Les Verts se sont alliés au Parti Socialiste, ce qui leur assurait une plus large représentation à l’Assemblée nationale, ignorant ainsi les postes qu’ils auraient pu gagner aux élections. Il était clair que tout se jouerait lors du second tour, il était donc
indispensable de conserver les alliances antérieures, puisque l’entre-deux-tours ne dure qu’une semaine. Cet accord ne prévoyait pas de prémisses écologiques, au contraire, même : il s’agissait d’une alliance de confort qui certifiait que
les Verts ne feraient pas pression sur les socialistes, une fois au pouvoir, avec des sujets tels que la protection environnementale ou la fermeture de centrales nucléaires, proposées pour 2024, sous prétexte que c’est la crise.

Reste à voir de quelle manière ils parviendront à associer la nécessaire relance de la croissance et du pays, et la baisse de la consommation d’électricité, préconisée par les écologistes. S’il est bien vrai que la mise en place de ressources
énergétiques non polluantes et respectueuses de l’environnement peut engendrer la création d’emplois et une relance économique.

**Shell**

Le 13 juin, Nicole Bricq, alors ministre de l’Écologie, a annoncé la suspension des forages exploratoires pétroliers qu’avait entrepris la multinationale Shell en Guyane. Ce qui pouvait s’imposer comme la preuve de la force de convictions
environnementales de la gauche française n’a duré que peu de temps. En effet, la semaine suivante, la ministre était écartée de ses fonctions et placée au Ministère du Commerce Extérieur et Delphine Batho, sa remplaçante, permettait
à la compagnie pétrolière la reprise de ses travaux.

Le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault a reçu toutes les critiques et les mécontentements de ses compagnons de parti et alliés, mais cela n’est pas la seule raison pour laquelle on critique le Premier Ministre.

À Notre-Dame-des-Landes, non loin de Nantes, la construction d’un aéroport est prévue malgré la forte résistance des citadins. Le 21 juin, une manifestation a été violemment réprimée par la gendarmerie. En dépit des grèves de la faim et
des rapports établissant l’impact que peut avoir cette construction, Jean-Marc Ayrault est l’un des plus fervents défenseurs du futur aéroport.

**Rio+20**

Le gouvernement français a pris position et défend celle des pays dominants de la scène mondiale. Le Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, s’est trahi lui-même en refusant d’allouer 25 % des fonds vers des mesures
agro-environnementales et l’agriculture biologique, proposition de la Commission européenne pour la Politique Agricole Commune (PAC).

Le Monde a qualifié ce geste de « décourageante marche en arrière pour le Parlement européen ». L’eurodéputé des verts, José Bové, a expliqué à la rédaction que « les propositions ne concernent pas l’agriculture industrielle et sont en
contradiction avec les initiatives que veut mettre en place le Sommet de Rio ».

**Armes nucléaires**

Il ne s’agit pas seulement d’énergie nucléaire, les revendications concernent également l’arme la plus destructrice qui ait été conçue par l’homme : la bombe atomique. En ce sens, une grève de la faim collective a été menée par Jean-Marie
Matagne, président de l’association Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN). Lequel s’est présenté le 25 juin au rendez-vous convenu au Palais de l’Éysée, qui a finalement été annulé sans notification préalable. La
police a été généreuse en coups pour inciter les jeûneurs à retourner à Saintes sans avoir atteint leur objectif de rencontrer le président.

Les proches des victimes des violences policières, qui ont fait 12 morts depuis le début de l’année par excès de zèle des forces de l’ordre, n’ont pas non plus été reçus. Parmi leurs revendications figure l’abandon des armes interdites dans
d’autres pays européens mais autorisées sur le territoire français, comme le flash ball ou les pistolets à impulsion électrique, communément appelés Taser. Sans oublier la clé d’étranglement, dont l’usage est condamné par la Cour
Européenne des Droits de l’Homme.

**Le livre de la campagne**

Pour compenser le mécontentement provoqué par le nouveau président – n’oublions pas qu’il a accédé au pouvoir par l’exaspération du peuple français à l’égard de Nicolas Sarkozy, et non grâce à ses propositions – Les Éditions du
Cherche Midi ont publié * »François Hollande Président »*. Emmanuelle Anizon, dans un numéro de Télérama de fin juin, le décrit comme un roman-photo et se demande si l’auteur, Valérie Trierweiler, présentée comme journaliste, peut
réellement être considérée comme telle. Certaines légendes illustrent parfaitement ce doute : *« Oui, l’homme que j’aime a eu une femme avant moi. Et il se trouve qu’elle a été candidate à l’élection présidentielle. Je fais avec »*,
dit-elle. Ou encore : *« Cette foule est impressionnante. Il l’est, lui aussi »*, lorsque le portrait représente l’actuel président. Et, concluant avec un portrait du couple : *« Sitôt le score connu, nous nous isolons quelques minutes l’un avec
l’autre. Il me prend dans ses bras, à l’abri des regards. Je pleure. Il rit. Tous les deux d’émotion »*.

Les 133 pages du livre rendent hommage à l’épopée du candidat à la présidentielle et « le montrent tel un homme concentré sur le futur, avec un regard de chef-d’État-qui-connaît-le-poids-des-responsabilités-qui-l’attendent ».

Le candidat froid, pragmatique, avec une faible expérience de gestion apparaît comme un homme épris, vivant le parfait idylle et disposé à tout par passion.

Pour le moment, la campagne qui a aidé le PS à gagner largement les élections législatives abondait en fausses vérités et en promesses intenables.

*(Traduction de l’espagnol : Jordana Do Rosário)*