Le 8 avril,  journée internationale des Roms, célèbre l’anniversaire de la fondation de l’Union Romani Internationale à Londres en 1971, date à laquelle les Roms se sont dotés d’un hymne et d’un drapeau. Cette journée importante pour la reconnaissance de leur culture et de leur histoire est aussi l’occasion de faire le point sur leur situation et de dénoncer les discriminations dont ils sont victimes dans toute l’Europe.

Marches et agressions haineuses en République Tchèques et en Grèce, harcèlement policier en France restent trop souvent impunis comme le pointe le dernier rapport d’Amnesty international « Roms en Europe : entre violences et discriminations »
En France, observateurs et associations ne cessent de souligner la continuité du discours, des pratiques discriminatoires et des stigmatisations dont les Roms font l’objet.

L’année 2014 est marquée en France par la levée des mesures transitoires tant réclamée : depuis le 1er janvier Bulgares et Roumains ont enfin le droit de travailler librement sans titre de séjour, comme tout autre ressortissant de la Communauté européenne.
Renaud Brissac dans un article intitulé « Le droit et les Roms : histoire d’une discrimination d’État » retrace comment ces mesures ont été instaurées et la violence juridique, institutionnelle, que subissent, en France et en Europe, ces populations.
Mais « En 2014, rien ne changera vraiment pour les Roms« , tant les préjugés sont tenaces… Une note du Gisti et de Romeurope « Fin de la période transitoire pour les Roumains et Bulgares. Quelles conséquences ? » clarifie les modifications que la fin de la période transitoire implique. Cette note souligne que cela ne signifie pas la fin des mesures discriminatoires et des dénis de droits dont les Roms sont victimes.

Évacuations des bidonvilles, expulsions du territoire souvent illégales, dénis de droits concernant la santé, la scolarisation, l’hébergement ou le logement… différents rapports le montrent, la situation va de mal en pis alors que les bilans pourtant concordent tous : cette politique est inefficace et inhumaine.

Les évacuations de Roms ont presque doublé en 2013 et atteignent des « niveaux intolérables, injustifiables, inutiles et coûteux » comme le dénoncent conjointement la Ligue des Droits de l’Homme et l’European Roma Rights Centre

L’heure est à la généralisation du racisme politique au plus haut niveau (Sarkozy, Valls…), avec des prises de position publiques et répétées qui alimentent un climat de montée permanente de la xénophobie et du racisme comme le stipule le Collectif National Droit de l’Homme Romeurope qui dénonce la stigmatisation d’Etat dans son rapport 2012-2013 « Harcèlement et stigmatisation : politiques et paroles publiques aggravent la précarité des habitants des bidonvilles »
A ce sujet, le sociologue Luc Boltanski dans une tribune initialement publiée par Médiapart en 2010 -au moment même où Nicolas Sarkozy stigmatisait les personnes étiquetées sous le nom de Roms-, décrypte l’effet du blasphème politique et souligne la perversité de cette nouvelle forme de propagande. Le site Contretemps reproduit cette tribune Nous ne débattrons pas de la « question Rom » qui n’a rien perdu de son actualité.
La continuité entre les politiques menées sous les présidences de Nicolas Sarkozy et de François Hollande, incarnée par la figure de Manuel Valls a également conduit La Bande Passante à diffuser de nouveau l’appel en faveur du soutien aux communautés roms « Roms : la commune humanité bafouée ».

Pour que les Roms deviennent des citoyens comme les autres, il est nécessaire de changer de regard comme le propose le Collectif Romeurope dans un livret pour déconstruire les idées reçues ancrées dans l’opinion publique sur ces ressortissants européens vivant en condition de grande précarité en France.
Certains journalistes aussi tentent de sortir de la répétition des lieux communs et des préjugés et s’attachent à montrer dans les « Médias : d’autres regards sur les Roms« .
Au niveau européen des initiatives positives existent comme les projets ROMACT de l’ »Alliance européenne des villes et des régions pour l’inclusion des Roms » et ROMED.

Des vœux pieux ? Dans une tribune à la “Une” du site Urba-Rom, Grégoire Cousin, Ludovic Lepeltier-kutasi, Olivier Legros, Martin Olivera, Tommaso Vitale, membres de Urba-Rom, Observatoire européen des politiques publiques en direction des Roms/tsiganes, ainsi que Ilsen About historien, Thomas Aguilera politologue et Bruno Cousin sociologue, exposent un autre enjeu de la « question Rom » : pour eux le racisme envers les Roms sert à évacuer les vrais questions économiques, sociales et politiques qui devraient traverser l’Europe d’aujourd’hui. Mais « la construction d’une Europe des droits sociaux (…) nécessiterait davantage de volonté politique ou tout simplement de courage de la part des institutions européennes et des États-Membres que de discourir sur les « Roms » ! ».

Source : ritimo