La  sculpture « Non-violence » de Karl Fredrik Reutersward, est exposée de façon permanente à l’extérieur du siège de l’ONU, à New-York. (Photo ONU)

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Le 2 octobre est célébrée la journée internationale de la non-violence dans le monde. Suivre les phases du développement historique de la nonviolence nous conduit à de formidables manifestations de l’esprit humain. 

Tout commence avec Akhenaton, pharaon d’Égypte au XIV ème siècle avant J.-C qui affirma : « Si vous êtes habiles pour produire de la richesse, soyez généreux lorsque vous la partagez. L’homme ne peut être heureux que quand il apporte du bonheur à un autre ».

Jusqu’à Silo en 1969 qui déclara à son tour : « Porte la paix en toi et porte-la aux autres », et il réaffirma la règle d’or suivante : « Lorsque tu traites les autres comme tu aimerais qu’ils te traitent, tu te libères », il éclaira ainsi, une fois de plus, l’origine de la non-violence active.

C’est par l’intermédiaire de ces nombreux héros célèbres et anonymes ayant fait ce choix purement intentionnel que s’est établie cette philosophie, ce mode de vie, cette voie cohérente vers une existence transcendantale.

L’inspiration se présente sous différentes formes et tailles. Voici un extrait du poème La Mascarade de l’Anarchie (The Masque of Anarchy) écrit par le poète Percy Shelley :

« Écrit à l’occasion du massacre opéré par le gouvernement britannique sur le terrain de St Peter’s Field, à Manchester en 1819, Shelley commence son poème en employant des images fortes des formes d’injustices commises par les autorités de son époque « Dieu, le roi, et la loi » – Il imagine alors la montée d’une forme d’action sociale radicalement nouvelle : « Créons une grande assemblée basée sur le courage et la liberté ». Lors de ce rassemblement la foule est rejointe par des soldats armés, mais les manifestants ne brandissent pas les armes contre leurs assaillants :

« Tenez vous calmes et déterminés,

Telle une forêt dense et silencieuse,

Avec les bras croisés et des regards qui sont,

Des armes de guerre invincibles.

Et si alors les tyrans l’osent,

Laissez-les venir à vous,

Lacérer, poignarder, mutiler et  abattre,

Ce qu’ils aiment, laissez-les faire.

Avec les bras croisés et les yeux fixes,

Et avec peu de peur, et encore moins de surprise

Regardez-les comme ils tuent

Jusqu’à ce que leur rage s’éteigne

Puis ils s’en retourneront avec honte

À l’endroit d’où ils viennent,

Et le sang ainsi versé parlera

Sur leurs joues rouges et chaudes.

Se levant tels les Lions après avoir dormi

En nombre invincible,

Secouez vos chaînes sur la terre comme la rosée

Qui dans le sommeil est tombée sur vous

Vous êtes nombreux — ils sont peu nombreux ». (*)

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Percy Shelley donne des précisions sur les conséquences psychologiques de la violence provoquée par le pacifisme. Les soldats coupables déclare-t-il, s’en retourneront honteusement à la société, où « le sang ainsi versé parlera / Sur leurs joues rouges et chaudes ». Les femmes pointeront du doigt les assassins dans les rues, leurs anciens amis les éviteront, et les soldats respectables se détourneront de ceux responsables du massacre, « honteux de cette compagnie si indigne ». Une version a été reprise par Henry David Thoreau dans son essai intitulé La Désobéissance Civile (titre original : Civil Disobedience), et plus tard par Mohandas Karamchand Gandhi avec la doctrine du Satyagraha. La résistance passive de Gandhi a été influencée et inspirée par le principe de non-violence de Percy Shelley en signe de protestation et d’action politique. On sait que Gandhi citait souvent comme référence La Mascarade de l’anarchie de Percy Shelley à de vastes auditoires pendant la campagne pour une Inde libre. (Source : Wikipedia).

Martin Luther King, Aung, San Suu Kyi et beaucoup d’autres ont appliqué cette méthodologie à leurs propres luttes. Silo a proposé la révolution non violente de Gandhi, pas seulement pour  un conflit particulier, mais comme la méthodologie et l’objectif à suivre pour transformer à la fois le système dans lequel nous vivons et l’être humain.

Aujourd’hui, comme nous voyons avec tristesse les guerres et la violence se poursuivre, violence non seulement physique mais aussi violence d’ordre économique, religieuse, raciale, psychologique, écologique, sexuelle, morale,… Nous devons nous souvenir que personne ne naît violent, ou non violent d’ailleurs, et que la création d’un monde humanisé repose sur notre choix, à chaque étape du processus.

 

(*) Le poème de P. Shelley ainsi que le texte de l’article ont été traduits de l’anglais par Céline LE GALL