Le 20 septembre 2017, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies qui a débuté cette semaine, 42 États ont signé le Traité d’interdiction des armes nucléaires (et deux l’ont déjà ratifié) au cours de la cérémonie d’ouverture à la signature. La liste des États ayant signé et ratifié le traité est disponible ici.

Tandis que la tension continue de monter entre les États-Unis et la Corée du Nord, le risque que des armes nucléaires soient utilisées, avec les conséquences humanitaires catastrophiques que cela suppose, est au plus haut. S’adressant à l’Assemblée générale, M. Trump a déclaré «  Si les États-Unis sont forcés de se défendre, nous n’aurons pas d’autres choix que de détruire totalement la Corée du Nord  ». La France n’est pas en reste au vu du discours de M. Macron, qui parvient à ne jamais prononcer le mot « désarmement » et affirme que « le multilatéralisme peine à faire face aux défis de la prolifération nucléaire », alors même que la France a toujours refusé ces cinq dernières années de participer à toutes les conférences qui ont abouti au vote d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires.

Dans ce contexte, la signature du Traité d’interdiction des armes nucléaires permet aux autres États du monde d’affirmer clairement leur opposition à ces armes inhumaines et inacceptables. «  Pendant des décennies, les armes nucléaires sont restées les seules armes de destruction massive non interdites, et ce malgré leur pouvoir de destruction immense et le risque qu’elles font peser sur l’humanité toute entière. Les États possédant des armes nucléaires continuent de menacer de les utiliser, d’incinérer nos villes et de tuer des centaines de milliers de civils. Aujourd’hui, les États qui ont signé le traité montrent leur volonté de libérer le monde des armes nucléaires en les rendant illégales  » a expliqué Beatrice Fihn, la Directrice exécutive d’ICAN.

Le Traité d’interdiction des armes nucléaires prohibe l’emploi, la menace d’emploi, la production, le développement, le stationnement et les essais d’armes nucléaires. Il interdit également toute assistance à ces activités, et demande d’aider les victimes et d’organiser la dépollution des zones affectées par l’utilisation ou les essais d’armes nucléaires. Avec ce traité, les armes nucléaires rejoignent enfin les armes biologiques et chimiques dans la catégorie des armes ayant été déclarées illégales au regard du droit international.

Au total, 42 États ont signé le traité lors de la cérémonie d’ouverture à la signature et d’autres États devraient venir signer ce texte dans les jours qui viennent, Le traité rentrera en vigueur à la cinquantième ratification. «  Ce traité marque le début de la fin des armes nucléaires  » a déclaré Setsuko Thurlow, une survivante du bombardement atomique d’Hiroshima de 1945. «  Pour ceux d’entre nous qui ont survécu à l’utilisation des armes nucléaires, ce traité est synonyme d’espoir  » a-t-elle encore indiqué.

Ce traité est né d’un processus qui a permis de ramener au centre du débat les conséquences humanitaires inacceptables de ces armes. Les États possédant des armes nucléaires, dont la France, ont boycotté les négociations cherchant même, heureusement sans succès, à les faire échouer. Malgré leur absence, ce traité indique clairement que la grande majorité des États du monde n’accepte plus les armes nucléaires et souhaite mettre en place une nouvelle norme qui puisse servir de base à leur élimination. Comme cela a été observé avec d’autres traités, notamment ceux interdisant les mines anti-personnel et les armes à sous-munitions, une norme internationale forte peut entraîner des changement de politique et de comportement concrets, y compris pour les États ne les ayant pas signés.

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