Depuis la grande crise de 2008 qui s’est réglée par le renflouement des banques par l’Etat, la situation sociale et économique n’a guère évolué en France si ce n’est une augmentation constante du chômage et une perte réelle du pouvoir d’achat pour un grand nombre de personnes.

L’élection de François Hollande (PS) après le rejet du président Sarkozy (LR), qui a mené une politique peu différente de celle de ses prédécesseurs, n’a pas réussi à inverser la tendance et a renforcé le sentiment que la droite ou la gauche ne changeait rien à la situation. « Tous pourris » entendait-on.

En mai 2017 l’élection du nouveau président a été édifiante du point de vue du rejet des partis traditionnels. Ils ont été éjectés autant à gauche qu’à droite.

Emmanuel Macron n’a remporté l’élection en ayant obtenu que 19% des voix au premier tour (en comptant l’ensemble des inscrits). La confiance de la majorité des français envers le président était déjà sérieusement émoussée mais certains ont cru voir une nouvelle direction intéressante dans sa position « ni de gauche, ni de droite » et de « président de tous les français ». Cependant son programme de réforme structurelle pour limiter les déficits budgétaires n’augurait rien de bon.

Je ne m’attarderai pas sur la politique néo-libérale qui a été conduite par Emmanuel Macron jusqu’alors (cadeaux aux riches, taxes pour les autres, miettes par ci par là, réduction d’une taxe destinée aux Communes !) ni sur sa position « Jupitérienne» (passage en force de la loi travail avec l’article 49.3, écoute des corps intermédiaires sans accéder à leur demande…) ni sur son arrogance au travers de petites phrases destinées aux français « d’en bas » dont la presse s’est largement fait l’écho, mais sur le fait qu’au travers de toutes ces mesures et postures, la défiance envers le pouvoir, les élus et les élites s’est transformée en exaspération.

La hausse des taxes sur le carburant a été le déclencheur de la manifestation des « Gilets jaunes » qui se sont organisés grâce aux réseaux sociaux et qui regroupent des personnes de tous âges et de tous bords politiques qui se retrouvent dans une même situation et qui ont des revendications communes. (Dans les petites villes et campagnes, il y a toujours moins de service public et plus de taxes, alors que le pouvoir d’achat est en berne, les écarts entre la France d’en haut, les élites et la France d’en bas se sont amplifiés…)

Le pouvoir en place dans sa logique comptable est incapable de considérer la dimension humaine de ses concitoyens. La subjectivité est tout aussi importante que les conditions objectives. Le sentiment de déclassement, de laissé pour compte et d’inégalité sont autant de causes de la mobilisation.

Le mouvement des «Gilets jaunes » ne veut pas d’intermédiaires pour négocier avec le gouvernement et certains demandent même sa démission considérant son illégitimité en ne représentant pas les intérêts du peuple.

C’est un acte de démocratie directe, le peuple se prend en main. Les citoyens s’organisent entre eux et portent leurs réclamations au sommet de l’Etat. Nous pouvons y voir un signe des temps nouveaux.

Quant à la violence que nous ne pouvons que condamner, je voudrais répondre au Porte-parole du gouvernement qui dans un échange à la radio avec un militant l’accusait d’être responsable des violences et que lui ne l’était pas. La violence du gouvernement qui reste sourd aux réclamations de la majorité des français, la violence économique générée par le néo-libéralisme au service du grand capital où par exemple les salariées sont des variables d’ajustement, la violence psychologique générée par l’entretien de la frustration dans l’espoir de jours meilleurs, sont aussi souffrantes et produites par la politique menée.

Le néo-libéralisme se trouve devant le chaos qu’il engendre lui-même.

 

Quelle que soit l’issue de ce conflit, l’avenir est de dépasser ce système inique.

L’organisation directe des citoyens qui définissent des objectifs, leur solidarité, seront la base d’une réelle démocratie, d’une nouvelle démocratie basée sur la décentralisation et sur un Etat qui aurait un rôle de coordinateur.

 

Serge G, 7/12/18