Par Sophie Chapelle

Enfin un outil pour recenser les luttes écologiques et les espaces de résistances ! Ejolt, un réseau d’organisations, d’universités et de laboratoires de recherche sur la justice environnementale, a rendu public le 19 mars un « Atlas mondial » qui détaille plus de 900 conflits environnementaux. Via cette cartographe interactive et participative, il est possible en un clic d’avoir un aperçu à l’échelle mondiale des conflits relatifs à l’énergie nucléaire, à l’eau, à la fracturation hydraulique, au foncier, à la biodiversité, aux hydrocarbures ou à la gestion des déchets. Une recherche sur les méga-projets peut être effectuée par pays, entreprise, produit (huile de palme, gaz naturel, uranium…) ou type de conflits (accès à la terre, déforestation, etc.).

Ce projet, financé par l’Union européenne, rassemble plus de 100 personnes issues de 23 universités et organismes de justice environnementale dans 18 pays, ainsi que des dizaines de collaborateurs indépendants. Pour le professeur Joan Martinez Alier de l’Université autonome de Barcelone qui a coordonné le projet, « cet Atlas montre comment les conflits écologiques se multiplient partout dans le monde, alimentés par des demandes matérielles issues principalement des classes riches et moyennes de la population mondiale ». Au total, plus de 2 000 entreprises et institutions financières sont impliquées dans ces projets controversés.

« Cette carte met en évidence des tendances inquiétantes, comme le fait que 80 % des cas étudiés entrainent une perte de moyens de subsistance », relève le réseau Ejolt dans un communiqué. De nombreux cas de répression politique et de persécution des militants sont aussi recensés. Cette base de données dresse également un éventail des batailles juridiques remportées et de projets annulés. « En ce sens, il est aussi un outil inspirant, précisent les membres du réseau. 17 % des cas recensés sont considérés comme des victoires en matière de justice environnementale ».

En France, seuls six projets qui suscitent l’opposition sont mis en lumière par l’infographie : le réacteur ITER à Cadarache (Bouches-du-Rhône), la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et l’Espagne, l’« Eco-Valley » à Nice, le centre de stockage profond des déchets nucléaires à Bure (Meuse), les travaux du futur stade de l’Olympique lyonnais et la nouvelle liaison routière Pau-Oloron. Rien n’est dit des batailles autour du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou de la ligne ferroviaire Lyon-Turin par exemple. « La carte n’est pas encore exhaustive ni représentative de tous les conflits environnementaux les plus emblématiques du monde » reconnait-on à Ejolt. Raison pour laquelle le réseau invite les chercheurs et organisations non-gouvernementales à contribuer à cette cartographie.

Cliquer sur la carte ci-dessous pour accéder à la base de données :

- La présentation du réseau Ejolt (Environmental Justice Organisations, Liabilities and Trade)

Source : http://www.bastamag.net/Des-chercheurs-et-des-militants