A l’entrée du « village des possibles », on vous met d’emblée en action et en réflexion : prenez une fléchette et visez l’un des panneaux qui vous parle le plus : « Sur-consommation, Pollution visuelle, stéréotype, sexisme, capitalisme »…. Par cette installation ludique, ce collectif créatif rend explicite les messages qui se cachent insidieusement dans la publicité qu’on croise tous les jours dans nos villes. Le collectif  « Liège sans pub »,  nous explique leur esprit et leurs actions.

Pressenza : Quel est le but de votre collectif et pourquoi êtes-vous au festival Esperanzah ?

Collectif « Liège sans pub » : « Liège sans pub » lutte pour que l’on supprime la publicité dans notre ville, Liège. Par notre présence ici on essaye de transmettre le message à tous les participants afin que eux aussi, créent un mouvement de ce genre dans leurs villes.

On a créé notre collectif cette année à l’occasion de l’échéance du contrat publicitaire entre la ville de Liège et la société JCDecaux. Avec une pétition et des actions non-violentes, l’objectif était d’empêcher le renouvellement du contrat pour 15 ans. Pour l’instant on a échoué, mais avec nos activités on est arrivé à sensibiliser pas mal de gens sur les dangers et les conséquences de la publicité dans nos villes et dans nos vies.

Notre jeu représente les problèmes provoqués par la publicité : le sexisme, le racisme, la pollution, la sur-consommation. Un panneau en particulier synthétise tout : « capitalisme ».

La publicité est à la fois clé de voute et bras armé du système en place. D’un coté, elle crée le mécanisme d’offre et de demande qui est à la base de la consommation et du marché, et, de l’autre, avec son « lavage du cerveau » elle contribue à diffuser l’idée que pour réussir dans la société il faut acheter des produits dont souvent on n’a pas besoin

Pressenza est une agence de presse pour la paix et la non-violence. Comment situez-vous votre action par rapport à ces valeurs ?  

D’abord, notre action est totalement non-violente : on touche aux choses, mais jamais aux personnes. On utilise des techniques pour exercer une pression sur les élus de notre ville pour le non-renouvellement du contrat publicitaire et on fait aussi de la désobéissance civile en couvrant les publicités avec de l’art dans les vitrines des abris-bus et des « sucettes ». Une grande partie de notre action est d’examiner comment contourner la loi. Nous voulons agir et proposer aux autres d’agir, sans risque de poursuite judiciaire.

Nous luttons contre la violence engendrée par la publicité, notamment une violence de genre : la femme est traitée comme un objet ; une violence de classe : l’image véhiculée par la pub est que tu dois être riche pour être accepté dans la société.

Quel message souhaitez-vous transmettre à nos lecteurs ?

Un message de confiance : La publicité nous vole la confiance que nous existons dans un espace public qui est le nôtre. On a peur de s’exprimer et d’agir avec les autres. Récupérer l’espace public, c’est récupérer la confiance des gens entre eux et dans leur lieu de vie.

Nous avons vu l’évolution de la confiance des gens : au début, nos actions se faisaient cagoulés, cachés, masqués. Puis, nous nous sommes costumés, déguisés en agents de JCDecaux pour, finalement, arriver à coller des affiches artistiques sur les publicités, à visage nu, au grand jour, en discutant avec les gens de la rue, manifestement de plus en plus concernés.

 

En savoir plus ou mener une telle action chez vous ? De telles initiatives existent aussi en France et à Bruxelles.

www.liegesanspub.be

Domenico Musella & Tatiana De Barelli