Livre ‘Les Arabes. Une Histoire’.   Par Eugene Rogan – publié aux Éditions Basic Books, 2009

Revu par Tony Henderson, Président, Association Humaniste de Hong Kong

Quel commencement ? Par quoi débuter ? M. Rogan, professeur d’université spécialiste des études sur le Moyen-Orient à Oxford, a choisi comme point de départ l’assassinat de l’ancien Premier Ministre libanais Rafiq Hariri en 2005 à Beyrouth.

C’est au fur et à mesure que se déroule le livre que le lecteur est emmené, avec un attentat à la bombe dans une voiture, au cœur des affaires du Moyen-Orient, à travers le Liban et la Syrie, puis l’Égypte, l’Algérie et enfin l’Irak en introduisant les Turcs Ottomans. Cela nous lance dans l’histoire et c’est parti !

Page 6, on nous explique que « l’histoire moderne arabe débute avec les conquêtes ottomanes de 1516-1517, pendant lesquelles une armée moderne possédant de la poudre à canon et des mousquets a battu une armée médiévale maniant l’épée ». Cette phrase m’a tout de suite transporté au Japon au temps de la Restauration Meiji et la défaite des samouraïs contre une armée moderne équipée d’armes à feu. Ou était-ce tout simplement le film Le Dernier Samouraï ?

Les grandes villes arabes étaient à l’époque Damas, Bagdad et le Caire. Sous les Ottomans, les Arabes étaient gérés depuis Istanbul. Tant que les impôts étaient payés, la règle était claire et les minorités non musulmanes pouvaient organiser leurs propres affaires, avec leurs propres chefs et leurs propres lois religieuses. Les Arabes étaient d’autres Musulmans au sein d’un grandiose empire musulman !

Alors que la chute de l’Empire Ottoman approche, en 1918, beaucoup d’Arabes et leurs provinces sont de moins en moins à l’aise et de plus en plus insatisfaits de la situation, qui est en fait subjugation et appels aux réformes et à l’indépendance. Ils voient qu’ils sont en retard dans un grand nombre d’aspects de la vie quotidienne.

« En 1919, avec la conférence de la paix de Paris, les Britanniques et les Français ont appliqué le système étatal moderne au monde Arabe », dit Rogan, « impliquant l’instauration d’une certaine forme de règles coloniales en Arabie du Centre et du Sud ».

D’autres déceptions ont fait suite à la Seconde Guerre Mondiale. Les promesses d’autodétermination pour les Arabes ont été étouffées. Cela me rappelle un autre moment épique filmé pour le public occidental sous l’apparence de T.E. Lawrence, Lawrence d’Arabie.

La Guerre Froide a mis en avant la puissance des Etats-Unis d’Amérique et de l’Union Soviétique. Et jusqu’en 1990, les Arabes se sont à nouveau vus contraints par des influences extérieures les manipulant pour obtenir leur fidélité, mais opposées fermement à leur autodétermination. C’est dans un effort d’atténuation qu’est né le mouvement des non-alignés. Cependant, chaque état arabe doit prendre position.

Comme M. Rogan l’a dit : « Ces états qui sont entrés dans la sphère d’influence soviétique se nomment eux-mêmes ‘progressifs ‘, mais ils étaient décrits en Occident comme des états arabes ‘radicaux’. Ce groupe inclut tous les pays arabes qui ont subi une révolution : Algérie, Libye, Égypte, Syrie, Iraq et le sud du Yémen. La Tunisie, le Liban et des monarchies conservatrices telles que le Maroc, la Jordanie, l’Arabie Saoudite et les Etats du Golfe : ces états arabes ont été aux côtés des Occidentaux et ont été qualifiés de ‘réactionnaires’ par les Arabes progressifs mais ont été considérés comme ‘modérés’ par les Occidentaux ».

La Guerre Froide prit fin en 1989 avec la chute du Mur de Berlin. Dans le monde arabe, le Koweït fut envahi par l’Irak en 1990. Les Nations Unies ont autorisé une guerre menée par les USA contre l’Irak. La puissance absolue des USA sur la scène internationale était démontrée. L’unilatéralisme des USA signifia après les attentats du 11 septembre 2001 que « …la guerre contre le terrorisme était lancée et concentrée sur le monde musulman, avec les Arabes comme premiers suspects. »

Il est hautement pertinent actuellement de regarder précisément ce qui constitue le monde Arabe. L’unique manière de le faire est de partir de l’histoire et d’observer la diversité qui constitue cette culture arabe, son éventail de musique et toute autre forme culturelle qui racontent des manières de vivre méritant qu’on y porte une plus grande attention.

Après tout, nous voulons trouver des solutions, cultiver une manière de voir les choses qui inclut et soutient tout ce qui est bon et valable.

De manière générale, les medias n’ont pas cherché à voir les aspects positifs des modes de vie arabes, et les critiques sont faciles étant donnée la forme hautement structurée des sociétés arabes. Mais ce qui a été ignoré ce sont ces périodes pendant lesquelles la culture Islamique a laissé en héritage des moments dorés, que dis-je, des époques…

Pour mon plaisir et ma culture personnelle, les Arabes ont attiré mon attention sur les Mamelouks et sur leur rôle dans l’établissement de « l’état Islamique le plus ancien et le plus puissant à l’époque, en 1250 ». On parle alors de l’Egypte, la Syrie et l’Arabie.

«  Ils étaient les derniers guerriers engagés dans des combats corps à corps et ils avaient maîtrisé les plus grandes armées du Moyen-Age » : Ils ont repoussé des hordes de Mongoles au-delà des terres arabes, et ont expulsé les derniers croisés chrétiens. L’armée moderne turque les a finalement dirigés. Le sultan Selim (le terrible) fut introduit.

Pour moi, c’est une excellente lecture.

 

Traduction de l’anglais : Frédérique Drouet