Depuis l’hiver 2016, et trois fois par semaine, les “Mahassine” se retrouvent entre Porte de la Chapelle et Jaurès, à Paris, autour d’une voiture remplie de thermos de thé, café, de biscuits, chocolat, sacs de pain, gobelets en plastique. La distribution de sourires et de chaleur aux migrants de Paris commence vers 20h30. “Mahassine”, de hassana (حسن), en arabe, c’est ce qui est bon, beau, vertueux. C’est aussi un prénom, que la dizaine de membres de cette association se renvoient joyeusement : au Soudan, c’est le nom qu’on donne aux femmes qui vendent du thé dans la rue.

Note des auteur(e)s : Les prénoms ont été modifiés.

Tous les membres de Mahassine se nomment donc Mahassine !

 

Mahassine continue ses maraudes habituelles, dans le froid grandissant. Mais quelle chaleur quand on reçoit de bonnes nouvelles !

Mahassine a rencontré une magnifique famille il y a deux mois. Elle avait l’air désespérée et ne sachant plus que faire. Refusée à l’issue des longues et pénibles démarches de l’OFPRA et de la CNDA, l’’OQTF (l’obligation de quitter le territoire français) lui pendait au nez à chaque instant. Mahassine a été très touchée par la détresse que pourtant les enfants ne laissaient pas paraître… Comment les aider ? Où trouver un logement pour 6 personnes, dont un petit d’1 an ? Les enfants doivent aller à l’école, vivre leur jeunesse d’insouciance, sans se préoccuper de problèmes qui devraient être uniquement ceux d’adultes…

Impossible de les laisser dormir à la rue, être renvoyés de force dans un pays dont seul le nom les fait frissonner d’horreur. Dieu seul sait ce qui a pu se passer pour eux là-bas pour les pousser à fuir le confort d’une maison, avec en échange l’hostilité de la rue, pendant l’hiver parisien.

Mahassine a alors fait jouer ses contacts, en province. L’attente de réponses, qu’elles soient favorables ou non, parait si longue. Une seule semaine s’est écoulée, pendant laquelle Mahassine s’est débrouillée pour les mettre au chaud, en attendant de savoir quoi faire. Nous y croyions peu ou du moins, avec réserve. Et pourtant… Pourtant, Mahassine a eu du mal à contenir ses larmes de joie, lorsqu’un matin, elle s’est retrouvée à emmener la famille dans ce petit village, ou une maison les attendait, avec un petit comité d’accueil de bénévoles, des lits, de la chaleur humaine… Logés. Trois enfants scolarisés. Des amis pour les aider dans leurs démarches administratives. Une association qui les soutient. Des larmes de joie.

Une belle histoire qui réconforte Mahassine dans son activité. Si on ne peut pas aider tout le monde, au moins, on peut en aider certains, offrir de l’espoir et du réconfort, même si ce n’est que pour un temps. Mahassine ne se fait pas d’illusions, mais continuera coûte que coûte à se battre pour cette fin heureuse.

Nous tenons à remercier infiniment toutes les personnes qui se sont mobilisées (et qui se mobilisent encore !) pour accueillir et soutenir cette famille qui nous a beaucoup émus. Merci de nous avoir fait confiance, de leur avoir donné leur chance et de leur permettre tout simplement de vivre plus sereinement et ensemble ! Leurs sourires, nous vous l’assurons, reflètent leur immense reconnaissance et leur bonheur d’être au chaud.

 

Chroniques précédentes :

Chronique de Mahassine : Samba

Chronique Mahassine ll : La Bulle

Chronique de Mahassine III : France terre d’asile

Chronique Mahassine IV : Coopérer

Chronique Mahassine V : La famille