Tsunami démocratique. Le mouvement organisé contre la condamnation dans le cas catalan de la consultation sur l’indépendance du 1er octobre (1-O) se définit comme nonviolent et pour la désobéissance civile.

Les couvertures des principaux médias espagnols et certainement internationaux sur les manifestations et les altercations qui ont eu lieu la soirée du 14 octobre à Barcelone suivent la ligne scandaleuse de la violence. C’est ce que les médias de masse aiment publier, induisant une opinion derrière une certaine vision de l’être humain.

Ce sont les images violentes, ce ne sont pas les seules et ce sont celles que nous voudrions le moins voir, mais ce sont celles qui occupent le plus d’espace dans les nouvelles qui nous sont présentées par les grands médias. En face, le reste des actions citoyennes sont omises, les actions sans esprit de violence et avec l’intérêt de faire appel à la démocratie. Un appel a été lancé contre une sentence jugée injuste, appel fait non seulement par les partisans d’une éventuelle indépendance de la Catalogne, mais par tout citoyen qui veille sur le changement, la démocratie, les droits et la justice.

Peines de 9 à 13 ans pour 9 accusés de sédition* plus amendes et disqualification de 3 autres (c.-à-d. pour avoir interrogé des citoyens lors d’une consultation non légale).

Si l’on analyse les faits, on ne peut pas affirmer, à ce jour, qu’il y a eu une réponse avec des actions violentes, dans le comportement des citoyens, vis-à-vis des condamnations de prisonniers politiques.

Oui, l’après-midi du 14 octobre, dans le centre de Barcelone a été tendu, à différents points de Passeig de Gràcia, Pau Claris et Diagonal il y avait des charges de la police pour faire face à certains incendies de conteneurs et des barrières de feu pour contenir la progression de la police. Ces altercations, bien qu’indésirables, ne représentent pas la réponse massive des citoyens, qui ont répondu au résultat dur des condamnations de la Cour suprême par des actions de protestation et des concentrations massives dans l’aéroport de Barcelone. Mais qui a dirigé cette concentration massive et astucieuse ?

Tsunami démocratique

En septembre 2019, un mouvement commence à courir à travers les réseaux sociaux de Catalogne qui s’annonce comme Tsunami Democràtic** et se définit comme la « réponse citoyenne à la sentence de la Cour suprême ». Le mouvement, animé par la « frustration » résultant de la « répression » vécue surtout depuis les événements du 1-O, revendique la valeur des mots « unité », « référendum », « démocratie », « droits » et « justice » tout en renaissant avec la volonté pacifique de susciter l’espoir. Il s’agit de revendiquer une lutte pour les droits fondamentaux.

La nonviolence et la désobéissance civile comme outils d’action pour atteindre les libertés et la justice sociale, pour « changer l’état des choses ».

Le 2 septembre, on commence à ouvrir des canaux dans les réseaux, qui sont restés arrêtés jusqu’au 20 septembre, jour où l’on commence à diffuser des messages sans actions claires, plutôt en maintenant un certain secret. On parle de manifestations à l’extérieur de la ville, mais sans préciser, appelant les citoyens à réagir rapidement lorsque l’appel massif est lancé.

Le 25 septembre, une action pacifique a eu lieu, avec 50 membres portant des masques blancs à la banque de « La Caixa », dénonçant qu’elle aussi fait également partie de la répression. Les actions se répètent les jours suivants dans différentes parties du territoire catalan et atteignent d’autres entités comme Iberdrola. Tsunami Democràtic se fait connaître massivement avec une énorme bannière sur le terrain de football du Camp Nou.

Au cours des jours suivants, sur les réseaux sociaux, ils préparent le terrain pour l’action, invitant à télécharger du matériel graphique à diffuser, et donnant des conseils, comme apporter une radio et une batterie externe au téléphone le jour du verdict. L’appel se concentre principalement sur les sites universitaires.

Un mois après l’ouverture du canal, il compte déjà 60.000 abonnés et aujourd’hui en compte plus de 268.000.

Après l’annonce de la sentence de la Cour suprême en milieu de matinée le 14 octobre, Tsunami Democràtic convoque les citoyens sur la Plaza Catalunya à Barcelone et une heure plus tard à l’aéroport. Objectif : arrêter l’activité de l’aéroport de Prat de Barcelone, que tout le monde voie cette injustice, des milliers de personnes sont concentrées à l’aéroport de Prat, ainsi que la Police Nationale et les Mossos d’Escuadra. L’avalanche, la manifestation et le chaos sont montrés sous le slogan « Toujours nonviolents » « Toujours désobéissants ». Parallèlement à Madrid, à l’aéroport de Barajas, 1.200 voitures ferment les accès.

Par cette action, Tsunami Democràtic lance un appel « à tous les citoyens de Madrid indignés par une condamnation qui non seulement fait allusion aux dirigeants politiques indépendantistes mais appauvrit également la qualité démocratique et les droits civils et sociaux de tous les citoyens espagnols ». On invite à se mobiliser, « pour la défense d’une solution politique qui implique la reconnaissance d’un conflit politique par le dialogue et la négociation ».

Le tsunami continue de se développer et les grands médias comme la BBC s’en font l’écho.

La première action convoquée a été un succès. Les actions suivantes seront effectuées en relation avec les adeptes de la nouvelle APP de #Tsunamidemocratic (app.tsunamidemocratic.cat) qui doit être validée par une personne ayant le code QR.

Au moment de la rédaction de ce texte, 5 heures se sont écoulées depuis l’incendie de conteneurs et les charges de la police dans le centre-ville de Barcelone. A deux heures du matin de ce 14 octobre, les hélicoptères de la Garde civile ont cessé de survoler le ciel de la ville de Barcelone. Une sirène d’ambulance nous tient en haleine…

Les actions de Tsunami Democràtic, dirigées par on ne sait pas qui depuis on ne sait pas où ont laissé un précédent de mobilisation citoyenne, un pas vers les droits de la citoyenneté, sous le slogan : nonviolence et désobéissance civile.
Ce 15 octobre les mobilisations se poursuivent.

——
*Sédition : nous faisons appel à l’argumentation de l’analyse de Josep Ramoneda à cet égard: « Si la sédition exige une violence tumultueuse et que celle-ci est réduite à celle du 20 septembre et du 1er octobre 2017, il n’y a eu que peu de tumultes. Si la police n’était pas intervenue le jour du référendum comme elle l’a fait, comment la sédition aurait-elle été justifiée ? » https://www.ara.cat/opinio/Josep-Ramoneda-Fugir-estudi_0_2325967579.html
—-