avenir du monde après le confinement ?

Il y a des expériences qui nous marquent et qui peuvent certainement en inspirer beaucoup d’autres. Nous vous invitons donc à envoyer vos histoires à l’adresse suivante : ricardo.arias@pressenza.com

N’oubliez pas d’envoyer une photo illustrant cette période de quarantaine.