Si on nous vendait hier du chat pour du lièvre, aujourd’hui on nous vend du cheval pour de la vache. Savoir ce que nous mangeons est devenu quelque chose de plus en plus difficile. Le récent scandale alimentaire déclenché par la découverte de viande de cheval là où devait se trouver de la viande de vache le met clairement en évidence. Cannellonis « La Cocinera » ; hamburgers d’Eroski ; ravioli et tortellini de viande  Buitoni, boulettes d’Ikea ne sont que quelques uns des produits qui ont été retirés du marché. Il est clair que nous n’avons aucune idée de ce que nous portons à nos bouches.

L’Irlande et la Grande-Bretagne ont été les premiers à détecter le mois dernier de l’ADN de cheval dans des hamburgers étiquetés, théoriquement, comme contenant de la viande de bovin. Des supermarchés comme Tesco, Lidl et Aldi, et même le roi des hamburgers Burger King, se sont vu obligé de retirer ces produits de leurs établissements, tandis que chez nous (dans l’Etat espagnol, NDLR), le gouvernement niait l’existence du moindre cas similaire. Pourtant, quelques semaines plus tard, l’Organisation des Consommateurs et des Usagers (OCU) découvrait de la viande de cheval dans les hamburgers d’Eroski et AhorraMas.

Telle est la conséquence de la globalisation alimentaire, de la délocalisation de l’agriculture et des aliments baladeurs. Tôt ou tard, les conséquences de ces scandales arrivent aussi chez nous. Le Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement a du finalement reconnaître l’existence de viande chevaline dans des produits vendus comme viande de veau. Et des multinationales comme Nestlé, parmi d’autres, ont procédé au retrait des produits concernés.

En dépit du fait que la substitution d’une viande par une autre ne porte pas préjudice à notre santé, ces cas ont fait retentir les sonnettes d’alarme sur ce que nous mangeons et sur qui tirent les ficelles du système alimentaire. Une fois de plus, il est démontré comment les intérêts économiques d’une poignée d’entreprises de l’agro-industrie s’imposent au détriment des besoins alimentaires des personnes. Ainsi, si produire de la viande cheval revient meilleur marché pour eux, alors vous aurez du cheval dans votre assiette.

En outre, découvrir où à commencé cette fraude devient une mission impossible dans une chaîne agro-alimentaire dans laquelle, selon un rapport des Amis de la Terre, les produits alimentaires parcourent 5.000 Km en moyenne avant d’atterrir dans notre assiette. Un hamburger peut avoir été fait avec de la viande de dix mille vaches et passer par cinq pays différent avant d’arriver au supermarché. Où et quand s’est glissé le cheval ? L’Irlande a tout d’abord accusé l’Etat espagnol et ensuite la Pologne. Quand le cas a éclaté en France, la coupable était une entreprise du Luxembourg qui a, à son tour, signalé que la viande provenait de Roumanie. Et cette dernière a déclaré que la marchandise lui arrivait d’Hollande et Chypre. Impossible de connaître la réponse.

L’histoire de répète. Et à chaque fois que surgit un nouveau scandale nous assistons au même chassé-croisé d’accusations, d’alerte sociale, d’impossibilité de savoir l’origine et à des tonnes de nourriture jetée aux ordures. Ce fut le cas avec l’E. Coli et les concombres et bien avant avec les poulets à la dioxine, avec la vache folle, la peste porcine, et un long « etc. ». Et cela va se reproduire à nouveau. Car il s’agit de l’autre face d’un système alimentaire qu’on nous vend comme le meilleur possible mais qui, en réalité, ne fonctionne pas et est incapable de nous alimenter d’une manière saine, d’être transparent et d’en finir avec la faim dans le monde.

Ces scandales alimentaires sont le résultat d’un modèle productif délocalisé, kilométrique, pétro-dépendant, sans paysans, intensif et accro aux pesticides qui, fondamentalement, cherche à faire du profit avec une chose aussi indispensable que la nourriture. Même la grippe porcine et la grippe aviaire ont leur origine dans des fermes d’élevage intensif à grande échelle où les animaux sont entassés les uns sur les autres, supportent un traitement abusif et cruel, sont élevés avec de fortes doses d’antibiotiques et sont traités comme des marchandises.

Aujourd’hui, la chaîne alimentaire, qui place à un extrême le paysan/producteur et à l’autre le consommateur, s’est à tel point allongée qu’aucun des deux ne peut influer sur elle. Notre alimentation est dans les mains d’entreprises qui monopolisent chacun des maillons de la production, de la transformation et de la distribution des produits alimentaires, des semences jusqu’aux supermarchés, et qui imposent leurs règles du jeu. Et si notre droit à nous alimenter est dans les mains d’entreprises comme Cargill, Dupont, Syngenta, Monsanto, Kraft, Nestlé, Procter&Gamble, Mercadona, Alcampo, El Corte Inglés, Carrefour… il est clair que ce droit, comme le démontre la réalité, n’est pas garanti.

Nous n’avons qu’une alternative : nous réapproprier les politiques agricoles et alimentaires. En finir aussi avec la dictature des marchés dans la production alimentaire. Exiger ce que l’on nous nie trop souvent en tant que personnes et en tant que peuple : le droit de décider, la souveraineté, et dans ce cas ci la souveraineté alimentaire. Et redevenir à nouveau maîtres de notre agriculture et de notre alimentation.

Source : http://esthervivas.com/2013/03/01/sabemos-que-comemos/
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera .