Les immigrants résidant dans la ville de São Paulo ne veulent pas uniquement travailler et vivre au Brésil, ils briguent leur reconnaissance en tant que citoyens et souhaitent être traités avec respect et dignité par les pouvoirs publics. Pour cette raison, le Forum Social pour les Droits de l’Homme et l’intégration des Migrants du Brésil se mobilise pour revendiquer le droit de vote des immigrants. Aujourd’hui, le Brésil, qui accueille près de 2 millions d’immigrants, est l’unique pays d’Amérique du Sud à ne pas reconnaître ce droit.

« Le vote accordé aux immigrants vivant au Brésil est important pour deux motifs. Le premier est qu’il contribuera à combattre l’invisibilité politique à laquelle ces personnes font face. Actuellement, les politiques ne divisent pas leurs besoins. Le second est le renforcement des politiques publiques orientées vers cette population », souligne Cleyton Borges, membre du Forum, lors d’une interview pour Adital.

L’organisme défend l’approbation de la PEC 347/2013, proposée par le député Carlos Zarattini (Parti des Travailleurs/São Paulo). Cette proposition d’amendement à la Constitution modifie la rédaction du second paragraphe de l’article 14 de la Constitution Fédérale, permettant ainsi aux étrangers résidant sur le territoire brésilien depuis plus de quatre ans et régularisés de rejoindre les électeurs.

Cleyton Borges explique que la PEC en est à ses balbutiements, mais rappelle que lorsqu’il y a une pression au Congrès, de telles décisions ne sont pas retardées et cheminent plus rapidement. « Nous devons saisir l’occasion, puisque le Brésil aborde le sujet lors des Conférences Nationale et Municipale [de Migration et de Refuge], et nous devons parler de ce sujet à la société et aux politiques ».

La population immigrante qui vit au Brésil exprime d’autres demandes, parmi lesquelles la création d’un secrétariat national agissant tel un ministère, la décentralisation des services publics et la garantie que les immigrés, quelle que soit leur condition (réfugiés, sans papiers), aient un accès élargi aux droits.

Le dimanche 30 mars, les immigrants résidant à San Pablo se sont mobilisés pour revendiquer leur droit de vote. Le Forum Social a préparé une journée entière de mobilisation politique et d’activités culturelles. Une collecte de signatures a été réalisée sur la Place des Arts, un centre culturel de São Paulo, pendant que les immigrants initiaient des présentations culturelles. La Campagne Permanente « Je vis ici, je vote ici » a été lancée par les Droits Politiques des Immigrants Résidant au Brésil.

La date de la mobilisation politico-culturelle n’a pas été choisie par hasard. La conquête la plus récente des immigrants dans la ville de São Paulo est le droit de se présenter au Conseil Participatif Municipal. Ces élections ont également eu lieu le 30 mars, à la Place des Arts. « Il s’agit de la première réussite en terme de participation politique officielle, elle est valide, c’est un exemple à suivre », juge Cleyton Borges.

Actuellement, le Brésil est le seul pays d’Amérique de Sud qui n’offre pas ce droit aux étrangers vivant sur le territoire. Au Paraguay, en Colombie, en Bolivie et au Pérou, les immigrants peuvent voter  lors des élections de districts et municipales. Au Chili et en Uruguay, ils peuvent également voter lors des élections présidentielles.

Traduction de l’espagnol : Jordana Do Rosário