Dans l’après-midi du vendredi 4 octobre, le gouvernement du président Moreno a annoncé la levée de la grève du syndicat des transporteurs. Ceux-ci ont commencé une mobilisation contre les mesures économiques annoncées par Moreno le 1er octobre. Mais la grève nationale n’a pas pris fin. Les protestations et les mobilisations se sont étendues à diverses organisations, divers mouvements et plus généralement au peuple.

Hier, Jaime Vargas, le président de la CONAIE, la Confédération des Nationalités Indigènes de l’Equateur, a confirmé que les indigènes restent mobilisés et continuent une grève illimitée. Les mouvements indigènes de diverses provinces, et particulièrement de la Sierra centrale de l’Equateur, ont annoncé les unes après les autres leur soutien à la grève et ont lancé une marche vers Quito. Même si les transporteurs ont décidé de lever la grève nationale, les indigènes se montrent fermes dans leur décision de continuer à paralyser le pays de manière illimitée, jusqu’à ce que le président Moreno annule la suppression des subventions sur les carburants. Sur son compte Tweeter, Vargas affirme que le dialogue avec le gouvernement national est rompu.

De son côté, le Front Unitaire des Travailleurs, le FUT, a confirmé par le biais de son vice-président Villavicencio que les syndicats resteraient mobilisés et il a appelé à une grève nationale mercredi 9 octobre.

Villavicencio a également dénoncé la répression dont les manifestants ont fait et font toujours l’objet. Il explique que du point de vue syndical, il ne s’agit pas seulement de la suppression des subventions mais de l’ensemble des mesures prises.

Villavicencio affirme que la CONAIE et le FUT ont conjointement pris la décision de maintenir les mobilisations et de participer à la grève nationale du 9.

Depuis vendredi, les communautés indigènes se sont mises en marche vers Quito. Samedi 5 octobre, ils ont avancé vers Riobamba, la capitale de la province de Chimborazo et ont retenu 47 militaires. La CONAIE a également partagé le communiqué officiel suivant :

 

Traduction du communiqué :

« La CONAIE déclare l’état d’urgence en territoires indigènes
1- Devant la brutalité et le manque de prise de conscience des pouvoirs publiques du caractère populaire des revendications défendues par la grève nationale contre le Paquetazo, le paquet de réductions budgétaires. Celui-ci impacte l’ensemble de la société équatorienne et détériore les conditions de vie et l’existence des secteurs populaires les plus vulnérables du pays.
2- Devant l’insistance du Gouvernement National à continuer à exploiter les minerais, le pétrole, les dons de la nature. Il détruit l’environnement et soutient la présence d’entreprises utilisant les forces militaires.
3- Nous exerçons notre droit à l’auto-détermination et notre Autorité pour l’administration de la justice dans la juridiction des peuples et la nationalité reconnue par la Déclaration des Nations Unies pour les Peuples Indigènes, article 169 de la OIT pour les Peuples Indigènes et Tribaux et la Constitution de la République de l’Equateur.
La CONAIE déclare l’état d’urgence dans tous les territoires indigènes.
Tout militaire et policier qui s’approche d’un territoire indigène sera arrêté et soumis à la justice indigène »

 

Le mouvement indigène répond de cette manière au déploiement de vingt mille militaires et policiers sur le territoire national et qui a fait 300 prisonniers, principalement à Quito et Guayaquil. Ce déploiement est protégé par l’état d’urgence décrété par le Président de la République depuis le 3 octobre.

La Cours Constitutionnelle d’Equateur ne s’est pas encore prononcée sur la constitutionnalité et la conventionnalité du décret de l’Etat d’Urgence près de 48 heures après son émission.

Un pays en haleine.

 

Traduction de l’espagnol : Frédérique Drouet