Meir Margalit est un conseiller municipal de Jérusalem qui représente le parti Meretz. Il est également un fondateur et un coordinateur de l’ICAHD : le Comité israélien contre la démolition de maisons (palestiniennes).

Dans une interview, il explique que des élections nationales prendront place en janvier, pendant lesquelles seuls les Israéliens voteront, et qu’elles seront suivies par des élections municipales en septembre, pendant lesquelles les Palestiniens de Jérusalem-Est pourront aussi voter. Ils ont cependant prévu de boycotter parce qu’y prendre part donnerait de la légitimité à l’occupation. L’idée serait d’inviter les Palestiniens de Jérusalem à voter pour Meretz. Il y a des candidats palestiniens sur la liste, mais le boycott n’aide pas. Le plan d’aménagement urbain est la responsabilité des hommes politiques du conseil municipal, s’il y avait des Palestiniens au sein de la commission d’urbanisme ils n’approuveraient pas les colonies. Le boycott des élections sert le projet de la droite.

Cependant, une question se pose : avec l’ONU qui reconnait officiellement que  Jérusalem-Est est un territoire occupé d’après la ligne verte de 1967, le point de vue pourrait-il changer ?

C’est possible. Le virage à droite observé est dû à de vieilles peurs, à des fantômes, à la panique, à la terreur et à la manipulation de la peur. L’Holocauste était en 1945. L’Etat d’Israël a été créée en 1948. Il est impossible de normaliser cette expérience traumatique rapidement, son ombre plane encore sur le pays, Ahmadinejad empêche d’oublier. Les solutions envisagées sont violentes : « l’Holocauste a eu lieu parce que notre pays était faible et que nous n’avions pas de grande armée pour nous défendre ». Lorsque vous avez un marteau dans les mains, tous les problèmes font figure de clous. Développer une attirance pour la puissance revient à avancer dans des marécages. La question est comment présenter au peuple une alternative humaniste et non-militariste. L’aide de nos ennemis est également requise ; le discours du Hamas est rempli de venin, « non négociable ». Mais de telles paroles ne sortent pas de nulle part.

 

Que signifie la résolution de l’ONU au sujet de la Palestine ?

Rien ne change à court terme, c’est symbolique, mais à long terme, cela inquiète. 138 pays reconnaissent l’Etat de Palestine, alors qu’ils sont moins d’une centaine pour Israël. Cela change la donne lors des négociations ; le monde reconnait les frontières de 1967. D’après la Convention de Rome, il est possible d’amener les Israéliens devant la Cour pénale internationale pour crimes de guerre mais personne ne sait si ce sera fait. En Palestine, l’idée de devenir un pays indépendant fait également peur.

La résolution de l’ONU permet à la Palestine d’avoir des ambassadeurs, et non plus uniquement des représentants. Mais elle renonce à la Palestine historique : en acceptant les frontières de 1967, elle reconnait qu’Israël détient 78 % du territoire original de la Palestine. Elle abandonne d’une certaine façon l’idée d’un retour éventuel. Il n’y a pas, ou peu, d’action.

Meir Margalit a écrit au conseillé juridique de la municipalité, afin de clarifier si la destruction de maisons est un crime de guerre selon la Convention de Rome et dans quelle mesure les employés municipaux impliqués sont complices. Le conseil judiciaire ne sait pas quoi dire : « Nous y réfléchissons ! ». Une copie a été envoyée aux inspecteurs municipaux. « Peut-être que les Palestiniens ne les dénonceront pas, mais si ma lettre donne lieu à des inquiétudes, ce sera déjà un pas en avant de fait ».

Netanyashu a parlé de construire des colonies dans un emplacement qui coupe à travers la Palestine (réduisant ainsi la possibilité d’un Etat indépendant) en représailles de la résolution de l’ONU, ce qui représente un casus belli (justification de guerre), mais ni les Etats-Unis, ni l’Europe ne souhaitent qu’il construise à cet endroit, préférant qu’il le fasse ailleurs. (C’est pourquoi il est si important que des Palestiniens soient élus comme représentants du conseil, pour pouvoir refuser le permis de construire.)

Le Ministre des Affaire Etrangères israélien a dit que l’Europe était aussi silencieuse que durant l’Holocauste. « Les Européens sont aussi antisémites qu’en 40 ». L’Europe a fourni un rapport critique, mais rien de concret. Le consensus engendre la paralysie ; le droit au veto empêche les actions concrètes. Plus d’un pays européen déclare ne pas avoir le droit de sanctionner Israël après ce qu’ils ont fait. Une nouvelle génération penserait-elle autrement ? Les Palestiniens manquent de temps : cela va mal finir. Si les gens se soucient vraiment d’Israël, ils devraient aider à mettre fin à l’occupation puisque l’existence d’Israël est justifiée par ses piliers éthiques et moraux, et que s’ils disparaissent, le pays s’écroulera car il n’aura plus lieu d’être. Ceci affecte les fondements de sa création ; une pente glissante conduisant dans un précipice.

Ce n’est pas un conflit local et chaque explosion envoie des éclats d’obus chaque fois un peu plus loin. Cristina F de Kirchner, Présidente d’Argentine, a reçu avec enthousiasme une délégation afin de d’aborder le sujet. Morsi lui a également demandé de s’impliquer dans la situation du Proche-Orient, transformant ainsi le quatuor en quintette avec le Mercosur. Mais pour l’instant, ce n’est que déclamatoire.

Il est essentiel que les observateurs d’Europe et d’Amérique latine s’impliquent dans la question des droits de l’Homme en Israël et en Palestine.

Beaucoup ne travaillent plus à la résolution du conflit mais en termes de « gestion » du conflit. « Il n’y a pas de solution, nous gérons cela du mieux que nous le pouvons », a déclaré Ehud Barak, « Nous n’avons pas de partenaire avec lequel négocier ». C’est devenu quelque chose que l’on prend pour acquis sans poser de question.

Quand on l’interroge sur le rôle du Qatar qui semble s’être impliqué depuis la dernière intensification du conflit, il répond que les Emirats craignent la révolution islamiste,  qu’ils cherchent à l’empêcher en investissant.

 

Propositions

Tandis que nous faisons face une montée de la violence, la proposition humaniste est que la droite finira par s’affaiblir, et que nous devrons être prêts lorsque cela arrivera. Une proposition similaire vient de la gauche, mais elle n’aborde pas la question de deux Etats ou d’un Etat binational. Fédération ou confédération ?

Le dénominateur commun est de mettre fin à l’occupation. La gauche a souffert de la crise économique. Il existe une coordination basique de mouvements juifs, mais toujours pas de printemps à l’horizon, nous sommes toujours en plein milieu de l’hiver. Nous avons besoin d’aide pour construire une équipe internationale, et nous avons besoin de donateurs.

A Jérusalem, 10 % de la population vote pour mon parti, Meretz, je me présente encore et également comme leader de mon parti. Les gens comprennent que nous sommes de bons serviteurs pour la population ; ceux qui ne votent pas pour nous profitent quand même des avantages.

La Diaspora palestinienne pourrait également influencer de manière positive.

 

Traduction de l’anglais : Constance Fleury