Des communiqués du Comité de lutte du Mouvement Populaire Contre l’Energie Nucléaire (MPCEN) indiquent que beaucoup d’hommes sont très fatigués et souffrent d’épuisement et de nausées. Certaines femmes ont de violents maux de tête et d’autres sont déshydratées à cause de la chaleur caniculaire estivale. Ils ont besoin d’aide médicale urgente.

Le Tahsildar (gouverneur du comté) de Radhapuram nous a contactés hier (5 mai) pour nous dire qu’il envoyait une équipe médicale afin de vérifier l’état de santé des grévistes de la faim. Personne n’est venu jusqu’à présent et nous avons recontacté le gouverneur ce matin.

Les gens du mouvement ont lutté ces derniers 9 mois de façon patiente, pacifique et non violente. Ils n’ont fait de tort à personne, n’ont blessé ni tué personne, n’ont pas détérioré de biens publics ou privés. Aucun incident fâcheux ne s’est produit. Mais ni le gouvernement central ni le gouvernement de la province n’ont essayé de rencontrer les gens du mouvement de façon démocratique. Ils n’ont jamais écouté leurs opinions, idées, sentiments et points de vue à propos du projet nucléaire de Koodankulam.

Même actuellement, au lieu de parler aux gens, les autorités nous mettent en garde contre une évolution violente de notre mouvement. Nous ne savons pas s’ils complotent contre nous. Le monde entier sait (ou devrait savoir) que les gens du mouvement ont lutté de façon non violente pendant les neuf derniers mois.

Quand les Maoistes kidnappent des Membres de l’Assemblée Législative ou des élus du district et se livrent à des actes de violence comme des attaques de commissariats de police et des meurtres, les gouvernements nomment des médiateurs à haut niveau, parlent aux Maoistes dans leurs repaires et exécutent leurs moindres souhaits. Mais quand les gens du mouvement luttent de façon pacifique et non violente, les gouvernements, les autorités, les politiciens, les scientifiques et même certains médias en faveur du gouvernement font la sourde oreille.

Les gens du mouvement, démunis et désespérés, en appellent à la société civile indienne et à la communauté internationale pour venir à leur secours étant donné que les hommes et les femmes s’affaiblissent et se fatiguent. Nous restons ouverts au dialogue avec les officiels du gouvernement mais nous demandons un accord écrit avec un plan d’action précis et des délais bien définis.

7 mai 2012
Le 6 mai à 15h, le Comité de lutte, les seniors de la communauté, les femmes et les jeunes se sont réunis dans la salle du Comité près de l’église Ste Lourdes à Idinthakarai. Après de longues délibérations et discussions, nous avons décidé de rendre toutes nos cartes d’électeur le 8 mai 2012, en guise de protestation contre l’attitude inhumaine du gouvernement indien et du gouvernement du Tamil Nadu. Nous ne voulons pas voter pour des politiciens et des partis égoïstes, conventionnels et inhumains s’ils ne sont pas capables de respecter la vie des grévistes de la faim et les intérêts des gens du mouvement. Nous avons l’intention de rendre les cartes au Radhapuram Tahsildar (gouverneur du comté).

Nous demandons à tous nos sympathisants du Tamil Nadu et du reste de l’Inde de rendre leur carte d’électeur au gouverneur local et d’exprimer leur opposition aux gouvernements et de montrer leur solidarité avec notre campagne. Les Indiens de l’étranger peuvent rendre leur carte d’électeur dans les ambassades indiennes dans leurs pays respectifs.

Les derniers développements comportent une séance de presse à 15h aujourd’hui 8 mai :

1. Le Mouvement Populaire Contre l’Energie Nucléaire : nous comptons montrer les cahiers de signatures de tous les villageois des environs qui s’opposent au PNK
2. Les gens donnent leur carte d’électeur à remettre au Radhapuram Tahsildar
3. Nous annonçons la campagne « Respectez l’inde ».

« Respectez l’Inde » est un appel similaire à « Lâchez l’Inde » lancé avec ferveur le 8 mai à Idinthakarai par les citoyens indiens ordinaires.

« Lâchez l’Inde » était un mouvement de désobéissance civile initié en réponse au discours « lâchez l’Inde » de Mahatma Gandhi le 8 août 1942 au Gowalia Tank Maidan à Bombay. L’appel de Gandhi à la résistance déterminée mais passive apparaissait dans son appel « Do or Die ».

