Le tout premier débat de l’Assemblée générale sur le rôle de la justice pénale internationale dans la réconciliation, qui se déroule mercredi à New York, a été l’occasion pour son Président d’affirmer qu’elle contribue à mettre en lumière des atrocités passées, mais aussi à rapprocher d’anciens ennemis dans l’édification d’un avenir meilleur et davantage inclusif.

« La question fondamentale qui se pose est de savoir comment la justice pénale internationale peut aider à réconcilier d’anciens adversaires dans des sociétés post-conflit en transition », a estimé le Président de la 67ème session de l’Assemblée, Vuk Jeremić.

Au cours de deux dernières décennies, diverses juridictions pénales internationales ont été établies, avec le soutien des Nations Unies ou en coopération avec l’Organisation, afin de juger des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis dans divers pays.

Il s’agit du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), du Tribunal spécial pour la Sierra Leone, des Chambres extraordinaires des tribunaux cambodgiens, du Tribunal spécial pour le Liban et de la Cour pénale internationale (CPI), qui n’est pas spécifique à un pays.

Prenant également la parole lors de ce débat, le Secrétaire général Ban Ki-moon a souligné que le système de justice pénale internationale avait été lancé près de 50 ans après les Procès de Nuremberg contre les criminels de guerre nazis, « au lendemain d’actes horribles qui, par moments, ont convoqué les spectres de la Seconde Guerre Mondiale ».

« L’impunité pour les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le génocide et d’autres crimes internationaux n’est plus acceptable ni tolérable », a tranché le chef de l’ONU, notant que le système avait aussi permis de donner une voix aux victimes et aux témoins. « Là où, par le passé, ils auraient pu ne pas être entendus et souffrir en silence, ils disposent aujourd’hui d’une plateforme. »

A l’issue de son intervention, le Secrétaire général s’est entretenu avec des membres de « Mothers of Srebrenica and Zepa Enclaves » et de l’Association des victimes et témoins du génocide. Le massacre de Srebrenica, où 8.000 musulmans ont été exécutés par les forces serbes de Bosnie, reste le plus meurtrier perpétré sur le sol européen depuis la création des Nations Unies.

Insistant sur le thème de la réconciliation, M. Jeremić, qui est originaire de la Serbie, pays issu de la partition de l’ex-Yougoslavie, a déclaré : « La réconciliation est possible lorsque toutes les parties à un conflit sont prêtes à parler le langage de la vérité. Rendre hommage à toutes les victimes est au cœur de cette entreprise. C’est la raison pour laquelle il est si important de veiller à ce que les atrocités ne soient plus niées, ni bizarrement célébrées comme des triomphes nationaux. »

« La réconciliation est par définition une question d’avenir ; il s’agit de veiller à ce que nous ne permettions pas aux tragédies d’hier de remettre en cause notre capacité à nous rassembler et à œuvrer à un avenir meilleur et plus inclusif. »

Notant que le sujet était extrêmement sensible, il a reconnu la nécessité de prendre en considération des questions délicates comme celles de la souveraineté ou de l’impartialité.

« Mais je crois fermement qu’il ne devrait pas y avoir de sujets interdits à l’Assemblée générale. Dans quelle autre enceinte que celle-ci tous les États Membres peuvent-ils se réunir, à pied d’égalité, pour échanger leurs points de vue directement, ouvertement et de manière inclusive sur des sujets aussi importants ? », a-t-il lancé.

48 délégations sont inscrites sur la liste des orateurs à ce débat.