Les États-Unis font pression sur la Commission européenne pour qu’elle laisse entrer les nouveaux OGM sur le territoire européen. C’est ce que révèlent des documents de la Commission publiés aujourd’hui par Greenpeace et deux autres ONG.
L’Oncle Sam tente, en sous-main, d’aider les entreprises de l’agrochimie à nous faire avaler que ces nouveaux OGM ne sont en réalité pas des OGM et que, par conséquent, ils échapperaient à la réglementation européenne sur les OGM. Ils pourraient ainsi s’immiscer en douce dans nos champs et nos assiettes, sans que les citoyens européens en soient informés. Une pilule qui a du mal à passer.

Une analyse juridique retardée par le lobby intensif du gouvernement américain

En 2015, la Commission européenne avait annoncé qu’elle publierait avant la fin de l’année une analyse juridique pour préciser si les nouveaux OGM seront couverts ou non par la réglementation. Or nous sommes en avril 2016, et la Commission n’a toujours rien publié. Une des raisons de ce retard ? La pression exercée par le gouvernement américain…

Dans les documents internes de la Commission, obtenus grâce au droit à l’information, on apprend qu’au moins six rencontres ont eu lieu en deux mois (entre octobre et décembre 2015) entre la Commission et des représentants du gouvernement américain. Quatre de ces rencontres avaient clairement à l’ordre du jour les nouveaux OGM. À cette époque, la Commission était sur le point de publier son analyse juridique, et de conseiller d’intégrer les nouveaux OGM à la réglementation OGM existante.

Ce lobby intensif fait suite à une note de positionnement de l’European Seed Association (ESA) qui représente entre autres les semenciers américains Pioneer and Dow Seeds. Le gouvernement américain, comme à son habitude, s’est donc fait l’écho de ses industriels. Au mépris de la réglementation européenne.

« Nouveaux » OGM, mêmes enjeux

Ces nouveaux OGM, issus de nouvelles techniques de modification génétique, présentent des risques du même ordre que leurs aînés. Ils sont obtenus en faisant pénétrer dans la cellule du matériel génétique étranger (des acides nucléiques) par l’utilisation de techniques in vitro, donc non naturelles. Ce matériel génétique provoque des modifications en coupant l’ADN de la cellule.

La manipulation d’organismes vivants est encore mal comprise et peut entraîner des dommages irréversibles sur l’environnement, ainsi que sur la santé humaine et animale. Il est donc indispensable que les risques liés à ces nouveaux OGM soient correctement évalués. Et pour cela, ils doivent être inclus dans la réglementation OGM.

L’Europe, et au premier chef la France, doivent réagir

Depuis 2015, les États membres peuvent interdire les cultures d’OGM sur tout ou partie de leur territoire – ce que les deux tiers environ ont fait (19 pays sur 28), dont la France. Une écrasante majorité de la population (européenne en général et française en particulier) est opposée aux OGM.

La semaine prochaine doit avoir lieu une nouvelle session de négociations sur le traité de libre-échange transatlantique (TAFTA ou TTIP), à New York. Nos dirigeants français et européens doivent envoyer un signal fort aux États-Unis et aux industriels : l’Europe n’avalera pas la pilule des nouveaux OGM resquilleurs et n’abandonnera pas ses garde-fous sanitaires et environnementaux.

Les décideurs politiques français et européens doivent assumer leurs responsabilités et protéger notre environnement et notre santé. Vous pouvez agir en leur demandant de faire appliquer pleinement la réglementation en signant notre pétition!

L’article original est accessible ici