La réforme des rythmes scolaires à l’école primaire est aujourd’hui source de débats et de controverses. Les joutes vont bon train, chacun arguant du bien fondé de son point de vue. Par contre, ils sont peu nombreux  à souligner que cette réforme prend sa source des évaluations PISA (Programme for International Student Assessment), de l’étude PIRLS, coordonnée par L’IEA (International Association for the Evaluation of Education Achievement) ainsi que des travaux de l’institut Montaigne.

L’évaluation PISA est organisée par l’OCDE dans 65 pays tous les 3 ans. Elle vise à tester le niveau en lecture, en mathématiques et en sciences des élèves de 15 ans.

Les évaluations réalisées entre 2000 à 2009, montrent que la France a perdu neuf points en compréhension et dix points en mathématiques, alors que la moyenne des pays de l’OCDE a grimpé. Selon Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, la France chuterait dans les tests Pisa 2012 dont les résultats devraient être publiés en décembre.

L’étude PIRLS vise, tous les cinq ans, à mesurer les performances en lecture des élèves à la fin de leur quatrième année de scolarité obligatoire (CM1 pour la France) dans 45 pays dont 23 pays européens. La dernière enquête a été menée en 2011. Selon les résultats, la France (520 points) n’arrive qu’en 29ème  position sur 45 pays dans les performances en lecture, en dessous de la moyenne européenne (534 points).

Sans rentrer dans les détails et la valeur scientifique de ces évaluations, il convient de noter l’orientation de ces études. Celle-ci est clairement spécifiée dans le rapport PISA de 2006[i]. Voici ce nous pouvons lire: « Les élèves situés au niveau le plus élevé de l’échelle de compétence PISA enrichiront vraisemblablement le réservoir de talents de leur pays. La proportion actuelle d’élèves à ce niveau peut aussi influer sur l’ampleur de la contribution des pays à la pépinière de travailleurs intellectuels de classe internationale qui serviront à l’économie mondiale.»

Le rôle de l’école serait de fournir des grands compétiteurs pour le rayonnement de la France dans le monde. La préoccupation sur la réussite des enfants à l’école primaire dépendrait donc plus de ces mauvais résultats que d’un véritable souci pour leur bien-être.

Face à ces mauvais résultats, il y a heureusement des gens qui étudient et proposent des idées pour réformer notre système éducatif afin que la France puisse avoir les élites qu’elle mérite. L’institut Montaigne, créé en  2000 par Claude Bébéar, est un think tank (« réservoir d’idées ») français qui œuvre à cette tâche. Cet institut très écouté, a même écrit une note intitulée contribution à la concertation sur l’école : priorité au primaire[ii]. Dans cette note, est publié un extrait du rapport Attali[iii] qui souligne que « l’acquisition de la confiance se fait pour les deux tiers de tous nos enfants, quels que soient la culture et le niveau social, lors des dix premiers mois, bien avant le début de la parole. (…) La prise en charge très tôt des enfants est par conséquent primordiale. Pour cela, il est fondamental de se donner des obligations de résultats en termes d’éveil des comportements pour les enfants dès la crèche ou la garde chez des assistantes maternelles».

La refondation de l’école lancée par Vincent Peillon en mars 2013 a donc pour objectif principal que la France puisse avoir un bataillon imposant « de travailleurs intellectuels de classe internationale qui serviront à l’économie mondiale.» Cet objectif est rarement explicité et est recouvert par des discours vantant le bienfait ou critiquant cette réforme mais toujours pour le bien-être des enfants.