Par Jean-Marie Collin, “Blog Défense et Géopolitique, Alternatives-Internationales

La situation est grave pour le sénateur Jean-Louis Carrère (PS) « la patrie est en danger, parce que sa défense l’est ». Des sous, pour la défense, des sous !

Mobilisation : Dans un mouvement assez rare de rassemblement (qu’il faut cependant relativiser) des sénateurs des principales forces politiques (PS, UMP, UDI, CRC, RDSE) ont tenu une conférence de presse ce mercredi 13 mars pour alerter les médias sur la nécessité – non pardon – sur l’obligation de « maintenir un effort minimal de défense de 1,5% du PIB ».

Budget de la défense : Actuellement, la part du budget de la défense dans le PIB de la France est de 1,56 % (soit 30 milliards d’euros). La crainte des sénateurs, est de voir celui-ci être ramené, d’ici 2025, à 1,15 voir 1,1 % du PIB, soit plus ou moins à 20 milliards d’euros. Une baisse inacceptable, qui serait pourtant envisagée par le ministère de la défense, sous le nom de code de “scénario Z”. Une précision, qui a son pesant en euros, ces futurs pourcentages s’entendent hors frais de pension et hors budget alloué à la gendarmerie.

Les groupes politiques du Sénat souhaitent que « l’effort de défense soit maintenu à un niveau qui permette de préserver la sécurité intérieure et extérieure de la France et sa capacité d’influence. Ce seuil, en deçà duquel il ne faut pas descendre, est de 1,5 % du PIB. » Si la LPM devait être en dessous de ce niveau, ces parlementaires pourraient réaliser un vote négatif….

Les craintes des sénateurs en cas de baisse de ce budget d’ici 2025 portent sur plusieurs points :

  • Cela « ne permettrait plus aux autorités de notre pays de maintenir le rôle de la France au niveau qui est le sien aujourd’hui ».
  • « L’influence de la France et sa capacité à défendre sa place, ses intérêts et ses ressortissants, connaîtrait un déclassement très significatif ».
  • « Sans défense, nous ne serons plus crédibles. Nous ne serons plus audibles. Nous ne serons plus écoutés ».
  • « La défense n’est pas une dépense publique comme une autre. De sa crédibilité dépend : notre sécurité, la place internationale de notre pays  et une partie de notre prospérité future ».

Lobbying : Alors que la remise du Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale (LBDSN) ne cesse d’être repoussée (originellement, il devait être remis fin 2012), les sénateurs tentent de faire pression sur l’Elysée. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls à s’inquiéter de la baisse des crédits. Les industriels de l’armement (leurs carnets de commande étant en liaison direct avec le budget de la défense), la CFDT (qui a une logique d’emploi…) et des militaires communiquent ainsi en rangs serrés.

Equipements : Mais quel programme d’équipement va donc se voir être réduit ? C’était bien là, la question la plus intéressante mais à laquelle les sénateurs n’ont apporté aucune réponse…. car ils n’en avaient pas l’intention : « Notre approche est essentiellement politique, mais elle pourrait bien évidemment être techniquement étayée. » Sauf qu’ils ne l’ont pas étayé, sans doute pour éviter toute polémique… Seule la sénatrice Mme Demessine, a émis clairement une proposition, celui de diminuer le budget de la dissuasion nucléaire, puisqu’elle est en faveur « d’un désarmement nucléaire progressif » !

Source : http://alternatives-economiques.fr/blogs/collin/2013/03/16/budget-de-la-defense-1-des-sous/