Alors que François Hollande représente la France ce week-end au Sommet des Nations Unies 2015 sur le Developpement Durable, et à l’occasion de la Journée internationale en faveur de l’abolition totale des armes nucléaire, ICAN France appelle le Président de la République à renforcer son action pour le développement durable en engageant la France en faveur de l’interdiction de ces armes !

70e session de l’Assemblée générale des Nations Unies

LETTRE OUVERTE À FRANÇOIS HOLLANDE

Monsieur le Président de la République,

Depuis sa première résolution en janvier 1946 sur « l’élimination des armes nucléaires et des armes de destruction massive », par l’Organisation des Nations Unies, notre planète est passée plusieurs fois à côté d’une catastrophe atomique, qui entraînerait la fin de notre société moderne. Monsieur le Président, vous vous battez pour éviter une catastrophe climatique, et allez soutenir ce week-end à New-York, de nouveaux objectifs ambitieux pour le développement durable afin d’améliorer la vie des populations  dans le monde. Mais tous vos efforts pourraient être réduit à néant par cette capacité nucléaire militaire que la France et huit autres États détiennent !

Dans quelques jours, vous représenterez la France à cette session historique de la 70e Assemblée générale des Nations Unies. Lors de votre discours à Istres le 19 janvier 2015, vous avez indiqué : « Je partage donc l’objectif, à terme, de l’élimination totale des armes nucléaires » et que « la France continuera d’agir sans relâche dans cette direction ». Vous avez là une occasion unique d’appeler les États à s’engager avec vous en faveur du désarmement nucléaire.

En effet, malgré une diminution massive du nombre d’armes nucléaires dans le monde, avec encore aujourd’hui 16 000 bombes atomiques, nous vivons toujours sous la menace de l’emploi volontaire ou accidentel de ces armes, comme au temps de la guerre froide. Une détonation nucléaire aujourd’hui, même dans le cadre d’un échange « limité » entre deux États, aurait des conséquences catastrophiques pour l’ensemble de la planète dans notre monde interdépendant, fragilisé par le réchauffement climatique et la répartition inégale des richesses.

En tant qu’État nucléaire, membre permanent du Conseil de sécurité, la France a le devoir particulier d’accélérer le processus général de désarmement nucléaire. La France doit agir prioritairement pour réduire pour toujours le risque posé par ces armes de destruction massive et non promouvoir leur légitimité sous le prétexte, comme vous l’avez indiqué à Istres, que « c’est ce qui nous permet d’avoir la capacité de vivre libre »… Un argumentaire qui est un non-sens à l’heure où la communauté internationale a multiplié les actions pour combattre la prolifération nucléaire.

L’arme atomique, qui est une arme indiscriminée par nature, est contraire au droit international humanitaire. La doctrine de dissuasion n’est rien d’autre qu’une nouvelle ligne Maginot. La croyance dans cette protection n’a d’autres conséquences que de multiplier les risques, les coûts économiques gigantesques, comme les coûts sur le crédit de notre diplomatie, et de renforcer la prolifération.

Les négociations avec l’Iran ont illustré les tensions liées à la prolifération des armes nucléaires et ont montré la force de la diplomatie. L’aboutissement de cet accord historique, qu’il faut à présent mettre en place, doit stimuler la volonté de chaque État d’en finir avec les armes nucléaires et non l’inverse. C’est aussi dans cette perspective que la France doit comprendre et rejoindre les 117 États qui se sont engagés à « identifier et à prendre des mesures efficaces pour combler le vide juridique pour l’interdiction et l’élimination des armes nucléaires ».

A l’ONU, vous allez inciter l’ensemble des pays à parvenir à un accord historique sur le climat qui devrait donner une chance à l’humanité de « contrôler » le réchauffement climatique en cours. Vous allez également soutenir ce week-end les nouveaux « Objectifs Programme 2030 sur le développement durable » qui seront adoptés par l’Assemblée Générale. Donnez aussi une chance à la communauté internationale de vivre sans cette épée de Damoclès nucléaire en proclamant votre volonté d’un monde sans armes nucléaires et en invitant les États à ouvrir les négociations. Pourquoi pas à Paris ?

Patrice Bouveret, Observatoire des Armements, membre du Comité de Pilotage d’ICAN France

Sylvie Brigot-Vilain, membre du Comité de Pilotage d’ICAN France

Jean-Marie Collin, PNND France, membre du Comité de Pilotage d’ICAN France

L’article original est accessible ici