Le président du Mouvement Populaire Contre l’Energie Nucléaire (People’s Movement Against Nuclear Energy, PMANE), M. Pushparayan, signale que c’est la quatrième grève de la faim à Idinthakarai. Il a établi une liste de quatorze grévistes du village de Idinthakarai, la plupart âgés d’une vingtaine d’années; un de Koodankulam; huit de Kuthenkazhi; et un de Kooduthazhai.
Ils réclament ce qui suit :

1. La constitution d’un comité national indépendant et transparent sur l’hydrologie, la géologie, l’océanographie et la sismologie de la région

2. La conduite d’exercices de gestion de catastrophes et d’évacuation partout dans un rayon de 30 km de la centrale KKNPP, conformes aux normes internationales

3. La divulgation de copies des accords intergouvernementaux secrets entre l’Inde et la Russie en 2008 sur la responsabilité nucléaire

4. Des informations pertinentes sur les déchets nucléaires de KKNPP et leur gestion

5. L’adoption d’une résolution de l’assemblée ou du gouvernement selon laquelle aucune eau douce ne sera consacrée à KKNPP, ni du barrage de Petchippaarai, ni du fleuve Tamirabarani

6. Le respect des droits démocratiques du peuple de s’opposer pacifiquement et sans violence à KKNPP.

Un cas très récent et triste fut la destruction des biens d’une école, après des appels téléphoniques visant à intimider et des messages au Dr. S.P. Udayakumar (Kumar pour ses amis), depuis longtemps leader dans la résistance pacifique à l’énergie nucléaire en Inde.

Le gouvernement indien a menacé de l’inculper pour terrorisme et pour « mener une guerre » en raison de son rôle de direction d’un mouvement citoyen non-violent contre la mise en service des réacteurs nucléaires, presque terminés, de Kudankulam.

Dans une lettre à des amis, il déclare : “Cette nuit l’officier de police chargé de la sécurité de notre école préparatoire SACCER en dehors de la ville de Nagercoil, a reçu un appel téléphonique du bureau de la police du district de Kanyakumari pour qu’il s’éloigne de l’école. Ensuite un groupe de vandales, manifestement avec la bénédiction de la police, a pénétré dans l’école et l’a gravement endommagé. L’enceinte a été détruite et la porte endommagée. Ils ont ravagé le bus scolaire après avoir arraché les volets de fer du garage. Ils ont pénétré dans les classes du jardin d’enfants et détruit toutes les petites chaises sur lesquelles mes enfants prenaient place. Ils ont brisé tables et chaises et je ne comprends pas pourquoi ils s’en sont pris ainsi à mes petits enfants. Les vandales sont entrés dans la bibliothèque scolaire et ont détruit chacun des 12 rayonnages en verre puis jeté les livres. Mes 250 enfants sont tous de grands lecteurs et utilisent intensément la bibliothèque. Cela me rappelle l’incendie de la bibliothèque publique de Jaffna quelques années plus tôt…”

Historique du conflit : l’utilisateur indien de centrales nucléaires Nuclear Power Corporation of India Limited (NPCIl) construit la KNPP à Kudankulam dans le district Tirunelveli au Tamil Nadu. Les travaux de ce projet ont été stoppés l’année dernière après que les villageois des environs, craignant pour leurs vies en cas d’accident nucléaire – en particulier après Fukushima – ont organisé une forte manifestation.

Le gouvernement du Tamil Nadu avait auparavant adopté une résolution demandant au gouvernement central de suspendre les travaux pour apaiser les craintes des habitants. Pour résoudre la question, les gouvernements central et de l’Etat ont mis au point des panels d’enquête. Le panel central a soumis son rapport final en janvier, favorable au projet. Le comité d’experts du gouvernement du Tamil Nadu était aussi favorable au projet. En mars de cette année, le gouvernement de l’Etat a donné le feu vert, relançant le projet et annonça un budget supplémentaire de 5 milliards de roupies pour l’infrastructure de cette zone. Les travaux à KNPP ont repris avec la protection de la police, de fausses accusations et des emprisonnements.