L’inde se trouve aujourd’hui dans une situation similaire à « Do or Die » où la souveraineté, l’indépendance, la liberté, les ressources naturelles, les moyens de subsistance des pauvres, leur droit à la vie et l’avenir même du pays courent un danger imminent. La classe dominante et leur institutions se préoccupent des riches et des puissants au détriment des pauvres et des sans grade. Le respect pour la vie et la dignité des Indiens ordinaires n’existe pas. De même que les combattants de la liberté ont demandé aux dirigeants coloniaux de « lâcher l’Inde », nous, les combattants du Mouvement Populaire Contre l’Energie Nucléaire demandons à la classe dirigeante corrompue en Inde de « respecter l’Inde », respecter la vie des citoyens indiens, leurs droits et prérogatives.

La société indienne a un cruel besoin de quelque chose comme la philosophie personnelle d’Albert Schweitzer de « respect de la vie » (Ehrfurcht vor dem Leben). Il a affirmé avec raison que la civilisation occidentale (que Gandhi appelait « une bonne idée ») se délitait parce qu’elle avait abandonné l’affirmation et le respect de la vie comme fondement éthique. Alors que beaucoup d’Occidentaux remettent en question leur ordre établi et leur système de valeurs, les dirigeants indiens imitent sottement les mêmes valeurs consuméristes, hédonistes et les valeurs de la mondialisation, amenant notre pays à deux doigts de la mort et de la destruction.

Pour donner un exemple, la plupart des pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et le Japon sortent du nucléaire et ferment leurs sites de production. Mais les dirigeants indiens projettent d’ouvrir des parcs nucléaires géants sur les sites côtiers suivants, sans donner toute l’information aux habitants et sans obtenir leur consentement :

1. Koodankulam, Tirunelveli District, Tamil Nadu (russe);
2. Kalpakkam, Kanchipuram District, Tamil Nadu (indien);
3. Kovvada, Srikakulam District, Andhra Pradesh (américain);
4. Haripur, Purba Medinipur District, West Bengal (russe);
5. Jaitapur, Ratnagiri District, Maharashtra (français); and
6. Mithi Virdi, Bhavnagar District, Gujarat (américain).

D’autres sites nucléaires sont prévus à Odisha, Madhya Pradesh, Haryana et ailleurs. A la suite de la folie nucléaire de notre classe dirigeante, notre pays, l’eau, l’air, la mer et la vie marine, les fruits de mer et la sécurité alimentaire seront gâchés et empoisonnés.

Aujourd’hui en Inde, le pouvoir et l’arrogance sont devenus le pinacle de la vie politique, le matérialisme et l’exploitation sont devenus les fondements de la vie économique, et la discrimination et la haine sont devenus les caractéristiques de la vie sociale. Le succès signifie désormais être riche et égoïste. Si vous êtes petit, doux et lent (plutôt que démesuré, fort et rapide), vous êtes un perdant. Et vous méritez votre destin de pauvreté et de misère, la marginalisation et l’exploitation.

Le pillage des ressources nationales par la classe politique sans cœur, l’exploitation obsessionnelle des ressources naturelles par la classe capitaliste, l’exploitation impitoyable des pauvres et des opprimés par les castes supérieures et l’immoralité omniprésente ont conduit la plupart des Indiens au désespoir. En conséquence, nos agriculteurs se suicident dans tous le pays, nos aborigènes fuient leur forêt, nos jeunes rejoignent les rangs de groupes extrémistes, nos hommes sont pris par la drogue et l’alcool, nos femmes se résignent à leur sort et nos enfants n’ont pas de santé ni d’espoir.

Il y a aujourd’hui deux Indes : l’Inde riche et puissante dont la vie est censée être importante et précieuse ; et l’Inde pauvre et sans grade dont la vie est condamnée à être insignifiante et négligeable. Les sales Indiens ordinaires sont obligés de sacrifier leur vie pour les grands Indiens extraordinaires.

Si nous croyons en Satya, Swaraj and Sarvodaya, nous devons relever le défi et changer la situation de notre pays. La vie en Inde doit devenir précieuse et indispensable, peu importe qui on est et quel est son rang sur la pyramide socio-économique nationale. « Respecter l’Inde », c’est respecter chaque vie indienne. Respecter la vie indienne, c’est la placer au-dessus et avant toute chose telle que les élections, la sécurité énergétique, le PIB, les multinationales, la liste Forbes etc.

Le plan d’action de « Respectez l’Inde » doit comprendre :

• Assurer immédiatement les besoins de base de tous les Indiens

• Assurer l’eau potable à tous les Indiens du territoire

• Assurer une nutrition adéquate à toutes les mères et à tous les enfants d’Inde

• Apporter la dignité à tous les Indiens grâce à des sanitaires, commodités publiques, soins de santé et assurance

• Mettre en œuvre la réforme foncière partout en Inde et protéger les agriculteurs et l’agriculture

• Protéger les intérêts des aborigènes, petits pêcheurs, des Intouchables et autres minorités

• Eviter les projets de « développement » qui détruisent les ressources des gens et leur moyens d’existence

• Mettre en œuvre des projets décentralisés et durables en faveur des gens, de la nature et de l’avenir.

