A la question du choix de parler des guerres, Laura Battaglia commence notre entretien par une boutade : mon nom de famille signifie «bataille», et c’est pourquoi je me fais un défi de combattre toutes les guerres !
Plus sérieusement, reprend-elle, je ne suis pas une activiste mais une journaliste. En tant que telle, couvrant la zone du Moyen-Orient, je me retrouve souvent dans des lieux de guerre. Je ressens le besoin d’y aller personnellement, de comprendre ce qui se passe avec la population, avec les gens, puis de revenir en Italie et de le partager.

Pour l’instant, Laura ne va pas en Syrie mais par contre, reçoit beaucoup d’informations, de rapports … et c’est très important pour elle de sélectionner ce qui lui arrive, souvent d’horizons fort différents, de réfléchir soigneusement avant toute publication.
Elle nous invite à lire « Circling the wagons on Syria », un excellent article de Fareed Zakaria paru dans le Times en anglais. Le journaliste y parle de « cauchemar humanitaire ».
ref : http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,2118300,00.html

Quant au futur de la Syrie, Laura n’est pas très optimiste : il y a deux scénarios possibles, d’après elle : soit il y a une guerre avec intervention extérieure -pour l’instant, les Russes mettent leur veto- soit il y a une guerre civile entre Syriens. De toute façon, la guerre est là et la situation est aujourd’hui pire qu’il y a une année.

Il y a bien eu la tentative de la mission de Kofi Annan qui, en 6 points, visait à arrêter la guerre. Le premier point étant l’arrêt des tirs entre les forces du gouvernement et celles des rebelles. Jusqu’à maintenant, personne ne le respecte.

C’est donc difficile d’imaginer une solution pacifique.
Pourtant, quelques groupes d’opposition veulent une solution de transition dans laquelle le pouvoir en place pourrait rester. Cependant, ils ne sont pas majoritaires.

Lorenzo explique à son tour que, pour aller vers une solution de paix, il faudrait la libération des activistes politiques et l’arrêt immédiat des tirs. La crise actuelle ne permet pas de revenir en arrière, mais le gouvernement va tomber, c’est certain et ce sera même peut-être de l’intérieur ! Il faut savoir que l’armée compte de nombreux déserteurs. Un coup d’état est possible. Si les forces d’opposition sortent gagnantes, on pourrait espérer un futur démocratique ; si ce sont les militaires de «l’armée syrienne libre», on ne sait pas.

Pour Laura, la solution commence par le démantèlement des services secrets. C’est terrible, explique-t-elle, lorsque tout le monde se méfie de tout le monde ; cela détruit les familles de savoir que l’un d’eux peut, à tout moment, dénoncer l’autre sous une pression quelconque. Il faut ensuite que la population puisse décider de ses élections. Ensuite, il faut arrêter de violer la charte des Droits de l’Homme dans le traitement des prisonniers.

Ma crainte, ajoute-t-elle, est que, comme en Lybie, la vengeance s’installe sur les familles, c’est-à-dire que lorsqu’un membre est arrêté et poursuivi, toute la famille se voit condamnée à porter le poids de la responsabilité.

Comment éviter le piège de la vengeance et permettre que les gens puissent croire en la paix ?

Voici probablement l’un des défis majeurs pour l’avenir.

Pour plus d’information : www.peacelink.it