Le procès du dernier gouvernement de l’ère Compaoré s’ouvre à Ouagadougou. Les victimes de la répression des manifestations qui avaient conduit à la chute du président burkinabè en octobre 2014 « attendent la vérité ».

C’est un gouvernement entier qui devrait se présenter devant la Haute cour de Justice. Le dernier du règne de Blaise Compaoré : l’ancien Premier ministre Luc Adolph Tiao et 34 de ses ministres – dont Blaise Compaoré faisait partie en tant que ministre de la Défense – doivent répondre de la répression violente contre l’insurrection populaire de 2014. Insurrection qui a précipité la chute de l’ex-chef d’Etat. Celui-ci vit en exil en Côte d’Ivoire, il n’assiste donc pas au procès.

Elke Erlecke, directrice du bureau de la Fondation Konrad Adenauer à Abidjan, estime « qu’il s’agit-là d’un procès symbolique. Tout le monde au Burkina a conscience que le verdict ne pourra pas avoir d’effet sur l’ancien président qui est devenu entre temps ivoirien. »

Le mandat de trop

Blaise Compaoré a passé 27 ans au pouvoir jusqu’à ce qu’en 2014, la rue burkinabè décide de le faire partir. A l’origine de la manifestation : son intention de modifier la Constitution pour se présenter à un cinquième mandat. Cette manifestation est réprimée dans le sang et fait environ 33 morts. Les ministres attendus à la barre sont accusés de « complicité d’homicide volontaire et blessures volontaires ». La Haute cour de justice veut les entendre, notamment, sur la tenue du « Conseil extraordinaire 29 octobre 2014 », cette réunion au cours de laquelle ils auraient décidé de faire intervenir l’armée pour réprimer les manifestations.

Une page importante pour le pays

Oscibi Johann fait partie de l’organisation Balai Citoyen, un mouvement de la société civile actif lors les protestations d’octobre 2014. Il espère que l’ouverture du procès permettra de faire la lumière sur les massacres d’il y a deux ans et demi. « Nous avons attendu pendant longtemps que ce procès se tienne. Nous nous demandons qui sont les vrais commanditaires et qui sont ceux qui ont exécuté nos frères et nos sœurs. C’est donc une page très importante qui va s’ouvrir pour notre pays. »

Les activistes qui, en octobre 2014, étaient descendus dans la rue avaient, au-delà de l’exigence du départ de Blaise Compaoré, envie de voir leur pays engager des réformes pour améliorer leurs conditions de vie. Mais les changements tardent à venir.

L’article original est accessible ici