Lorsque les gouvernements central et provincial respecteront la vie en Inde et les points ci-dessus, notre peuple commencera à respecter la vie en Inde et le reste du monde fera de même. Alors, « respectez l’Inde ».

Le Comité de lutte du Mouvement Populaire Contre l’Energie Nucléaire (MPCEN).

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Koodankulam

Merci de prendre contact avec les fonctionnaires suivants pour demander justice pour les gens du mouvement :

[1] Dr. R. Selvaraj, District Collector, Tirunelveli District, Tirunelveli. Phone: 91-462-2500828; Fax: 91-462-2500224; Mobile: 91-9444185000; Email: collrtnv@nic.in
[2] Mr. V. Varadharaju; Phone: 91-462-2568031; Mobile: 91-9840970530; Email: digtinrg@yahoo.co.in
[3] Chief Minister of Tamil Nadu, Fort St. George, Chennai 600 009, India; Phones: 91-44-25672345 (W); 91-44-25670215 (H); Faxes: 91-44-28133510; 25676929; 25671441; 28130787; Email: cmcell@tn.gov.in; cmcell@tn.nic.in
[4] Mr. Debendranath Sarangi, Chief Secretary; Phone: 91-44-25671555; Fax: 91-44-25672304; Email: cs@tn.gov.in
[5] Dr. Sheela Priya, Additional Chief Secretary; Phone: 91-44-25674234; Fax: 91-44-25675163. Email: cmcell@tn.gov.in

Nous avons donné priorité aux demandes suivantes aux autorités :

[1] Le travail en cours sur le site nucléaire de Koodankulam (PNK) doit cesser et les actions suivantes doivent être immédiates.

[2] Comme la Commission Centrale de l’Information (CIC) en a donné instruction au Département de l’Énergie Atomique (DAE) et à la Corporation de l’Energie Nucléaire d’Inde Ltd. (NPCIL), le rapport d’analyse de la sécurité et le rapport d’évaluation du site doivent être diffusés immédiatement au public. Et le rapport complet et définitif de l’audit de la sécurité post-Fukushima doit aussi être diffusé à la presse et au public.

[3] un rapport d’évaluation de l’impact environnemental nouveau et complet doit être commandé étant donné que celui que la DAE a diffusé après 23 années de lutte est incomplet, erroné et dépassé. Les traductions en Tamoul et Malayalam du nouveau rapport doivent être partagées avec les habitants locaux et la presse du Tamil Nadu et du Kerala.

[4] les opinions et préférences des gens affectés par le projet doivent être entendues par une autorité compétente de manière ouverte, transparente et démocratique afin de comprendre les peurs et les inquiétudes des gens.

[5] un comité national indépendant doit être constitué pour étudier les questions de géologie, hydrologie, océanographie et sismologie soulevées par le projet nucléaire Koodankulam.
[6] une formation à la gestion des catastrophes et des exercices d’évacuation doivent être menés dans un rayon de 30-km de Koodankulam et au-delà dans tout le Tamil Nadu et l’Inde, au vu du récent tremblement de terre.

[7] une Résolution de l’Assemblée de l’Etat du Tamil Nadu doit être votée pour que les eaux du barrage de Pechipparai dans le district Kanyakumari et les eaux de la rivière Tamirabharani des districts Tirunelveli et Thoothukudi ne soient pas utilisées pour les réacteurs PNK.

[8] une copie de l’accord inter-gouvernemental (IGA) sur la responsabilité signé secrètement par l’Inde et la Russie doit être rendue disponible au public affecté par le projet.

[9] une information complète et honnête doit être donnée aux habitants et aux citoyens indiens au sujet des déchets nucléaires qui seraient produits sur le site de Koodankulam et au sujet de leur gestion.

[10] toutes les fausses accusations contre les membres du Comité de lutte et les gens ordinaires doivent être retirées immédiatement et inconditionnellement. Nos amis qui languissent encore en prison, Muhilan et Sathishkumar, doivent être libérés immédiatement.

[11] le droit des habitants de protester de façon pacifique et non violente contre PNK et autres questions apparentées doit être respecté et doit être honoré. Et plus aucune fausse accusation ou autres tentatives d’intimidation ne devraient être dirigées contre les gens qui luttent.

Le Mouvement Populaire Contre l’Énergie Nucléaire