Salle de méditation – Parc d’Étude et de Réflexion du Parc de Punta de Vacas (Image de Rafael Edwards)

Depuis plusieurs années, au début du mois de janvier, un avant-poste isolé, situé sur les contreforts de l’Aconcagua (la plus haute montagne de la cordillère des Andes, non loin de la frontière entre l’Argentine et le Chili), est devenu le point de rencontre de personnes venant des coins les plus éloignés du monde. Malgré les différences de cultures et de langues, ces personnes parviennent à communiquer à un niveau profond. Ces visiteurs font le déplacement pour écouter le message de Silo. Ils sont les faiseurs d’une révolution, non violente. Une révolution de l’esprit, une révolution de la conscience, une révolution de la société aspirant à un monde où les droits et les possibilités soient les mêmes pour tous.

Dans une société déshumanisée et déshumanisante comme la nôtre, tout est fragmenté à l‘intérieur comme à l’extérieur de l’être humain, l’argent a plus d’importance que toute autre chose, l’amour et la pitié ne sont réservés qu’aux victimes du système économique et les souffrances des autres s’en retrouvent minimisées. Ces autres victimes se soumettent davantage. Les structures du néolibéralisme sont monstrueuses et abusives: les richesses et les ressources sont de plus en plus concentrées entre les mains de quelques-uns. À côté de tout cela, la bouffée d’air frais venant de Punta de Vacas paraît insignifiante.

Cependant, quelque chose d’important et de significatif croît dans les cœurs de ces nouveaux messagers d’une spiritualité selon laquelle ce qui est éternel n’est pas opposé à ce qui est terrestre. Les croyants ainsi que les non croyants pratiquent cette spiritualité, en se basant non pas sur un dogme  mais sur des expériences.  Y est de même proclamé le droit à l’interprétation libre – culturelle ou personnelle –  de toutes ces expériences.

Le paysage fantastique de Punta de Vacas nous invite à méditer encore plus. Il s’agit de se concentrer bien plus sur des questions importantes que les êtres humains se posent depuis des millénaires que sur les aspects de notre vie quotidienne. Qui suis-je ? Où vais-je ? Quelle est la signification de l’existence humaine ? Comment faire pour surmonter les peines et les souffrances, à l’intérieur et autour de nous ? Quel est le but de ma vie ?  Quelquefois, comme sous l’effet d’une brise caressante, nous trouvons la réponse à nos questions au plus profond de nous-mêmes, grâce à la coprésence où à l’affection que tant d’amis nous ont témoignée, que ce soit à Punta de Vacas où dans tout autre Parc d’Étude et de Réflexion (dans les Amériques, en Europe, en Asie et en Afrique).

L’expérience de la force est partagée au cours de simples cérémonies ou réveillée lors de méditations solitaires, avant que ces pèlerins, remplis d’énergie positive, ne retournent à leur vie quotidienne. Des images claires leur permettront aussi de travailler à l’avènement de sociétés humanisées. Oui, mes chers amis Jedi, la Force existe bel et bien ! Peut-être que l’on ne verra ni de vaisseaux spatiaux surgir des marais ni de sabres lumineux. Mais la Force contribuera certainement à ce que chacun de nous puisse mener une vie faisant abstraction des contradictions et favorisant la cohérence interne ainsi que la non-violence.

Que serait une société dans laquelle les gens n’éprouveraient aucune peur, parce qu’ils croient en quelque chose qui les transcende ? La manipulation de la peur est la plus importante composante d’un système violent : chacun se retrouve piégé dans le cercle vicieux de la discrimination, de la haine et des inégalités. La peur est le pire ennemi de la pitié (je me répète).  Le besoin impérieux – ainsi que le sentiment illusoire de satisfaction – d’inculquer la peur à nos pires ennemis est à l’origine de notre autodestruction. Le concept de libération signifie : libération pour moi, libération pour ceux que j’aime et libération pour mes « ennemis ».  Cette année, de nouveau, des gens ont fait le déplacement vers Punta de Vacas afin de franchir une étape supplémentaire dans ce processus de libération.

Les premiers hominidés ont dépassé leur peur du feu et – ce qui n’est pas le cas de tous les animaux –  sont allés vers ce feu pour le domestiquer, contribuant ainsi à l’apparition des matériaux céramiques et de la fusion des métaux, jusqu’à ce que de magnifiques vitraux de cathédrales soient fabriqués. À l’instar de ces premiers hominidés, ceux qui ont pris le chemin de la libération choisissent de ne pas avoir peur, non pas à l’aide des drogues ni de l’alcool, et ne rêvent pas non plus de devenir riches ou célèbres. Au contraire, ces personnes vont au devant de leurs peurs afin de les surmonter. Elles font aussi un pas vers leurs ennemis pour se réconcilier avec ces derniers, et réfléchissent à leurs propres contradictions pour trouver une vie d’unité intérieure. La révolution non-violente existe bel et bien, et ne peut que continuer grâce à cette nouvelle réunion internationale du message de Silo, dans ce petit avant-poste situé dans le Parc de Punta de Vacas.

Traduction de l’anglais : Yveline LE DON