Par Sally Burch (*)

Río de Janeiro, au Brésil, a été la scène du « Forum Science, Technologie, Innovation et l’Industrialisation en Amérique du Sud », organisé par le Secrétariat général de l’Union des Nations Sudaméricaines (Unasur) du 2 au 4 décembre, qui s’est terminé avec la proposition d’ « un nouveau paradigme de développement économique et social durable permettant d’élever la productivité du travail et de créer des mécanismes efficients de distribution de la richesse ».

Dans le cadre de ce forum, le « Enlace » des médias » a eu un échange en direct avec le Secrétaire général de cet organisme, Alí Rodríguez Araque, et l’universitaire brésilien Theotonio dos Santos qui a été mené depuis Quito par ALER et coordonné depuis Río de Janeiro par ALAI avec en plus la participation de la revue Question(Venezuela) et de l’Agence Pressenza (Chili).

En établissant que « le facteur scientifique et technologique est décisif non seulement pour dépasser les aspects de développement matériel, mais surtout en particulier le développement des hommes et femmes de notre région », Rodríguez Araque a souligné que l’événement s’inscrit dans l’établissement d’ une politique générale, non seulement dans ce domaine , mais aussi dans celui de la santé, l’environnement, la biodiversité et « beaucoup d’autres aspects qui sont traités aujourd’hui mais d’une manière séparée par chacun de nos pays, et même s’il y a des relations entre deux ou trois pays, pas encore comme un effort conjoint ».

En ce sens, le Forum a cherché « à articuler plusieurs éléments qui permettront l’avancée de la région dans son ensemble », a souligné Dos Santos. « Parmi ceux-ci, de façon indéniable se trouvent la science et la technologie, puisque le développement scientifique et technologique de la région est l’un des points cruciaux pour que nous puissions avoir une politique de développement qui atteigne toute la région et l’ensemble des secteurs sociaux… Beaucoup de notre vie quotidienne relève du développement scientifique et technologique, aussi si nous ne sommes pas capables de contrôler ce qui est une influence fondamentale dans le développement de la science et de la technologie et son application à notre réalité, nous ne pourrons pas proposer une profonde transformation de nos vies », a-t-il ajouté.

Quant au traitement lors de la réunion de la question de la propriété intellectuelle, le chercheur brésilien a indiqué qu’il fut abordé dans plusieurs discussions et fut considéré comme une question clef, puisque depuis les centres économiques on cherche « à empêcher que nous puissions développer de la connaissance. Et il n’y a pas de développement indépendant possible si nous permettons que se maintienne ce contrôle ». Il a noté en particulier que le nombre de brevets que nous avons est faible « et notre souci réellement est que ces brevets assurent que nous ayons le contrôle de ce que nous créons, puisque nous ne pouvons pas nous soumettre à une conception de brevets qui créent des monopoles pour de grands groupes économiques  ». Et il a établi une comparaison avec l’époque des pirates, quand « le gouvernement anglais a armé ses corsaires pour s’emparer des richesses que nous produisons ici », et que l’une de ces richesses est la connaissance.

Pour le Secrétaire général de l’Unasur, « l’un des aspects remarquables de l’échange que nous avons eu lors de cette réunion a précisément été celui de l’autonomie et en parallèle celui de l’appropriation de la connaissance. Le système de brevet a été l’outil le plus puissant dont ont disposé les pays dits avancés pour la privatisation de la connaissance scientifique et technologique. De manière que l’accès à cette connaissance, à cette technologie, implique le paiement de royalties, implique un prix pour pouvoir accéder à ces connaissances ».

Le deuxième aspect, a t-il souligné « est que pour l’installation d’équipements, pour la formation, et souvent pour la mise en œuvre des équipes nous dépendons aussi des grandes entreprises internationales. Le défi que nous nous sommes précisément posés est le développement d’une connaissance propre adaptée aux caractéristiques propres à la région. Je prends un seul exemple, l’Amazonie est le plus grand réservoir de ressources forestières du monde et de la dite biodiversité, c’est un réservoir d’eau aux proportions gigantesques, là nous avons, tous les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique Latine et des Caraïbes en général, un défi pour en premier lieu, connaître tout ce qui existe là, et en second lieu pour définir des politiques et des stratégies communes qui permettent de mettre au service de nos peuples ce réservoir gigantesque de ressources dont l’on dispose ».

« La conclusion est que tout que nous faisons est orienté vers une vision générale des ressources naturelles et le développement de politiques spécifiques pour chacun des aspects comprenant ce thème général des ressources naturelles. C’est ce que nous faisons ces jours-ci, ici à Río de Janeiro, et cela continuera avec des événements qui s’organiseront dans tous les pays d’Amérique du Sud, et seront orientés vers cette intention », a-t-il conclu.

(*) Audio disponible dans  : ALER

Documents en relation :

Traduit de l’espagnol pour El Correo par : Estelle et Carlos Debiasi.

Source en espagnol : Alai-Amlatina

Source : http://www.elcorreo.eu.org/Amerique-du-Sud-Pour-l-autonomie-et-l-appropriation-de-la-connaissance