Par Soufiane Ben Farhat

La crise profonde des islamistes converge un peu partout dans le monde arabe et islamique. Depuis quelques mois, la courbe vicieuse est de mise.

Turquie, Syrie, Liban, Libye, Egypte et Tunisie offrent une illustration affligeante de la dégénérescence du référentiel politico-idéologique, voire dogmatique, islamiste.

Ici et là, les promesses d’il y a peu tournent casaque. La Turquie, pays aspirant à rejoindre le cercle privilégié du G8, découvre à ses dépens les contrecoups pervers de l’absence d’alternance politique. L’AKP est en effet au pouvoir depuis 2002, les élections périodiques se résumant désormais en un tour de passe-passe où le parti islamiste n’en finit pas de succéder à lui-même. Sa légitimité s’en retrouve écornée. Les émeutes du mois dernier dans près de 80 villes turques ont signifié le ras le bol des couches sociales moyennes et défavorisées. Là aussi, il s’agit de laissés-pour-compte d’un capitalisme nord-atlantique en crise. Il frappe indistinctement les économies profondément arrimées à la mondialisation.

Ailleurs, dans le monde arabe particulièrement, les situations oscillent entre le contre-modèle syro-libanais, la dérive libyenne et le supposé modèle tuniso-égyptien. En Syrie, les espoirs d’une révolution pacifique ont piqué dans les horreurs et la folie meurtrière d’un conflit armé particulièrement sanglant. Les franges islamistes les plus extrémistes du monde entier, Al Qaïda en prime, ont détourné le lit de la révolution de sa vocation civique initiale. Le spectre de la partition de la Syrie sur fond de guerres de religion et de confessionnalisme isolationniste menace sérieusement.

C’est devenu tellement effrayant que les pays occidentaux se sont ravisés d’armer l’opposition syrienne. Une option réclamée et déclamée à cor et à cri il y a quelques mois seulement.

L’attitude du Premier ministre britannique, David Cameron, est symptomatique à ce propos. Il refuse net désormais l’armement de l’opposition syrienne, pointant du doigt les intégristes soucieux d’établir un émirat salafiste au pays du Cham. Cameron se retrouve du coup dans le collimateur de l’opposition syrienne. Mais ses positions n’en sont pas moins largement partagées par une très grande partie des pays occidentaux, y compris les Etats-Unis d’Amérique.