A l’appel de la CGT, FO, FSU, Solidaires, CFTC, CFE/CGC, FGR, UNSA, LSR et ADRA, les retraités ont manifestés mardi 18 décembre partout en France. A Paris ils étaient devant le ministère de l’économie et des finances.

Intervention de Michel SALINGUE secrétaire général de la Fédération générale des retraités de la fonction publique (FGP-FP) :

Nous, 3000 à 4000 retraités, sommes réunis ici devant Bercy : ce qui n’est pas innocent. Nous avions demandé un rendez-vous au ministre de l’action et des comptes publics. Celui-ci nous a fait savoir à 11h30 qu’il ne pouvait pas nous recevoir, qu’il n’avait pas le temps. Et, après cela le gouvernement nous parle de concertation !!! Nous sommes ici comme dans d’autres lieux de France pour représenter les 17 millions de retraités… des retraités mal traités comme nous le disons maintenant. Nous sommes venus dire que d’autres choix financiers et budgétaires étaient possibles pour donner satisfaction aux retraités.

Sur les 3 années 2018, 2019 et 2020 les retraités auront perdu en niveau 6% de pouvoir d’achat. 6%, ça représente un demi mois de pension. Mais si on fait le calcul en masse la perte est de 2 mois de pension.

Globalement, les retraités sont en train de vivre en ce moment un recul social de 70 ans. Je m’explique : lorsqu’on a mis en place les systèmes de retraites à la libération en 1945, le gouvernement de l’époque avait décidé que l’évolution des pensions se ferait en fonction de l’évolution des salaires, ce qui est parfaitement logique car un retraité est un retraité parce qu’auparavant il a été un salarié.

En 2003 pour la fonction publique et en 1990 pour le régime général, les gouvernements de l’époque décident de changer le système et de faire évoluer les pensions en fonction de l’évolution des prix… premier recul social. Mais le recul n’est pas seulement financier, c’est aussi un recul de principe c’est à dire qu’on rompt, on casse le lien qu’il y avait entre le salarié et le retraité.

Et puis, on arrive aujourd’hui en 2018 où il n’y a plus de règles puisqu’en 2018 il n’y a pas eu de revalorisation. 2019, 2020, 0,3%, on se demande d’ailleurs d’où vient ce chiffre de 0,3%, on ne sait pas comment il a été calculé, mais ça n’a plus rien à voir ni avec les prix ni avec les salaires. C’est à dire qu’aujourd’hui il n’y a plus de règles avec nos pensions, c’est le bon vouloir du prince qui nous gouverne.

Dans le discours du premier ministre lors de son interview au journal du dimanche le 26 août, il a dit : « en 2019 et en 2020 les pensions de retraite comme les autres allocations sociales ne seront revalorisées que de 0,3%. » Vous avez bien entendu, il a dit : comme les autres allocations sociales. C’est à dire que dans l’esprit de ce monsieur, nos pensions de retraite sont une allocation sociale et non plus un droit. Voilà le problème, voilà où ils veulent en venir aujourd’hui. Nous sommes des retraités, bien sûr on peux nous appeler personnes âgées, mais quand on dit d’un individu c’est une personne âgée on ne parle que de son âge, de son statut biologique en quelque sorte et on peut lui donner une petite allocation sociale pour survivre, mais quand on dit du même individu c’est un retraité ça veut dire quoi ? ça veut dire qu’avant d’être retraité il a été salarié, ça veut dire qu’en tant que salarié il a produit des richesses, qu’en tant que salarié il a versé des cotisations et c’est au nom de ces richesses produites et c’est au nom de ces cotisations versées qu’il a aujourd’hui des droits à pension. Et c’est sur cette notion de droit à pension que nous avons aujourd’hui une sacrée bataille à mener.

Nous ne sommes pas des moutons, c’est la 5ème fois cette année que nous descendons dans la rue et on peux penser qu’il y en aura d’autres dans les semaines et mois à venir. Je rappelle les revendications des retraités qui n’ont rien d’extraordinaire. Nous demandons la suppression de la hausse de la CSG, nous demandons une revalorisation des pensions qui soit alignée sur les salaires, nous demandons aussi et c’est la moindre des choses que la pension minimale pour une carrière complète soit au moins égale au SMIC, nous demandons le maintien des pensions de réversion.

Et toutes ces revendications pourraient être satisfaites si le gouvernement le voulait. Tout cela pourrait se faire au travers d’une autre répartition des richesses. L’institut des politiques publiques dit dans son dernier rapport qu’en 2019, 90% des retraités perdront du pouvoir d’achat et qu’en même temps les 1% les plus riches verront leur pouvoir d’achat augmenter de 6%… et on nous dit qu’il n’y pas de sous. Mais des possibilités de récupérer de l’argent, il y en a. Vous avez suivi comme moi l’actualité autour de l’ISF [N.d.T. Impôt sur la Fortune] dont nous demandons le rétablissement, sur les cadeaux qui sont fait aux entreprises, cadeaux qui ne mènent la plus part du temps à aucune création d’emploi. Il faut savoir que les entreprises perçoivent chaque année de l’ordre de 200 milliards d’euros, vous imaginez ce que l’on pourrait faire avec ça. Ainsi que la flat tax qui fait qu’un actionnaire paie moins d’impôt qu’un salarié, proportionnellement au revenu.

Les retraités ne sont ni des nantis ni des privilégiés et ils sont déterminés à défendre leurs droits.

Rendez-vous à la prochaine manif et bonnes fêtes à tous.