Par Jean-Marie Collin, “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales

Ce pays d’Amérique Centrale de 51 000 Km2, de moins de 5 millions d’habitants, est l’un des plus actifs sur la scène internationale pour parvenir à un monde sans armes nucléaires !

Originalité : Ce pays, peut se vanter d’avoir une belle démocratie grâce à une très grande stabilité politique, alors même que de nombreux soubresauts ont secoué tout au long des années 1970/1980 l’Amérique centrale (Honduras, Nicaragua, …).  Au lendemain de la guerre civile de 1948, José Figueres Ferrer (qui donna également le droit de vote aux femmes et aux noirs) décréta l’abolition de l’armée le 1er décembre 1948, puis cela fut inscrit dans la Constitution de 1949. L’abolition de l’armée fut souhaitée pour éviter toute tentative de renversement du pouvoir, mais surtout dans un but politique qui consistait à penser que le budget alloué aux militaires aurait une bien meilleure utilité pour le pays,  si celui-ci est utilisé pour payer des professeurs, ouvrir des hôpitaux, des universités, … et même une Université de la paix – UPeace – reconnue par l’ONU en 1980 !

La paix, sa marche : Oscar Arias fut par deux fois Président de ce pays (1986/90, puis 2006/2010). Il reçut le prix Nobel de la paix en 1987 pour son action qui permit de trouver une solution pacifique au conflit qui régnait en Amérique centrale, mettant un terme à la volonté américaine de “régner” sur cette zone, malgré le fort lobbying de Reagan. En 2007, il a cependant perdu une part de popularité en promouvant le Traité de Libre Commerce avec les Etats-Unis….

Arme diplomatique : Laura Chinchilla, élue en 2010 est la première femme Présidente de ce pays. Son aura nationale est loin d’être au top (prochaine élection en mai 2014), mais il est évident, qu’elle a souhaité continuer une politique diplomatique internationale très forte, instituée depuis plusieurs années (par exemple, le CR en 1997 proposa une Convention sur les armes nucléaires), un texte qui aujourd’hui est un document de travail à l’ONU et qui est soutenue par plus de 130 pays. Membre honoraire du réseau international des Parlementaires pour la Non prolifération Nucléaire et le Désarmement (PNND), elle accorde une grande attention et donne les pleins pouvoirs à sa diplomatie sur le sujet du désarmement et de la non prolifération nucléaires.

Ainsi, on retrouve les diplomates du CR aux premières loges des instances internationales que cela soit lors de la conférence intergouvernementale sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires ou dans le nouveau forum « Open-Ended-Working-Group – OEWG » qui est présidé par l’Ambassadeur du Costa Rica Manuel Dengo. Ce « groupe de travail à composition non limitée chargé d’élaborer des propositions visant à faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire, aux fins de l’avènement définitif d’un monde sans armes nucléaires”Cette nouvelle plateforme de discussion se situe entre la Conférence de Désarmement (bloqué depuis 17 ans) et les conférences du TNP. Elle ne fonctionne pas sur la règle du consensus (donc pas de blocage possible), ce qui laisse l’opportunité réelle au gouvernement et a la société civile (très impliquée) de discuter et d’élaborer une feuille de route pour un monde sans armes nucléaires. Ces conclusions vont êtres discutées lors de l’Assemblée générale des Nations unies en octobre prochain.

« Pura Vida » : Ce pays est sans aucun doute très visionnaire dans un grande nombre de politiques publiques : Plus de 50 % du territoire sont protégés dans le but de conserver une biodiversité intacte pour les générations futures, interdiction de la chasse, loi abolissant les zoos, promotion de la paix ….

Evidemment, cette vision pour un occidental, peut apparaître très ubuesque ; mais elle donne véritablement l’opportunité de réfléchir sur la façon dont les dirigeants politiques de nos pays gouvernent, non pas pour le futur, mais uniquement pour leur mandat.

Source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2013/08/27/costa-rica-pas-d%E2%80%99armee-mais-un-arsenal-diplomatique/