Les 19 et 20 mars 2015, les premières FASHION TECH DAYS ont eu lieu à Roubaix organisées conjointement par le BUSINESS FASHION FORUM (Association des Innovateurs de Mode) et le CETI (Centre Européen des Textiles Innovants).

C’est d’ailleurs au CETI, un lieu dédié à l’innovation textile où l’on conçoit et expérimente les fibres de demain grâce à une plate-forme de recherche et développement, que l’évènement a été accueilli.

 

Que se passe-t-il quand technologie et mode s’associent ?

Pendant 2 jours, les innovations produit & process et les innovations commerce ont été passées en revue par les acteurs du secteur.

Le textile et la mode, comme les autres secteurs d’activités, se réinventent et s’adaptent aux évolutions de la société en se tournant vers la consommation responsable, l’économie circulaire et collaborative ainsi que la co-création et en s’interrogeant sur l’arrivée des objets connectés et la personnalisation des produits. Tentons de voir ce vers quoi nous nous dirigeons.

 

La filière textile s’aventure sur de nouveaux terrains.

Des outils de travail collaboratifs visant à parler le même langage et faciliter la communication entre les différents acteurs de la chaîne conception/production et de nouvelles méthodes de managements basées sur la co-construction et l’intelligence collective apparaissent dans les entreprises. Citons Happy Chic qui regroupe les enseignes de prêt-à-porter masculin Jules, Brice et Bizzbee et qui a mis en place une innovation managériale avec sa « Nursery des Possibles ». À l’intérieur de celle-ci les idées des collaborateurs sont entendues et discutées.

 

Les innovations se croisent avec un engagement pour le développement durable.

C’est dans l’air du temps depuis un moment déjà. L’importance de mesurer les impacts de la fabrication des produits sur l’environnement s’installe et une démarche globale se met en place.

Cela passe par concilier développement économique, équilibre écologique et attitude éthique avec une éco-fabrication, un éco-design et une éco-distribution.

Une fabrication de proximité ou un circuit court semblent être de plus en plus privilégiés.

La teinture est aussi concernée par l’écologie. Celle-ci, réputée polluante et grande consomatrice d’eau est un des enjeux auquel répond la technologie comme le DYECOO ou les procédés enzymatiques qui en baissant la température utilisent moins d’énergie.

Pour autant tout n’est pas simple, comme l’utilisation de colorants biosourcés pour teindre qui se heurte à un problème de durée de fixation.

Dans ce cas, c’est la façon de penser le produit qui doit changer et le raisonnement est d’intérêt : plus le produit est de bonne qualité et plus l’impact sur l’environnement est important car on utilise plus de teinture et de fixateur.

Dans la notion d’écoconception, on relativise l’impact du produit sur l’environnement en fonction de sa durée. Aujourd’hui, on teint tous les produits pour une durée longue, ce qui n’est pas nécessaire pour les produits à durée courte. Nous pouvons réfléchir différemment et nous poser la question de l’usage du produit. En fonction de celui-ci, la façon de teindre pourra être adaptée.

 

Le lin, fibre ancienne, naturelle et écologique est revisitée pour diversifier les produits.

On trouve maintenant du lin qui ne se froisse pas, ne se tâche pas et de la maille de lin plus souple et douce.

De plus, le lin s’ouvre de nouveaux marchés : le lin composite – terme utilisé quand il est associé avec des résines biosourcées – permet des utilisations inatendues comme des bijoux, des bagages ou des casques de vélo.

 

Au-delà des préoccupations environnementales, des questions concernant l’éthique se sont posées.

Les outils technologiques comme les textiles connectés qui permettent la traçabilité des produits mais aussi des personnes seront-elles utilisées en respectant des valeurs éthiques ? Dit autrement, les étiquettes avec des puces intelligentes posées sur les vêtements qui permettent de suivre le parcours du produit dès sa sortie de la chaine de fabrication jusqu’à son arrivée en boutique, sont-elles seulement destinées à cette fonction ?

En découle la question sur les réelles aspirations des consommateurs concernant les textiles techniques. La sécurité certainement, l’amusement ou la créativité surement, la “surveillance” probablement pas.

 

En marge des interventions et des tables rondes, un espace permettait de voir le rôle des créateurs dans les processus d’innovation.

Effets optiques, jeux de lumière, nouveaux tissages, mélanges étonnant et détonants, les designers textiles et créateurs de mode dont l’inventivité est sans limites, sont partie prenante de l’insertion de la technologie dans la matière.

Pour cela, ils collaborent avec des hackers, des spécialistes en électronique ou en biologie et évidemment utilisent la 3D.

Plusieurs projets étaient présentés et les visiteurs ont pu se promener dans « le fab’mob » pour observer et toucher les créations et les nouveaux produits :

un kimono musical, de nouvelles dentelles venues tout droit de Calais, une machine à tricoter hackée permettant d’infinies possibilités de motifs, une chemise anti-tache, une broderie QR code, l’AND du vêtement, etc….

Pas besoin de long discours, place aux images.

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