• Il s’agit d’un « Appel contre l’austérité et pour une Europe démocratique ».
    • Des centaines d’activistes, de politiciens et d’intellectuels lancent un appel à tous les citoyens afin qu’ils participent à une conférence européenne les 19, 20 et 21 février à Madrid. La conférence aura lieu au centre Matadero de la capitale espagnole.
    • Yanis Varoufakis, Ada Colau, Noam Chomsky, Teresa Rodríguez, Ken Loach, Eric Toussaint, Miguel Urbán, Marina Albiol et Lola Sánchez, entre autres, ont signé le Plan B.

    « La société a déjà commencé à travailler en faveur d’un changement radical des politiques de l’UE, il y a des propositions contre l’austérité », invoque-t-on dans l’appel. Des centaines d’activistes, de politiciens et d’intellectuels ont signé l’appel « Plan B, contre l’austérité, pour une Europe démocratique » et convoquent une conférence européenne à laquelle tous les citoyens et les organisations sont invités. La conférence aura lieu les 19, 20 et 21 février à Madrid, dans les installations du centre Matadero.

    Parmi les signataires, on retrouve les maires du changement, Ada Colau et José María González, l’ancien ministre des Finances de la Grèce, Yanis Varoufakis, l’ancienne présidente du parlement grec, Zoe Konstantopoulou, le philosophe Noam Chomsky, les députés européens des partis Podemos et Gauche unie, Lola Sánchez, Miguel Urbán, Marina Albiol et Javier Couso, le célèbre réalisateur Ken Loach, le porte-parole de CADTM, Eric Toussaint, Yayo Herrero d’Écologistes en Action, et les professeurs d’économie Juan Torres et Costas Lapavitsas, entre autres.

    « L’actuelle UE est, de facto, gouvernée par une technocratie au service des intérêts d’une petite mais puissante minorité représentante des pouvoirs économique et financier », dénonce l’appel publié sur le site Web planbeueropa.es, que l’on peut consulter en différentes langues.

    « Pour ces raisons, nous voulons créer un espace de confluence au sein duquel tous les mouvements, les personnes et les organisations qui s’opposent au modèle actuel d’Union européenne puissent discuter et élaborer un agenda commun d’actions, de projets et d’objectifs. Ceci dans le but principal de rompre avec le régime d’austérité de l’UE et de démocratiser radicalement les institutions européennes, en les mettant au service des citoyens », conclut l’appel.

    Les réseaux sociaux ont fait immédiatement écho au Plan B, dès sa présentation, par l’utilisation de mots-clics tels que #WeNeedAPlanB et du compte @PlanB_Europa, tandis que d’autres groupes et des particuliers ont adhéré au plan en le signant et en le faisant connaître.

    Nous reproduisons ici le manifeste du Plan B :

    Un Plan B pour l’Europe

    Appel pour construire un espace de convergence contre l’austérité et pour la construction d’une vraie démocratie.

    En juillet 2015 nous avons assisté à un coup d’État financier orchestré depuis l’Union européenne (UE) et ses institutions contre le gouvernement grec. Condamnant ainsi la population grecque à continuer à souffrir des politiques d’austérité qu’elle avait rejetée par deux fois dans les urnes. Ce coup d’État a intensifié le débat sur le pouvoir des institutions de l’UE, son incompatibilité avec la démocratie y son rôle de garante des droits élémentaires exigés par les européens.

    Nous savons qu’il existe des politiques alternatives à l’austérité. Des initiatives comme « Pour un Plan B en Europe » , « Austerexit » ou « DiEM25 (Democracy in Europe Movement 2025) » dénoncent le chantage exercé contre la Grèce au travers du troisième mémorandum. Ces initiatives dénoncent également l’échec économique que ce troisième mémorandum entraînera et le caractère antidémocratique de l’UE. Un caractère d’ailleurs reconnu par le propre président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a déclaré qu’ « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».

