« Ce dimanche, les élections primaires se sont déroulées en Argentine, et bien qu’elles n’aient servi qu’à désigner les candidats de chaque camp pour les élections d’octobre prochain, elles ont eu une importance primordiale pour évaluer la position des opposants au gouvernement Macri ; le résultat est sans appel : le Frente de Todos ( avec l’ex présidente Christina Fernandez comme candidate à la Vice-présidence), obtient plus de 47 % des votes alors que Macri dépasse à peine les 32 %. »

« Il était de peu d’utilité pour le gouvernement d’avoir la couverture médiatique des principaux médias ; il était de peu d’utilité d’avoir le soutien du pouvoir économique local et international, y compris le FMI ; il était de peu d’utilité pour lui d’avoir le soutien de Trump, Bolsonaro, et toutes les droites néolibérales. Parce qu’il n’avait pas le soutien du peuple ; un peuple las de la difficulté de l’accès à l’emploi, de l’augmentation de la pauvreté et de l’indigence, de l’endettement du pays pour que les amis de Macri quittent le pays. Un peuple fatigué du fait que la moitié des enfants sont pauvres et que les retraités ne peuvent pas acheter de médicaments et manger une seule fois par jour. Un peuple fatigué de la manipulation de la justice pour persécuter et emprisonner les opposants, qu’ils soient politiques ou de la rare opposition médiatique. » C’est l’analyse que Guillermo Sullings, économiste argentin, fait pour Pressenza.

La réaction des « marchés » a été rapide et draconienne. La stratégie ? Tenter de faire pression sur la population pour qu’elle change d’avis d’ici les élections d’octobre, avec une véritable politique de la terre brûlée sur le plan économique :

  • La monnaie argentine a été dévaluée de 30%.
  • Les analystes financiers ont mis en garde contre le défaut de paiement de la dette du pays, ce qui a provoqué un effondrement des marchés.
  • Les actions de sociétés argentines ont également fortement chuté, l’indice boursier Merval a baissé de près de 30 %.
  • Le coût de l’assurance des obligations d’État contre le défaut de paiement a augmenté.
  • Les économistes néolibéraux ont averti que cela dissuaderait les investisseurs.
  • Nul doute que les agences de notation (Standard and Poor, Modi, etc.) se préparent à rendre l’emprunt le plus cher possible et le plus difficile à rembourser, comme elles l’avaient déjà fait en Argentine, contribuant à son effondrement économique.

La finance internationale n’accepte pas la rébellion. Toute tentative d’un pays de refuser la discipline néolibérale d’austérité et d’exploitation pour les pauvres et de concentration obscène pour les riches se heurte à des embargos (Venezuela, Cuba, Iran, etc.) et à des sanctions pour les tiers qui osent les défier. Cette cruauté génère dans les populations un niveau de violence qui atteint aujourd’hui des niveaux insupportables.

Dans le même temps, la brutalité de ce spectacle honteux de vanité implacable de la part d’un pouvoir illimité crée en fait chez les gens ordinaires une prise de conscience accrue et nous avons également vu apparaître de nouvelles figures politiques pour dénoncer et proposer des alternatives. Et maintenant le peuple argentin se joint à eux. Par la force de l’unité et de la conviction, inspirée par la nécessité d’humaniser l’économie et eux-mêmes, en comprenant que l’argent n’est pas un dieu mais une stratégie humaine, le voyage commence pour un pays qui tente de trouver son chemin alternatif hors du désordre néolibéral.

 

Traduit de l’anglais par la rédaction francophone