    Nous sommes aussi les témoins de l’absence de solidarité, parfois même de la xénophobie, des institutions européennes et des États membres face à l’arrivée de réfugiés originaires du Moyen-Orient et d’Afrique et devant le drame humanitaire que ces derniers vivent. Nous soulignons l’hypocrisie de l’UE en matière de droits de l’homme. L’UE est, de manière indirecte, au travers des ventes d’armes ou de ses politiques commerciales, un acteur clé des conflits qui ont provoqué les récentes crises humanitaires.

    Les politiques d’austérité initiées depuis le début de la crise il y a huit ans privatisent les biens communs et détruisent le droit du travail, alors qu’elles devraient faire face aux causes initiales de la crise comme la dérégulation du système financier et la prise de contrôle des institutions de l’UE par les entreprises au travers des grands lobbies et de la pratique des « portes tournantes ». L’UE promeut de fausses solutions en négociant dans la plus grande opacité et sans presque aucun contrôle démocratique, des traités commerciaux et d’investissements comme le TTIP/TAFTA, le CETA ou le TiSA, qui éliminent ce qu’ils considèrent comme des barrières au commerce : les droits et les normes qui protègent les citoyens, les travailleurs et l’environnement. C’est un coup porté contre nos démocraties et l’État de droit, particulièrement au travers des mécanismes de protection des investisseurs.

    L’actuelle UE est, de facto, gouvernée par une technocratie au service des intérêts d’une petite mais puissante minorité représentante des pouvoirs économique et financier. Tout ceci a provoqué, dans de nombreux pays en Europe, la résurgence des discours d’extrême-droite et des thèses xénophobes et nationalistes. Comme démocrates, nous avons la responsabilité de réagir devant cette menace et d’empêcher que les fascismes capitalisent sur la douleur et le mécontentement. D’ailleurs, les citoyens, ont malgré tout, fait preuve de solidarité envers les milliers de personnes réfugiées qui pâtissent de cette tragédie humanitaire.

    La société a déjà commencé à travailler en faveur d’un changement radical des politiques de l’UE. Les mobilisations sociales comme celles de Blockupy, de la campagne contre le TTIP/TAFTA, l’Alter Summit, la grève générale européenne de 2012, les Marches européennes ou l’important travail réalisé par les nombreuses plateformes citoyennes et ONG ont créé un précieux capital humain, intellectuel et idéologique pour la défense des droits de l’homme, le respect de la Terre et la dignité des personnes au-delà des intérêts politiques et économiques. Nous croyons cependant qu’une plus grande coordination et coopération des mobilisations au niveau européen sont nécessaires.

    Beaucoup de propositions sont sur la table pour en finir avec l’austérité : Une politique fiscale juste, la fermeture des paradis fiscaux, des systèmes d’échanges complémentaires, la remunicipalisation des services publics, la répartition égalitaire du travail y compris pour les personnes qui restent au foyer, un modèle de production basé sur les énergies renouvelables, la réforme ou l’abolition du pacte fiscal européen, en particulier du traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance dans le cadre de l’Union économique et monétaire. L’exemple grec nous a montré que pour faire face à l’actuelle conjoncture nous devons unir nos forces depuis tous les États membres et depuis toutes les sphères : politique, intellectuelle mais également depuis la société civile. Notre vision est solidaire et internationaliste.

    Pour ces raisons, nous voulons créer un espace de confluence au sein duquel tous les mouvements, les personnes et les organisations qui s’opposent au modèle actuel d’Union européenne puissent discuter et élaborer un agenda commun d’actions, de projets et d’objectifs. Ceci dans le but principal de rompre avec le régime d’austérité de l’UE et de démocratiser radicalement les institutions européennes, en les mettant au service des citoyens.

    Pour cela, nous convoquons une conférence européenne les 19, 20 et 21 février à Madrid et nous appelons publiquement à participer aux débats, groupes de travail et présentations qui s’organiseront.

    Plus d’information : www.planbeuropa.es